Retour sur l’organisation – précipitée – du Sommet du Neguev
L'hôtel Kedma de Sde Boker a su qu’il accueillerait l’événement six jours avant le Sommet ; la "sécurité alimentaire" était la préoccupation majeure, selon le personnel

SDE BOKER — Le personnel du Kedma Isrotel n’a eu que le temps du week-end pour préparer le Sommet du Néguev de Sde Boker, qui a commencé dans l’après-midi du dimanche 27 mars.
Jeudi dernier, un jour après que le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid a commencé à contacter par téléphone et SMS ses homologues de la région, le ministère des Affaires étrangères a contacté la direction d’Isrotel pour donner quelques détails sur le Sommet.
L’équipe du Kedma a dû aménager les salles de réunion, organiser un dîner formel tout en respectant les diverses sensibilités religieuses et faire appel à des spécialistes, et en répondant aux demandes parfois déroutantes du personnel de sécurité israélien.
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Guy Haas, résident de Sde Boker, responsable de la restauration et des boissons à l’hôtel, n’a appris la nouvelle du Sommet que vendredi, certain de la capacité d’Isrotel à le prendre en charge. « Nous sommes une chaîne très expérimentée », a-t-il déclaré avec confiance.
La designer d’Isrotel s’est rendu à Sde Boker afin de préparer l’hôtel. « Elle a préparé les tables, l’atmosphère, l’espace, l’allure générale », a déclaré Haas. Conformément à la dénomination du sommet, son équipe et elle ont cherché à créer une atmosphère « authentiquement Néguev ».

Des lanternes ont été dispersées autour des salons accueillant des événements et des cordes de lin suspendues au-dessus des espaces de réunion.
La chaîne a fait appel à son conseiller culinaire, le chef Amir Halfon, pour travailler les menus avec le chef résident du Kedma.
Pour l’événement principal de dimanche, un dîner dans le Salon des Vins pour les six ministres, Halfon a préparé un menu comprenant des ingrédients originaires de tout le pays : des poivrons de l’Arava, des herbes du désert du potager du Kedma, un plat principal à base d’agneau des hauteurs du Golan et un topinambour au nom trompeur.

Le vin, généralement au cœur des dîners officiels, était absent. Le ministère des Affaires étrangères en a imposé le principe, par respect pour les quatre ministres des Affaires étrangères représentant des pays à majorité musulmane. Le personnel a même retiré les bouteilles de vin décoratives des étagères du Salon des Vins et recouvert la cave à vin d’une étoffe.
Les serveurs – tous anglophones – sont venus d’un restaurant Isrotel situé à Eilat.
Pendant le repas, les ambassadeurs et membres des délégations ont pris place autour d’une longue table installée dans le bar, à l’extérieur du Salon des Vins.
« L’ambiance était bonne », a déclaré Noa, une serveuse qui a travaillé sur l’événement. « Les dignitaires nous ont bien traités. »

Le personnel du Kedma a déclaré que la délégation égyptienne s’était montrée la plus affable et que les Émiratis avaient laissé des pourboires exceptionnellement élevés aux employés arabes chargés du ménage et de la cuisine.
Lapid le musicien
Noa a déclaré avoir eu plusieurs interactions avec Lapid au cours du sommet.
Dimanche, alors que les invités arrivaient, on lui a demandé de préparer un americano pour Lapid, qui s’entretenait avec ses homologues à l’extérieur. Elle a préparé le café et l’a remis au serveur, mais les gardes du corps de Lapid sont revenus et lui ont demandé d’en refaire un, sous leurs yeux cette fois, pour des raisons de sécurité. Lapid et le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, Abdullatif Al Zayani, se sont alors installés sur un canapé à l’intérieur du bar pour parler. Elle lui a apporté le nouvel americano, qu’il a refusé, mais lui a demandé son nom et d’où elle venait.
Le personnel du Kedma a répété à l’envi que Lapid était un « mensch », soucieux de serrer la main et d’avoir un mot pour chacun.
Il a également surpris le personnel avec une démonstration de ses talents musicaux. Alors que les invités discutaient dans le bar dimanche après-midi, le ministre des Affaires étrangères s’est assis avec le joueur de oud dans un coin de la pièce, a pris une guitare et a commencé à jouer.

Le véritable spectacle musical au programme du Sommet n’a, pour sa part, pas eu lieu. Il était prévu que la chanteuse arabe israélienne, Valerie Hamati, interprète « Hallelujah » de Leonard Cohen en arabe, anglais et hébreu. Elle avait d’ailleurs revêtu sa tenue de scène et s’était préparée à ce qui aurait dû être un moment important de sa carrière. Mais après l’attentat terroriste meurtrier revendiqué par l’État islamique à Hadera dimanche soir, un tel spectacle aurait paru inapproprié.
Selon les personnes présentes, Hamati était visiblement contrariée que son spectacle ait été annulé.
Des heures de préparation
Les serveurs n’ont été informés de la tenue du Sommet que samedi soir, et comme tout a été mis en place à la dernière minute, ils n’ont eu aucune visibilité sur leurs horaires. On leur a juste dit qu’ils devaient être prêts à tout et qu’ils allaient contribuer à un événement historique.
Comme c’est souvent le cas, la seule difficulté est venue des dispositifs de sécurité.
Lundi matin, les chefs préparaient le déjeuner dans la cuisine. Lorsque les agents de sécurité israéliens ont découvert qu’ils avaient commencé à cuisiner sans eux, ils leur ont demandé de tout jeter et de recommencer.
Le même matin, Noa et son manager sont allés apporter des fruits et du fromage à Blinken et son équipe. Le personnel de sécurité leur a demandé de retourner à la cuisine et de préparer une nouvelle assiette devant eux.
L’ambiance s’est détendue à mesure que la matinée avançait. Noa a été invitée à préparer un thé à la menthe pour Lapid, assis avec un autre ministre des Affaires étrangères au bord de la piscine. Cette fois, les agents de sécurité ne l’ont pas quittée des yeux de toute la préparation, choisissant même les sachets de thé destinés au ministre.

Lapid l’a saluée par son nom lorsqu’elle est venue lui apporter son thé.
Malgré la pression, exceptionnelle, Noa a apprécié contribuer au Sommet. « Tout le monde dans ma famille était heureux », a-t-elle déclaré. « Quoi, tu as parlé avec Yair Lapid ? », lui a-t-on dit.
« Si nous avions eu plus de temps, cela se serait encore mieux passé », a-t-elle réfléchi. « Mais considérant que nous avons eu un à deux jours pour nous préparer, je trouve que ça s’est très bien passé. »
« Cela s’est bien passé », a confirmé Haas. Le ministère des Affaires étrangères était très satisfait, a-t-il précisé. Il a rappelé que le forum aurait vocation à devenir régulier, preuve que les participants avaient apprécié le service fourni par l’hôtel.
« Les gens ont compris qu’il s’agissait d’un moment historique et ont eu à cœur de faire de leur mieux », a-t-il déclaré. « Ils se sont préparés et ont travaillé dans cette optique. »

Le personnel arabe de l’hôtel – qui comprend des Bédouins, des Chrétiens et des Palestiniens de Cisjordanie – était également heureux de participer, selon Haas, même si de nombreux Palestiniens considèrent les accords d’Abraham comme une sorte de trahison.
Le membre du personnel chargé de la logistique des déclarations publiques à la fin de l’événement était un Chrétien arabe, a noté Haas.
« On ressent un sentiment de satisfaction, une grande satisfaction », a-t-il déclaré, quelques heures après le départ du dernier visiteur.
Aaron Boxerman a contribué à cet article.
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