Otzma Yehudit menace à nouveau de quitter le gouvernement
Netanyahu, cherchant à apaiser ses partenaires d'extrême-droite, pourrait faire avancer un projet de loi bloqué qui prévoit la peine de mort pour les terroristes palestiniens
Le parti d’extrême-droite Otzma Yehudit a, une nouvelle fois, menacé de quitter la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu vendredi dernier, alors que le conflit concernant son influence sur la politique s’intensifie.
« Nous n’avons aucune raison de rester dans ce gouvernement si nous ne pouvons pas influencer sa politique », a déclaré le député Zvika Fogel, président de la commission de la Sécurité nationale de la Knesset, lors d’une interview accordée à la Douzième chaîne.
Le conflit a éclaté en début de semaine dernière lorsque le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’est heurté à Netanyahu, le chef du parti d’extrême-droite étant furieux d’avoir été exclu des discussions sur la sécurité concernant les combats entre Israël et les groupes terroristes basés à Gaza.
Mercredi dernier, Otzma Yehudit a annoncé qu’il ne participerait pas aux votes à la Knesset tout au long de la journée, citant la « faible » réponse du gouvernement à la salve de roquettes en provenance de Gaza. Le parti au pouvoir, le Likud, a réagi en disant à Ben Gvir qu’il pouvait quitter le gouvernement s’il n’aimait pas la façon dont Netanyahu le dirigeait.
Le fossé s’est creusé davantage vendredi lorsque Ben Gvir a réagi avec véhémence après que le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a autorisé la restitution des corps de trois terroristes palestiniens tués lors d’une fusillade avec des soldats israéliens en Cisjordanie au mois de mars.
Ben Gvir a critiqué la décision de restituer les corps vendredi, la qualifiant de « grave erreur qui nous coûtera cher ».
« Ce gouvernement est un gouvernement de droite et la population israélienne ne nous a pas donné le mandat de rendre les corps des terroristes ou d’éviter de bombarder Gaza », a déclaré Ben Gvir dans un communiqué.
« Otzma Yehudit continuera à être absent des votes [à la Knesset] jusqu’à ce que le gouvernement israélien change son fusil d’épaule et commence à respecter la politique pour laquelle il a été élu », a poursuivi Ben Gvir dans sa déclaration de vendredi.
Dans l’interview qu’il a accordée par la suite, Fogel a poussé les menaces un peu plus loin en déclarant que le parti et ses six députés quitteraient la coalition, ce qui aurait pour effet de faire tomber l’alliance qui compte 64 membres sur les 120 sièges de la Knesset.
« Nous irons jusqu’au bout, comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises », a prévenu Fogel. « Nous ne sommes pas venus ici pour être le 61e ou le 64e vote. Nous sommes là pour garantir la sécurité personnelle des citoyens d’Israël, la souveraineté et l’honneur national. »
« Ces derniers jours, nous avons rendu les corps de terroristes sans récupérer nos captifs, nous n’avons rien réussi à faire », a déclaré Fogel.
Cet accrochage est le dernier d’une série de fractures apparues au sein du gouvernement de Netanyahu (droite, religieux et extrême-droite), qui est confronté à une pression interne croissante en raison de ses projets de réforme du système judiciaire – actuellement mis en veilleuse – de la hausse vertigineuse du coût de la vie et de l’aggravation du conflit avec les Palestiniens.
Cette décision survient alors que Ben Gvir est soumis à une pression accrue en raison de l’augmentation des attaques terroristes et de la forte hausse du nombre de meurtres depuis son entrée en fonction en décembre, alors qu’il s’était engagé à assurer une plus grande sécurité aux citoyens.
La chaîne publique israélienne Kan a rapporté vendredi que Netanyahu cherchait un moyen de mettre fin au désaccord avec Ben Gvir et qu’il pourrait soumettre le projet de loi sur la peine de mort pour les terroristes palestiniens à un débat au sein du cabinet de sécurité.
Ce projet de loi a été adopté en première lecture au début du mois de mars, mais il est resté bloqué depuis.
Selon Kan, l’une des raisons principales est que la procureure générale Gali Baharav-Miara s’est opposée au projet de loi parce que les ramifications en matière de sécurité n’ont pas été discutées par le cabinet de sécurité, entre autres préoccupations.
Le reportage non-sourcé indique que Netanyahu pensait que le débat au sein du cabinet de sécurité satisferait Ben Gvir, qui a fait campagne sur cette question, tout en causant le moins de dommages politiques ou diplomatiques possible.
S’il est approuvé par le cabinet de sécurité, le projet de loi pourrait alors passer à la Knesset pour trois lectures supplémentaires avant d’avoir force de loi.
Le parti d’extrême-droite a dressé une liste d’exigences, dont l’assassinat de chefs terroristes et la démolition d’immeubles d’habitation construits illégalement à Jérusalem-Est, auxquelles Netanyahu a jusqu’à présent résisté, craignant qu’elles ne déclenchent une confrontation régionale.
Toutefois, il a récemment accepté de soutenir la formation d’une garde nationale en échange de l’accord du chef d’Otzma Yehudit de la suspension du processus législatif de la réforme du système judiciaire.
Le projet de loi stipule que les tribunaux pourront imposer la peine de mort à ceux qui ont commis un meurtre à motivation nationaliste sur un citoyen d’Israël. Toutefois, elle ne s’appliquerait pas à un Israélien ayant tué un Palestinien.
L’initiative est envisagée depuis longtemps par la droite israélienne, mais elle s’est toujours heurtée à l’opposition de l’establishment de la sécurité, qui fait valoir qu’elle ne dissuaderait pas de futures attaques terroristes, et de l’establishment judiciaire, qui cite des contestations juridiques et avertit qu’elle pourrait nuire à Israël dans les forums internationaux.
Le code pénal israélien prévoit la peine capitale, mais uniquement dans des cas excessivement rares – le cerveau nazi Adolf Eichmann a été l’une des deux seules personnes exécutées par l’État en 75 ans.