Israël en guerre - Jour 368

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Des manifestants bloquent les maisons d’élus en amont des manifestations à Jérusalem

Les législateurs se préparent à soumettre au vote la clause sur le contrôle du choix des juges, pour franchir un premier obstacle majeur à la Knesset

Des Israéliens agitent des drapeaux nationaux lors d'une manifestation contre les plans du nouveau gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à remanier le système judiciaire, devant la Knesset, le parlement israélien, à Jérusalem, lundi 13 février 2023. (Crédit : Ohad Zwigenberg/AP)
Des Israéliens agitent des drapeaux nationaux lors d'une manifestation contre les plans du nouveau gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à remanier le système judiciaire, devant la Knesset, le parlement israélien, à Jérusalem, lundi 13 février 2023. (Crédit : Ohad Zwigenberg/AP)

Des milliers de manifestants convergent lundi vers le Parlement israélien à Jérusalem pour protester contre un projet de réforme de la justice qu’ils estiment dangereux pour la démocratie, avant un vote sur une partie de cette loi prévu dans la soirée.

Certains manifestants ont bloqué le domicile de plusieurs membres de la Knesset tôt lundi, avant que ne débute une journée de manifestations importantes contre les plans du gouvernement visant à modifier radicalement le système judiciaire israélien.

Presque deux mois de querelles furieuses entre les partisans et les opposants de la réforme pourraient atteindre leur paroxysme lundi, alors que les législateurs se préparent à faire passer un élément clé du texte de loi controversé, à savoir donner à la coalition le contrôle du choix des juges, pour franchir un premier obstacle majeur à la Knesset.

Préparant le terrain pour une bataille royale virtuelle, les organisateurs de la manifestation ont déclaré que lundi serait une « journée nationale de lutte », appelant à un grand rassemblement devant la Knesset, à des marches dans différentes villes et à d’autres actions qui, espèrent-ils, porteront l’opposition au gouvernement à un niveau supérieur.

Des dizaines de manifestants ont bloqué l’entrée du domicile du député HaTzionout HaDatit, Simcha Rothman, chef de la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset et l’un des principaux architectes du plan.

Les manifestants, des vétérans de Tsahal appartenant au groupe des « Frères d’Armes », ont tenté de bloquer sa voiture pour l’empêcher de se rendre à la Knesset.

Les manifestants ont également bloqué le domicile de Tali Gotliv, député du Likud, qui a été l’un des plus ardents défenseurs de la réforme, ainsi que celui de Yoav Kisch, ministre de l’Éducation.

Cette tentative de blocage a été fermement critiquée tant par le Premier ministre Benjamin Netanyahu que par son prédécesseur et désormais chef de l’opposition, Yaïr Lapid.

« Quand des manifestants tentent d’empêcher des élus de venir voter à la Knesset, ce n’est pas une protestation légitime », a déclaré M.Netanyahu.

« Ce n’est pas notre manière d’agir, ce n’est pas le moyen légal de protester », a déclaré M. Lapid.

La police a annoncé l’arrestation de huit activistes ayant tenté de bloquer dans la matinée l’entrée du domicile d’un élu ou des routes.

Vers midi , ils étaient plusieurs centaines rassemblés à proximité de la Knesset et des milliers d’autres venus souvent de loin convergent vers le point de ralliement avec des drapeaux israéliens, selon des journalistes de l’AFP sur place.

Les accès au Parlement sont interdits à la foule par un déploiement policier, et les organisateurs ont déployé des bannières comme « Ministre du crime » ou « Marre des corrompus », alors qu’un mouvement appelle à abattre « les murs de la dictature ».

Les manifestants scandent des slogans tels que « Israël n’est pas une dictature! » ou encore « Démocratie égale dialogue ».

Des milliers d’Israéliens tiennent des pancartes et agitent le drapeau israélien alors qu’ils marchent dans les rues de Tel Aviv, pour protester contre le remaniement judiciaire prévu par le gouvernement israélien, le 20 février 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/FLASH90)

« L’Etat est en danger », a déclaré à l’AFP Dvir Bar, manifestant de 45 ans venu de Holon dans le centre d’Israël.

Le projet de réforme de la justice annoncé début janvier par le gouvernement mobilise une forte partie de l’opinion publique contre lui.

Ce projet « est une tentative de coup d’Etat visant à transformer Israël en dictature », estime M. Bar.

A Tel-Aviv, des manifestations ont lieu tous les samedi soirs, rassemblant des dizaines de milliers de protestataires – signe d’une mobilisation massive à l’échelle de la taille du pays – dénonçant en bloc ce projet mais aussi la politique générale du gouvernement, formé en décembre par Benjamin Netanyahu (droite) avec l’aide de partis d’extrême droite et de formations ultra-orthodoxes juives.

Le 13 février déjà, une manifestation monstre avait eu lieu devant le Parlement alors que la Commission des lois commençait l’examen d’une partie des articles de la loi.

« Aucune limitation »

Le projet du gouvernement comprend l’introduction d’une clause « dérogatoire » permettant au Parlement d’annuler à la majorité simple certaines décisions de la Cour suprême.

La réforme propose également des changements dans le processus de nomination des juges de la Cour suprême et la réduction des pouvoirs des conseillers juridiques au sein des ministères.

Pour M. Netanyahu et son ministre de la justice Yariv Levin, le projet de loi est nécessaire pour rétablir un rapport de force équilibré entre les élus et la Cour suprême, que le Premier ministre et ses alliés jugent politisée.

Selon ses détracteurs, la réforme, en visant à réduire l’influence du pouvoir judiciaire au profit du pouvoir politique, met en péril le caractère démocratique de l’Etat d’Israël.

« Sans surveillance de la justice, le gouvernement peut prendre toutes les décisions politiques qu’il veut sans aucune limitation », dénonce Kovi Skier, manifestant de 33 ans venu de Givat Shmuel, dans le centre d’Israël.

« Il pourrait prendre des mesures contre les femmes, contre les Arabes, contre les religieux […] Tout le monde sera affecté », ajoute-t-il, sa fille dans les bras.

Dimanche soir, le président israélien Isaac Herzog – qui joue un rôle essentiellement protocolaire – a fait part de ses inquiétudes sur « ce qui arrive à la société israélienne ».

« Divisions et fissures » 

« Nous sommes face à une épreuve cruciale. Je vois les divisions et fissures entre nous, qui deviennent de plus en plus profondes et douloureuses », a-t-il dit.

Dans le nord de Tel-Aviv, quelque 4 000 parents d’élèves du primaire ont manifesté avec leurs enfants, rejoints par des membres du corps enseignants.

Des voix de droite se sont également élevées contre la mise en place de cette réforme, notamment l’ancien chef du Shin Beth (sécurité intérieure) Yoram Cohen qui a déclaré lundi sur la radio militaire qu’il était « impossible de changer la nature de l’Etat sur le plan judiciaire sans un accord large ».

L’AFP a contribué à cet article.

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