Une expo explore la mode comme symbole d’espoir lors de la Seconde Guerre mondiale
Avec "Héroïnes", le musée du design de Holon évoque l'influence de la mode de la Seconde Guerre mondiale et des articles de la Shoah sur les créateurs
- Extrait de « Héroïnes », exposition sur la mode en temps de guerre au Holon Design Museum, à partir d'avril 2025 (Crédit Elad Sarig)
- Extrait de « Héroïnes », exposition sur la mode en temps de guerre au Holon Design Museum, à partir d'avril 2025 (Crédit Elad Sarig)
- Extrait de « Héroïnes », exposition sur la mode en temps de guerre au Holon Design Museum, à partir d'avril 2025 (Crédit Elad Sarig)
- Extrait de « Héroïnes », exposition sur la mode en temps de guerre au Holon Design Museum, à partir d'avril 2025 (Crédit Elad Sarig)
Il n’est pas inhabituel de comparer des moments de la Shoah avec le pogrom dévastateur mené par le Hamas le 7 octobre 2023, et le Musée du Design de Holon fait de même dans sa toute dernière exposition, « Héroïnes », en questionnant les rapports entre mode et espoir lors des temps les plus tragiques.
Visible jusqu’en janvier 2026, l’exposition « Héroïnes » a ouvert ses portes le 31 mars dernier, soit plus ou moins en phase avec la Journée de commémoration de la Shoah, marquée en Israël la semaine suivant Pessah.
La commissaire de l’exposition n’est autre que Yaara Keydar, historienne de l’art et fashionista bien connue du public, qui raconte là l’histoire des créateurs de mode et de leur travail durant la Seconde Guerre mondiale, sous la menace immédiate de la guerre.
« Compte tenu de mon histoire familiale, j’ai toujours pensé que la Seconde Guerre mondiale n’était pas un sujet pour mon domaine de prédilection », explique Keydar, « mais la vie m’a mis en présence d’héroïnes inspirantes, qui voyaient dans la mode et les vêtements le moyen de s’accrocher à la vie et à l’optimisme dans les moments les plus durs de l’humanité. »
L’exposition, qui se déploie dans le musée circulaire conçu par l’architecte Ron Arad, étudie les trésors d’ingéniosité qui ont permis aux femmes de rester élégantes alors que le monde vacillait.
L’exposition commence par l’histoire de Hedy Strand, créatrice de mode tchèque, et de son mari, qui ont péri dans la Shoah, mais dont le parcours et les créations ont atterri à Milwaukee avec des proches, et ont dernièrement fait l’objet d’une exposition au Musée juif de Milwaukee.

Le musée du design de Holon a emprunté des articles à cette exposition et huit ensembles de Strand ont été recréés en Israël, pour cette exposition qui revient sur son histoire.
Même l’atelier de design tchèque de Strand a été reconstitué, avec ses créations exposées sur une scène tournante, aménagée à la façon d’un atelier de haute couture.
Dans la galerie latérale, on trouve des objets prêtés par le mémorial de la Shoah de Yad Vashem à Jérusalem, comme ce pull tricoté par une victime des camps de concentration avec des aiguilles de fortune et de la laine prélevée sur les chaussettes d’un soldat allemand, ou encore ce soutien-gorge fabriqué et cousu avec du tissu chapardé.
Dans la troisième galerie, qui se trouve dans le couloir périphérique du musée et entoure l’exposition principale, on trouve des vitrines remplies de dizaines d’objets fabriqués aux États-Unis et en Angleterre pour soutenir l’effort de guerre.

Comme par exemple cet outil créé pour dessiner les coutures sur les bas des femmes, faute de soie, ou ces accessoires phosphorescents conçus pour s’éclairer dehors, lors des pannes d’électricité, sans oublier ces épinglettes de la victoire portées pour soutenir l’effort de guerre, jusqu’aux versions en diamant de chez Cartier.
Ces épinglettes rappellent celles, ornées d’un ruban jaune, portées aujourd’hui en soutien aux otages de Gaza, créées à l’origine par un designer local, explique Idit Barak, professeure de mode à Shenkar qui a rassemblé et scénarisé tous ces accessoires.
« Cela rappelle vraiment ce qui se passe en ce moment », poursuit Barak. « il faut se faire violence pour se lever et continuer à créer. mais il est important de continuer à faire les choses. »
Volontiers patriotique, la mode de la Seconde Guerre mondiale passe par la couleur très particulière de l’un des rouges à lèvres de la marque de maquillage Elizabeth Arden – Montezuma Red – spécialement créée pour soutenir les femmes Marines, ou encore ces bracelets Forget-Me-Not portés par les femmes pour penser à leur compagnon parti se battre à l’étranger.
Les accessoires de l’exposition sont accompagnés des publicités qui passaient alors dans les magazines et journaux des années 1940.

Les galeries supérieures se penchent sur la vie après la guerre : la première partie expose des robes de mariée faites en toile de parachute, des robes cousues dans des cartes d’évacuation en soie ou la toile des sacs de farine, lointain exemple de recyclage imposé.
La dernière partie de l’exposition jette un regard plus en profondeur sur la vie après-guerre, avec cette galerie conçue comme une immense piscine vide, idéale pour exposer les maillots de bain Gottex de sa créatrice, Lea Gottlieb, survivante de la Shoah à l’origine d’un véritable empire du maillot de bain en Israël après-guerre.
Gottlieb ajoutait souvent des marguerites aux tissus de ses maillots de bain, référence au grand bouquet de marguerites que, dans sa Hongrie natale, elle avait coutume d’apporter à son mari, prisonnier d’un camp de travaux forcés, de façon à cacher l’étoile jaune épinglée à ses vêtements et ainsi ne pas attirer l’attention des nazis.
Les marguerites reviennent fréquemment dans les créations de Gottlieb, sur les corsages et les bas de ses bikinis ou maillots une pièce, témoins de l’attachement de la créatrice à continuer à vivre et prospérer.

« Je me suis dit que ce serait une excellente occasion de regarder vers le passé pour y puiser l’espoir pour l’avenir », confie Maya Dvash, conservatrice en cheffe du musée. « L’ingéniosité, l’improvisation et le courage dont ont fait preuve ces femmes, à différentes époques, sont au cœur de la mode : j’étais persuadée que cela pourrait nous inspirer, surtout par les temps qui courent. »
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