Pour Yom HaShoah, Biden décrète une semaine de commémoration pour les victimes
"Nous ne devons jamais détourner le regard", rappelle le président américain, très engagé dans la lutte contre l'antisémitisme
Le président américain Joe Biden a publié mardi une proclamation à l’occasion de la journée israélienne de commémoration de la Shoah, soulignant les horreurs du génocide nazi comme un « chapitre sombre de notre histoire », au même titre que le fléau de l’antisémitisme d’aujourd’hui.
La semaine du 15 au 23 avril a été décrétée semaine de commémoration aux États-Unis pour les victimes de la Shoah.
Biden a rappelé sa visite de l’année dernière à Yad Vashem, où il a rencontré deux survivants de la Shoah, soulignant l’importance d’écouter les témoignages de ceux qui ont survécu pendant qu’ils sont encore là pour les raconter.
« Nous nous souvenons des appels à l’aide qui sont restés sans réponse et des avenirs radieux qui ont été interrompus. Nous ne devons jamais détourner notre regard de la vérité sur ce qui s’est passé », a-t-il déclaré. « Le rite du souvenir devient plus urgent chaque année, car il reste de moins en moins de survivants pour partager leurs histoires et nous ouvrir les yeux sur les méfaits d’une haine incontrôlée. »
Lors de sa visite au mémorial de Jérusalem en juillet dernier, Joe Biden avait notamment eu une conversation chaleureuse et prolongée avec Rena Quint et Giselle (Gita) Cycowicz, deux survivantes de la Shoah.
Le président américain, ému, a demandé aux femmes de rester assises, puis s’est agenouillé pour leur parler et écouter leurs témoignages.
Dans sa déclaration de mardi, Biden a également abordé la question de la montée de l’antisémitisme aux États-Unis.
« Malheureusement, la haine ne disparaît jamais vraiment. Elle ne fait que se cacher, se tapir jusqu’à ce qu’on lui donne l’oxygène nécessaire pour émerger à nouveau. Nous avons constaté cette dure réalité dans tout notre pays, depuis les croix gammées sur les voitures et les bannières antisémites sur les ponts jusqu’aux attaques contre les Juifs dans les écoles et les synagogues, en passant par la négation pure et simple de la Shoah », peut-on lire dans la déclaration.
« Le venin et la violence de l’antisémitisme vont à l’encontre de toutes les valeurs que nous défendons en tant qu’Américains. Et c’est un rappel brutal – comme l’a dit mon cher ami Elie Wiesel – que ‘l’indifférence est toujours l’amie de l’ennemi’. Et comme mon père me l’a appris, ‘le silence est une complicité' », a ajouté Biden dans sa déclaration.
Biden a rappelé les mesures prises par son administration pour lutter contre l’antisémitisme, notamment la nomination de la spécialiste de la Shoah Deborah Lipstadt en tant qu’envoyée spéciale sur cette question, la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre la haine des Juifs et le co-parrainage d’une résolution des Nations unies visant à lutter contre le négationnisme par l’éducation. Biden a également déclaré que son administration avait obtenu la plus forte augmentation jamais réalisée du financement de la sécurité des organisations à but non lucratif, dont font partie les synagogues, les écoles juives et les centres communautaires.
Le président a également indiqué que son administration avait organisé le premier sommet sur la lutte contre la violence raciste « parce que personne ne devrait avoir peur de se rendre à un office religieux, de porter un symbole de sa foi ou d’être simplement ce qu’il est ».
« La haine ne doit pas avoir de refuge en Amérique ni ailleurs. Aujourd’hui et toujours, notre message est clair : le mal ne gagnera pas. La haine ne prévaudra pas. Et la violence de l’antisémitisme ne sera pas l’histoire de notre temps. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que ‘plus jamais ça’ soit une promesse que nous tiendrons », peut-on lire dans sa déclaration.
Lundi, l’Anti-Defamation League (ADL) et l’université de Tel Aviv ont publié leur rapport conjoint sur l’antisémitisme dans le monde pour 2022, qui fait état d’une forte augmentation en 2022 du nombre d’incidents antisémites aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux, ainsi que d’une baisse dans plusieurs autres pays, dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
L’étude révèle également que les Juifs haredim sont les principales victimes d’agressions antisémites en Occident. Ils sont les principales victimes d’agressions physiques antisémites en dehors d’Israël, non seulement parce qu’ils sont facilement identifiables en tant que Juifs, mais aussi parce qu’ils sont perçus comme vulnérables et peu susceptibles de riposter, indique le rapport.
Le rapport s’appuie sur des données publiées le mois dernier par l’ADL qui, en 2022, a enregistré 3 697 incidents antisémites aux États-Unis, soit le chiffre le plus élevé jamais atteint depuis que l’ADL a commencé à collecter des données sur les incidents en 1979. L’année précédente a également été une année record avec 2 717 incidents.
La diffusion de ce que l’ADL qualifie de « propagande antisémite par des suprémacistes blancs » aux États-Unis a presque triplé en 2022 par rapport à 2021, atteignant un total de 852 incidents.
La journée de commémoration de la Shoah est l’une des dates les plus solennelles du calendrier israélien. Les survivants assistent généralement à des cérémonies commémoratives, partagent leurs histoires avec des adolescents et participent à des marches commémoratives dans les anciens camps de concentration en Europe.
Les événements commémoratifs ont lieu ce mardi. Une sirène retentit pendant deux minutes à 10h (07H00 GMT) en mémoire des six millions de Juifs tués pendant la Shoah, la vie se fige dans tout Israël : les piétons restent sur place, les bus s’arrêtent dans les rues animées et les automobilistes descendent de leurs voitures et se tiennent debout sur la chaussée, la tête inclinée.
Canaan Lidor a contribué à cet article.