Oren Hazan condamné à des travaux d’intérêt général pour une agression en 2014
L'ex-député, habitué des controverses, se dit victime d'une vendetta, mais la juge dénonce des faits de "harcèlement" et "une infraction"
L’ancien député du Likud Oren Hazan a été condamné à 100 heures de travaux d’intérêt général lundi après un arrangement judiciaire lui permettant d’échapper à une peine plus lourde dans le cadre d’une agression datant de 2014, alors qu’il avait physiquement et verbalement agressé un employé municipal dans la ville d’Ariel, en Cisjordanie.
Hazan a été mis en examen en 2017 pour agression sur un agent de la fonction publique et pour infraction dans un espace public alors qu’il criait et injuriait le fonctionnaire. Il l’aurait attrapé et jeté contre la rambarde, à la suite d’un différend présumé autour d’une dette.
Selon l’acte d’accusation, la mère de Hazan a vu son compte en banque gelé pour ne pas avoir payé les taxes foncières depuis huit ans pour un restaurant appartenant à la famille à Ariel. Le député serait alors allé à la mairie afin de trouver la personne responsable du gel du compte.
Le fonctionnaire se serait enfui et serait entré dans une salle de conférence où Hazan, qui le suivait, les a enfermés et aurait dit « personne ne sort d’ici », selon l’acte d’accusation.
Il serait alors entré dans le bureau du maire, hurlant et injuriant, refusant de partir, et aurait menacé de « s’occuper de lui », de faire en sorte qu’il ne reste pas à son poste de maire.
La juge Eliana Danieli a déclaré que les actions d’Oren Hazan relevaient du « harcèlement et constituent une infraction », ajoutant que « l’accusé ne s’était pas gêné d’attaquer [l’employé] en dépit de la présence d’autres personnes ».
Pour sa part, l’intéressé a décrit la négociation de peine comme une vendetta contre lui, affirmant au journal Ynet qu’il n’y avait eu aucune condamnation « après cinq ans de poursuites incessantes » par les procureurs « pour me faire tomber ».
Décrivant l’incident comme une « fiction », l’ancien élu Likud a suggéré que le procureur de l’Etat fasse « de l’introspection » et « évite de poursuivre des élus ».
« Laissez-nous faire notre travail et arrêtez de nous terroriser », a-t-il demandé.
Il ne s’agit pas de la première fois qu’il fait face à des démêlés avec la justice. Après son élection en 2015, la Deuxième chaîne rapportait que le député avait embauché des prostituées pour ses amis et pris des amphétamines alors qu’il dirigeait un casino en Bulgarie en 2013. Il a poursuivi le journaliste Amit Segal pour diffamation, mais la Cour a rejeté sa plainte, objectant que le reportage représentait un « journalisme responsable, sérieux et reflétait la réalité telle qu’elle est ».
Son mandat a été ponctué de scandales, et en janvier 2018, il a été le premier député de la Knesset de l’histoire de l’Etat d’Israël à recevoir une interdiction de six mois de toute activité parlementaire après une série d’incidents au cours desquels il a insulté ses collègues députés.
Cela ne l’a pas empêché de recourir à une rhétorique incendiaire. En novembre 2018, il a qualifié le député handicapé du Meretz, Ilan Gilon, de « moitié d’humain ». Le mois suivant, il a déclaré que la députée d’opposition d’origine éthiopienne, Pnina Tamano-Shata, était une « immigrante de compagnie » lors d’une réunion du comité de la Knesset.
Il a également été accusé, plus d’une fois, d’inciter à la violence. En octobre dernier, le parlementaire Hilik Bar, issu de la faction d’opposition de l’Union sioniste, a porté plainte auprès de la police et de la commission d’Éthique de la Knesset après que Hazan a publié sur les réseaux sociaux la photo du directeur de B’Tselem, Hagai El-Ad, éminent militant des droits humains avec la mention « Recherché mort ou vif ».
En mars, le député arabe Jamal Zahalk a appelé la police à l’inculper pour incitation à la violence après qu’il a diffusé une vidéo de campagne dans laquelle on le voit ouvrir le feu et abattre le député arabe Jamal Zahalka.
En mai 2017, Hazan a enfreint le protocole en prenant un selfie avec le président américain, Donald Trump, pendant la cérémonie d’accueil à l’aéroport Ben Gurion.
Aux primaires du Likud, avant les élections d’avril, Hazan n’a pas obtenu une place lui permettant d’accéder à la Knesset. Il a donc quitté le Likud et formé son propre parti, qui n’a reçu que 0,06 % des suffrages au scrutin d’avril et n’a pas intégré le Parlement.