« Nous ne pouvons pas accepter l’anarchie », dit Netanyahu à la Knesset
Le Premier ministre a condamné les émeutes à Huwara lors d'une session au parlement qui a été boycottée par Otzma Yehudit et par Yahadout HaTorah

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré pendant un discours en séance plénière que son gouvernement ne tolérera pas « l’anarchie », vingt-quatre heures après que des partisans extrémistes du mouvement pro-implantation ont saccagé la ville palestinienne de Huwara, incendiant habitations et voitures.
« Je le dis avec ferveur et avec passion, l’anarchie n’a pas sa place ici et nous ne l’accepterons pas », a dit Netanyahu. « Nous n’accepterons pas une réalité où des gens… mettent le feu à des habitations, où ils brûlent des voitures, où ils font intentionnellement du mal à des innocents. C’est très exactement ce que nos ennemis veulent voir : Ils veulent nous voir perdre le contrôle et entrer dans un cycle sans fin de sang, de feu et de fumée ».
Dimanche dans la soirée, un groupe de partisans extrémistes du mouvement pro-implantation est entré dans la ville palestinienne de Huwara après que deux frères israéliens, Hallel et Yagel Yaniv, ont été abattus dans un attentat terroriste. Les vandales ont incendié des maisons et des véhicules ce qui semble avoir été le pire déchaînement de violences de la part de résidents d’implantations depuis des décennies.
Le ministère de la Santé palestinien a expliqué qu’un homme avait été tué par des tirs israéliens pendant les émeutes survenues à Zatara, au sud de Huwara, et aux abords de l’implantation de Kfar Tapuah.
Pendant son discours, lundi, Netanyahu n’a pas cité directement la ville de Huwara et il n’a pas attribué la responsabilité des échauffourées violentes à un groupe spécifique. Plusieurs membres de sa coalition ont refusé de condamner l’incident.
“Hallel et Yagel, Dieu vengera leurs morts et nous les vengerons également », a indiqué lundi le Premier ministre. « Et quand je dis ‘nous’, je parle uniquement des forces de défense de l’État d’Israël – de l’armée israélienne et des forces de sécurité. Elles savent comment faire et elles le font ».

Netanyahu a ensuite cité Esti Yaniv, la mère des deux enfants tués dans un attentat, qui a appelé à l’unité entre les Israéliens dans le sillage de l’attaque, en disant : « Nous sommes frères ; nous aimons ce pays, nous aimons l’armée et nous voulons tous vivre dans la sécurité ».
Le Premier ministre a dit aux membres de la Knesset que « je sais qu’une majorité décisive de citoyens israéliens sont d’accord avec ces paroles émouvantes ».
S’adressant « aux opposants et aux partisans » de son plan de refonte judiciaire controversé, Netanyahu a déclaré que « nous n’avons qu’un seul foyer, nous n’avons qu’un seul pays, il n’y a qu’un seul moyen de calmer l’incendie et c’est une chose simple : il faut commencer à dialoguer ».
Netanyahu a appelé les membres de l’opposition et de la coalition à « entrer dans une pièce et à commencer à parler. Je suis convaincu qu’avec de la bonne volonté, nous pouvons trouver des accords. Écoutons le cri lancé par la mère de ces enfants, Esti Yaniv, qui nous appelle du plus profond de son âme à nous rassembler et à parler ».

Netanyahu s’est exprimé lundi durant un débat spécial appelé « 40 signatures » à la Knesset, qui peut être organisé une fois par mois par l’opposition et qui exige la présence du Premier ministre.
Une session particulière qui a été boycottée par le parti d’extrême-droite de la coalition Otzma Yehudit et par la formation ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah.
Un porte-parole du Likud s’en est pris au ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, et à sa faction Otzma Yehudit pour ne pas avoir assisté à la séance, estimant que leur absence était « un acte irresponsable contre un gouvernement de droite. Quand il y a un vote de la gauche contre un gouvernement de droite, tout le monde doit être présent ».
Si la session s’est terminée par un vote en plénière sur le positionnement exprimé par le Premier ministre, ce vote – et la discussion toute entière – ont été symboliques. La session s’est achevée avec 55 votes de soutien à Netanyahu et 53 « Contre » le Premier ministre.
En réponse, des sources d’Otzma Yehudit ont expliqué que « la seule action irresponsable » à incriminer était le renoncement politique de Netanyahu face au terrorisme qui, ont-elles ajouté, nécessite une riposte.
Annonçant son initiative de boycott, le parti a accusé Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant de « tolérance » à l’égard du terrorisme palestinien, ajoutant que les deux hommes définissaient leurs politiques sans coordination avec Otzma Yehudit.
« Il est inacceptable pour nous d’apprendre l’existence de sommets diplomatiques et d’accords auprès des médias, qu’on puisse décider de manière indépendante de desceller les maisons des terroristes, et il est inacceptable que les résidents d’Evyatar soient évacués en violation des accords de coalition, ce qui est contraire à une politique de droite », a dit la formation, faisant référence à la promesse faite par Israël de stopper les nouveaux projets d’implantation pendant un sommet à Aqaba où les Israéliens ont rencontré les responsables de l’Autorité palestinienne, selon un communiqué qui a été émis après ces échanges entre les deux parties dans la journée de dimanche.

Après les condamnations des membres d’Otzma Yehudit et de Hatzionout HaDatit, un autre parti d’extrême-droite, Netanyahu a rapidement démenti tout gel des constructions de l’autre côté de la Ligne verte. Le communiqué a également fait référence aux forces de sécurité qui ont évacuer l’avant-poste illégal d’Evyatar, lundi matin, après que des centaines de partisans du mouvement pro-implantation y ont passé la nuit, jurant de revenir sur le site en réponse au meurtre des deux frères israéliens qui avait eu lieu la veille.
Ben Gvir, qui a d’importants antécédents judiciaires en matière d’extrémisme de droite, a pris la parole après douze heures de silence, lundi, sur les événements de Huwara, disant que « nous ne devons pas nous faire justice nous-mêmes. C’est le gouvernement d’Israël qui doit s’attaquer au terrorisme, ce ne sont pas les citoyens ».
Yahadout HaTorah a déclaré pour sa part que son absence à cette session était motivée « par le manque d’accords de coalition qui ont été honorés ». Le parti serait mécontent que tous les financements qui avaient été promis aux institutions haredim n’aient pas été obtenus.
Pour sa part, Benny Gantz, le leader de HaMahane HaMamlahti, s’en est vivement pris à Netanyahu pendant son discours en plénière.
« Vous vendez la sécurité de notre pays pour des raisons politiques », a accusé Gantz. « Vous avez établi un gouvernement avec des personnes irresponsables, sans foi ni loi, qui mettent le feu à la nation… Alors qu’il y avait déjà des vapeurs de gaz, vous avez autorisé l’étincelle qui a mis le feu à Huwara ».

Dans son propre discours pendant la session, le leader de l’opposition Yair Lapid a critiqué l’appel au dialogue lancé par Netanyahu sur la refonte judiciaire.
« Combien de fois allez-vous répéter que vous voulez le dialogue ? », a dit Lapid, soulignant le rythme effréné de l’avancée au parlement des projets de loi de réforme. « Stoppez cette législation folle. Faites une pause. Nous irons devant le président ».
Dans son allocution, Lapid a déclaré que « des milices terroristes composées de résidents d’implantation extrémistes mènent des attaques de représailles à Huwara mais au sein de la Commission de la Constitution, du droit et de la Justice, à la Knesset – vous ne vous arrêterez pas une minute ».
Lapid a sommé Netanyahu de « remettre de l’ordre dans votre gouvernement », ajoutant : « Renvoyez ces fous des postes où ils ont du pouvoir. Et le plus important : Cessez de nous diviser. Nous reformerons un seul peuple ».
L’équipe du Times of Israel a contribué à la rédaction de cet article.