Washington, Paris et Londres fustigent la conférence pro-implantations à Gaza
Près d'un tiers d'élus de la coalition au pouvoir ont pris part à cette conférence favorable à la présence juive dans l'enclave à l'issue de la guerre
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
La Maison Blanche a critiqué la conférence qui s’est tenue dimanche au Centre de conventions internationales de Jérusalem encourageant le rétablissement des implantations dans la bande de Gaza, à laquelle ont participé près d’un tiers du cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Un porte-parole du Conseil de sécurité nationale a déclaré lundi que les États-Unis étaient « troublés » par la conférence intitulée « Se réinstaller à Gaza » et en particulier par les déclarations controversées des participants appelant au déplacement massif de la population palestinienne de Gaza.
« Nous avons également été clairs, cohérents et sans équivoque contre la relocalisation forcée des Palestiniens en dehors de Gaza », a affirmé la Maison Blanche.
« Cette rhétorique est incendiaire et irresponsable, et nous prenons le Premier ministre au mot lorsqu’il a déclaré qu’Israël n’avait pas l’intention de réoccuper Gaza », a ajouté le communiqué.
La France a également condamné la tenue de la conférence, a indiqué le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
« Il ne revient pas au gouvernement israélien de décider où les Palestiniens doivent vivre sur leurs terres », a déclaré le ministère des Affaires étrangères français dans un communiqué.
« La France condamne la tenue de (cette) conférence » et « attend des autorités israéliennes une dénonciation claire de ces positions », a indiqué le communiqué du Quai d’Orsay.
« L’avenir de la bande de Gaza et de ses habitants s’inscrira dans un État palestinien unifié vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël », a ajouté le ministère.
Le Royaume-Uni s’est dit mardi « très inquiet » suite à la conférence « Des implantations pour la sécurité » qui s’est tenue dimanche à Jérusalem.
« La position du Royaume-Uni est claire : Gaza est un territoire palestinien occupé qui fera partie du futur État palestinien », a déclaré le ministère des Affaires étrangères par voie de communiqué.
« Les implantations sont illégales. Aucun Palestinien ne saurait être menacé de déplacement forcé ou de réinstallation », poursuit le communiqué.
Le Premier ministre israélien ne s’est, jusqu’à présent, jamais montré favorable à la relance des implantations à Gaza, déclarant que le projet n’était « pas un objectif réaliste ». Il n’a encore jamais organisé de réunion de son gouvernement consacrée au « jour d’après » la guerre.
Étaient entre autres présents à cette conférence, le chef du parti HaTzionout HaDatit, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, le chef d’Otzma Yehudit, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, et les ministres du Likud Miki Zohar, Haïm Katz, Idit Silman, May Golan, Shlomo Karhi et Amichaï Chikli.
L’ensemble de la faction Otzma Yehudit de la Knesset était présente, sous la houlette du chef du parti, Ben Gvir, ainsi que des chefs religieux d’extrême-droite, dont l’influent rabbin Dov Lior.
Selon les organisateurs, 5 000 personnes étaient présentes au Centre de conventions internationales de Jérusalem.
Des milliers de militants pro-implantations se sont réunis à Jérusalem pour cette conférence organisée par l’organisation pro-implantations Nachala, avec le Conseil régional de Samarie en Cisjordanie, et d’autres groupes.
La foule était majoritairement composée de membres de la communauté sioniste religieuse. Des centaines de jeunes, ainsi que de nombreuses familles accompagnées de leurs jeunes enfants, ont assisté à la conférence, qui appelait au rétablissement des implantations juives à Gaza.
Alors que l’armée israélienne avait expliqué que la directive avait été émise afin de s’assurer que les civils ne seraient pas pris entre deux feux, les appels lancés par les ministres pour encourager les Palestiniens à émigrer « volontairement » de Gaza et pour y rétablir les implantations ont donné une image différente des évacuations sur la scène internationale.
Israël avait démantelé les 21 implantations de Gaza et contraint leurs 8 000 habitants à partir lorsqu’il s’était retiré unilatéralement de la bande de Gaza en 2005, revenant ainsi aux lignes d’avant 1967. Le groupe terroriste palestinien du Hamas avait violemment évincé la faction Fatah de l’Autorité palestinienne et s’était emparé du pouvoir à Gaza en 2007.
Jeremy Sharon a contribué à cet article.