Israël en guerre - Jour 627

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Reportage

Tsahal : le Hezbollah et l’armée libanaise sont de connivence

Un haut gradé a estimé qu'il est peu probable qu'une guerre éclate dans le Nord, mais estime que l'infiltration des groupes terroristes à la frontière constitue une menace sérieuse

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Un véhicule de construction israélien passe à côté d'un mur de béton en construction le long de la "Ligne bleue" séparant Israël et le Liban, alors que des membres des Forces armées libanaises observent depuis une tour de garde, près de la ville israélienne de Rosh Hanikra, le 5 septembre 2018. (Crédit : Judah Ari Gross/Times of Israel)
Un véhicule de construction israélien passe à côté d'un mur de béton en construction le long de la "Ligne bleue" séparant Israël et le Liban, alors que des membres des Forces armées libanaises observent depuis une tour de garde, près de la ville israélienne de Rosh Hanikra, le 5 septembre 2018. (Crédit : Judah Ari Gross/Times of Israel)

ROSH HANIKRA – L’armée israélienne a dévoilé publiquement cette semaine son mur frontalier en béton de 11 kilomètres de long et neuf mètres de haut le long de la frontière libanaise – une barrière qui est vivement contestée par le Liban, mais qu’Israël maintient être légale et pleinement conforme à la ligne internationale de l’armistice.

Lors d’une conférence de presse à l’intention des journalistes près de la frontière, un officier supérieur de l’armée a également adressé un avertissement sévère à l’armée terroriste du Hezbollah, basée au Liban, en leur affirmant que « toute force qui infiltrera le territoire israélien ne reviendra pas en vie ».

L’officier supérieur a déclaré que l’armée israélienne a constaté une coopération accrue entre le Hezbollah soutenu par l’Iran et les Forces armées libanaises [FAL] au cours de l’année écoulée.

« Nous les voyons travailler ensemble, se déplacer dans les mêmes jeeps », a-t-il ajouté, parlant sous couvert d’anonymat. « Parfois, on voit des soldats du Hezbollah en gilet de la FAL. »

Alors que la plupart des soldats libanais portent des uniformes de camouflage, certains membres des unités de renseignement des Forces armées libanaises portent ce qui ressemble à une tenue civile surmontée d’une veste les identifiant comme des militaires. L’une de ces personnes – un officier de renseignement des FAL ou un membre du Hezbollah déguisé comme tel – était clairement visible mercredi après-midi, debout dans un mirador dominant la ville israélienne de Rosh Hanikra et un chantier où est construit le nouveau mur de séparation qui fait frontière.

Des membres des Forces armées libanaises assistent à la construction d’un mur frontalier israélien depuis une tour de garde, près de la ville israélienne de Rosh Hanikra, le 5 septembre 2018. (Judah Ari Gross/Times of Israel)

La barrière de béton est conçue pour remplir deux fonctions principales : protéger les civils et les soldats israéliens contre les attaques des tireurs d’élite, et empêcher l’infiltration des agents du Hezbollah en Israël.

Selon l’officier supérieur, il y a environ sept ans, le Hezbollah a commencé à créer une unité des forces spéciales – connue sous le nom d’unité Radwan – spécifiquement chargée de franchir la frontière israélienne et de causer autant de dégâts que possible tant pour les dégâts eux-mêmes que pour le symbole que représente le fait que ces forces procèdent à des attaques en Israël.

« Leur objectif principal est de tuer autant de personnes que possible dans les villages [israéliens] et les bases militaires », a déclaré l’officier.

L’officier supérieur a indiqué ne pas croire que la guerre avec le Hezbollah soit probable dans un avenir proche. L’organisation soutenue par l’Iran a passé les quelque cinq dernières années à se battre en Syrie pour le compte de son dictateur, Bashar el-Assad, lors de la guerre civile dans ce pays.

Bien que ces batailles aient permis au groupe d’acquérir plus d’expérience et d’entraînement, elles ont également fait environ 1 800 morts et des milliers de blessés.

« Ce que le Hezbollah a appris à faire en Syrie, il a l’intention de le faire ici », a-t-il dit en regardant au-delà de la frontière libanaise.

Par exemple, le Hezbollah semble avoir adopté la tactique consistant à bombarder une ville ou un poste militaire avec des quantités massives de munitions avant d’envoyer des troupes pour la conquérir, a-t-il dit.

Les combats en Syrie touchent à leur fin, alors qu’Assad étouffe les derniers résistants rebelles et que le Hezbollah commencera probablement à redéployer ses combattants au Liban. Mais l’officier a déclaré que l’armée s’attend à ce que l’organisation prenne un certain temps pour reconstituer ses réserves avant d’envisager un nouveau conflit avec Israël.

L’officier supérieur a également écarté la possibilité que toute guerre au Liban s’étende nécessairement à la Syrie, ce qui en ferait une guerre du Nord à deux fronts.

Selon l’officier, Assad aura besoin d’années de calme pour reconstruire son pays après sept ans de guerre civile.

« La dernière chose dont Assad a besoin, c’est d’une guerre », a-t-il ajouté.

Le mur de séparation

A ce stade, la direction conjointe de l’armée israélienne et de la direction des frontières et de la clôture de sécurité du ministère de la Défense a été autorisée et a reçu des fonds pour construire 13 kilomètres de mur en béton sur la frontière de 130 kilomètres environ, afin de protéger les 22 villages israéliens limitrophes.

Les travaux ont commencé au début de l’année et 11 kilomètres au total ont été effectués jusqu’à présent.

Le général de brigade Eran Ofir montre des cartes et des photographies du mur de béton qu’Israël est en train de construire le long de la frontière israélo-libanaise, près de la ville israélienne de Rosh Hanikra le 5 septembre 2018. (Judah Ari Gross/Times of Israel)

Les 11 kilomètres sont divisés en deux sections principales, l’une s’étendant sur 5,7 kilomètres de la côte méditerranéenne à la ville de Shlomi et l’autre mur de 5,5 kilomètres qui va de Metula, la localité proche de la frontière, à Misgav Am.

A terme, il est prévu de construire une barrière le long de toute la frontière – un projet qui coûterait 1,7 milliard de shekels (425 millions d’euros).

Le seul obstacle est d’ordre financier.

« Nous n’avons pas le budget », a déclaré le général de brigade Eran Ofir, directeur de Borders and Security Fence, qui a également dirigé la construction de la clôture en acier d’Israël avec l’Égypte et supervise actuellement la construction de la barrière en surface et souterraine autour de la bande de Gaza.

Le mur de séparation de la frontière avec le Liban est principalement construit en béton, mais dans quelques endroits à forte pente, il est constitué d’une clôture en acier.

Le long du mur, il y a un certain nombre de caméras de surveillance sophistiquées contrôlées par des soldats israéliens, ainsi que d’autres capteurs qui sont destinés à détecter les tentatives d’infiltration.

Ofir n’a pas voulu se prononcer sur la question de savoir si le mur frontalier contenait des moyens technologiques permettant de localiser les tentatives de percement d’un tunnel souterrain en Israël, comme les types de capteurs qui sont placés le long de la frontière de Gaza.

Le Hezbollah a longtemps fait l’objet de rumeurs selon lesquelles il cherchait à s’infiltrer en Israël de manière souterraine, mais l’officier supérieur de Tsahal a déclaré que pour le moment ce ne sont « que des rumeurs ».

« Mais nous faisons tout notre possible pour nous assurer qu’ils ne disposent pas de [cette capacité] », a-t-il précisé.

Le gouvernement libanais a dénoncé dès le début la construction du nouveau mur frontalier, faisant valoir qu’il viole la souveraineté libanaise en certains endroits.

Le Liban a adressé ces protestations à la FINUL, la force de maintien de la paix des Nations Unies, qui assure la liaison entre Israël et le Liban.

Le major Tomer Gilad s’adresse à des journalistes depuis un poste d’observation près de la ville israélienne de Rosh Hanikra, le 5 septembre 2018. (Judah Ari Gross/Times of Israel)

Le Major de Tsahal Tomer Gilad, qui travaille avec la FINUL, a déclaré que les plaintes du Liban sont sans fondement, car le mur frontalier est situé au sud de la « Ligne bleue », une frontière reconnue par l’ONU entre Israël et le Liban.

« Pour nous, et pour le monde, il n’y a qu’une seule ligne : la Ligne bleue », a fait remarquer Gilad.

Certaines zones de la frontière israélo-libanaise sont contestées, chaque pays revendiquant le territoire comme le sien – par exemple, la bande de terre appelée mont Dov par Israël et fermes de Chebaa au Liban.

Les négociations sur ces zones litigieuses sont en cours, mais entre-temps, les deux pays respectent dans une large mesure la Ligne bleue de l’ONU.

Selon Gilad, le mur frontalier est une mesure de sécurité nécessaire à la lumière des menaces proférées par le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et certaines parties de ce mur peuvent également être démantelées si un accord est conclu sur les territoires en litige.

Le Hezbollah et les Forces armées libanaises

Cette coopération accrue entre les FAL et le Hezbollah, soutenue par l’ennemi juré d’Israël, l’Iran, a soulevé la question de savoir si les sites militaires libanais seraient bombardés par Tsahal dans le cadre d’une future guerre.

Le chef du Commandement Nord de Tsahal a indiqué que ce serait le cas, comme il l’a dit lors d’une interview à la tribune d’une conférence, dimanche dernier. Toutefois, l’officier supérieur a déclaré mercredi qu’une telle décision dépendrait en grande partie de la façon dont les FAL réagiraient pendant le conflit.

Lors de la Seconde Guerre du Liban en 2006, par exemple, les Forces armées libanaises n’ont pour ainsi dire pas participé aux combats et n’ont pas été attaquées par Israël, et l’officier supérieur a déclaré que la même chose pourrait se produire à l’avenir. Mais « s’ils prennent part à une guerre contre nous, alors la question ne se pose pas », a-t-il ajouté.

La question de la coopération présumée des FAL avec l’organisation terroriste du Hezbollah ne concerne pas seulement les actions potentielles d’Israël pendant une guerre, mais aussi les États-Unis et la France, qui fournissent tous deux une assistance matérielle aux militaires.

L’officier supérieur de Tsahal a déclaré que les militaires ne s’opposent pas à ce que les FAL reçoivent ce soutien international et préféreraient, en fait, voir une armée libanaise plus robuste, à condition qu’elle utilise sa puissance pour garder le Hezbollah sous contrôle.

« Une FAL forte qui garantit la [résolution] 1701 et le maintien du calme dans la région – cela est dans notre intérêt », a-t-il expliqué.

En vertu de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui a mis fin à la deuxième guerre du Liban en 2006, le Hezbollah et tous les groupes armés non étatiques devaient évacuer la région au sud du fleuve Litani.

La FINUL, qui opère le long de la frontière depuis 1978, a été chargée d’appliquer la résolution 1701. Toutefois, le mandat qui dicte ce que la FINUL peut et ne peut pas faire l’empêche d’agir avec autant de force qu’Israël le souhaiterait.

« Nous pensons que la FINUL pourrait faire plus », a ajouté M. Gilad.

L’armée israélienne dépose fréquemment des plaintes auprès de la force de maintien de la paix lorsqu’elle constate une coopération entre le Hezbollah et les Forces armées libanaises, mais cela semble être une mesure pour la forme, et non un moyen d’espérer que la situation va réellement changer.

Toutefois, l’officier de liaison a déclaré qu’Israël considérait toujours la FINUL comme précieuse, car elle facilite le dialogue entre Israël et le Liban, qui n’ont pas de liens officiels.

En outre, l’officier supérieur de Tsahal a déclaré qu’au cours des deux dernières années, la FINUL avait adopté une position plus rigoureuse envers le Hezbollah et ses opérations au sud du Litani, qui violaient la résolution 1701, a-t-il indiqué.

L’officier a déclaré que cette attitude de la FINUL explique en partie l’intensification de la coopération entre l’organisation terroriste et les Forces armées libanaises.

« Le Hezbollah n’a pas d’autre choix que de travailler avec les FAL », a-t-il ajouté.

Une installation de l’ONG libanaise ‘Green Without Borders’, qui servirait, selon l’armée israélienne, d’avant-poste pour le Hezbollah sur la frontière israélo-libanaise. Photographie publiée le 22 juin 2017. (Crédit : unité des porte-paroles de l’armée israélienne)

Bien que dans le passé, le Hezbollah se soit montré plus téméraire en violant la résolution 1701 et en opérant ouvertement au sud du Litani, ces dernières années l’armée israélienne a vu le groupe soutenu par l’Iran développer des moyens plus sophistiqués pour le faire.

L’un des plus importants que Tsahal a découvert est l’utilisation de « Green Without Borders », une soi-disant organisation écologiste qui a des postes d’observation disséminés dans les forêts du Sud Liban et qui, selon Israël, constitue une façade pour le Hezbollah.

« Le Hezbollah est ici [à la frontière] tous les jours », a affirmé l’officier supérieur de Tsahal.

Les Nations Unies ont rejeté les affirmations d’Israël sur l’ONG, affirmant qu’il n’a pas vu les membres de « Green Without Borders » violer la résolution 1701.

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