Retour sur l’émission sur l’antisémitisme sur France 2
"Je n’aime pas dire que la France est antisémite, mais il y a de l’antisémitisme", a exprimé le ministre, évoquant la constance et le renouvellement de l’antisémitisme
Ce mardi soir, deux documentaires inédits, « Antisémitismes » d’Ilan Ziv et « Chronique d’un antisémitisme d’aujourd’hui » de Georges Benayoun, étaient diffusés sur France 2 à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah. Les deux films, disponibles en replay sur le site de France télévisions, étaient entrecoupés d’un débat en plateau présenté par Julian Bugier, qui avait pour problématique : « Peut-on en finir avec l’antisémitisme ? »
Comme les deux documentaires, le débat s’intéressait à l’antisémitisme en France, alors que le ministère de l’Intérieur a rendu public dimanche son bilan sur les actes racistes et antisémites en 2019. 687 méfaits ont été dénombrés en 2019, contre 541 en 2018, soit une augmentation de 27 % – l’augmentation avait déjà été de 74 % entre 2017 et 2018.
Le débat de France 2 réunissait le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, l’historienne spécialiste de la Shoah Annette Wieviorka, le grand rabbin de France Haïm Korsia, le compositeur Michel Jonasz, petit-fils de victimes de la Shoah, l’enseignante d’histoire-géo et essayiste Fatiha Boudjahlat, et Rudy Reichstadt, fondateur de l’Observatoire du conspirationnisme et des théories du complot. Il est disponible en replay jusqu’au 4 février.
Les invités ont ainsi échangé sur la hausse de l’antisémitisme en France, son histoire, les évènements antisémites qui ont touché la France ces dernières années et la place des Juifs en France.
« Je n’aime pas dire que la France est antisémite, mais il y a de l’antisémitisme, certainement », a exprimé le ministre Jean-Michel Blanquer, évoquant la constance et le renouvellement de l’antisémitisme. « Aujourd’hui, l’un des principaux défis en matière d’antisémitisme est celui du fondamentalisme islamiste, qui convergent avec courants néo-nazis, d’extrême-droite plus classique », a-t-il exprimé. « Les technologies portent également aujourd’hui des caractéristiques particulières de l’antisémitisme et une capacité à se répandre. » Il a ajouté que les crises sociales « exacerbent l’antisémitisme ».
Haïm Korsia a lui déploré que la France « s’habitue » à l’antisémitisme, appuyant les propos du ministre. « La lutte contre les préjugés [antisémites] n’est pas assez forte, assez ferme, pas assez marquée », a-t-il expliqué.
Annette Wieviorka a elle affirmé qu’il y avait un « socle commun » dans l’antisémitisme et s’est dit choquée par le fait que la société française ne « réagisse pas davantage ». Elle cite en exemple l’attentat de la synagogue Copernic (1980) et la profanation du cimetière juif de Carpentras (1990).
« La France était dans la rue ; au moment de l’attentat d’Ozar HaTorah, nous ne sommes pas descendus dans la rue. Il y a une sorte d’accoutumance, et le sentiment que peut-être, ‘ce n’est pas si grave que ça’. » Si elle explique que, certes, il y a toujours des rassemblements contre l’antisémitisme, « ce n’est pas le flux qu’on a vu pour Copernic ». « On ne voit plus jamais de mouvement massif. »
Afin de lutter contre cette « banalisation », tous ont exprimé le rôle qu’a à jouer l’Education nationale afin de lutter contre le phénomène.
La semaine dernière, durant son voyage en Israël, le président Emmanuel Macron avait lui aussi exprimé le rôle des établissements scolaires dans ce combat. Un sentiment qu’il a exprimé à nouveau lundi, alors qu’il inaugurait le nouveau mur des Noms du mémorial de la Shoah, à Paris. Il a ainsi souligné l’importance du « travail de mémoire et d’éducation » qui « sont nos antidotes » face à ces menaces.