7 policiers inculpés pour avoir marqué un Palestinien avec une étoile de David
Les policiers seront inculpés d'abus et d'agression pour l'incident survenu en 2023 à Jérusalem-Est, et peut-être pour la suppression des images de l'arrestation
Le service des enquêtes internes de la police (DIPI) a déclaré mardi avoir récemment informé sept policiers de leur prochaine inculpation pour un incident survenu en 2023 au cours duquel une étoile de David aurait été marquée sur le visage d’un habitant de Jérusalem-Est au moment de son arrestation.
Selon le communiqué de la DIPI, les sept policiers devraient faire face à plusieurs chefs d’inculpation, dont abus sur une personne sans défense, voies de fait graves, obstruction à la procédure d’enquête et abus de pouvoir officiel.
Les sept agents ne devraient pas tous être inculpés de la même manière. On ignore par ailleurs quel sera le sort des neuf autres policiers qui ont eux aussi pris part à l’arrestation, en août 2023, d’Arwah Sheikh Ali, 22 ans.
Au moment des faits, ce Palestinien de Jérusalem-Est a affirmé que les policiers l’avaient battu et lui avaient marqué le visage d’une étoile de David lors de son arrestation pour trafic de drogue.
Ali a déposé plainte auprès du DIPI du ministère de la Justice plusieurs jours après une arrestation qui a fait la Une des journaux en raison de son caractère manifestement brutal.
« Un policier m’a mis un taser sur la tête. J’ai senti quelque chose de chaud sur mon visage. Ce n’est pas la police – c’est une mafia », a déclaré Ali au site d’information Ynet après son dépôt de plainte. Ali réside dans le camp de réfugiés de Shuafat.
Ali affirme que les agents lui ont bandé les yeux et menotté les mains et les pieds avant de lui marquer la joue gauche au moment de son interpellation violente, à son domicile, pour trafic de drogue. Il a également indiqué aux journalistes que sa femme et ses enfants étaient présents au moment des faits.
Selon la police, la marque visible sur le visage d’Ali est due à pression exercée par la partie lacée de la botte d’un policier lors des manœuvres pour le maitriser.
Face aux soupçons de brutalités, la police a nié toute forme d’animosité à caractère raciste de la part de ses agents, accusant Ali d’avoir résisté et s’être montré violent lors de son arrestation.
Le juge du tribunal de première instance de Jérusalem, Amir Shaked, a déclaré lors de l’audience de mise en détention provisoire d’Ali que la police n’avait « aucune explication rationnelle » sur la manière dont les ecchymoses étaient apparues. Il a ajouté que la police n’avait aucune explication sur le fait que les caméras corporelles des 16 agents ayant participé à l’arrestation ne fonctionnaient pas ce jour-là.
Le DIPI a un temps cru à l’absence d’images de l’arrestation, tous les agents ayant éteint leurs caméras corporelles lors de l’incident.
Les enquêteurs ont plus tard découvert des images de l’arrestation dans les téléphones portables de certains policiers. Ils pensent que d’autres images de la scène mais ont été supprimées des téléphones portables et des caméras GoPro de plusieurs de ces policiers.
Six policiers auraient été interrogés, soupçonnés d’avoir supprimé des images de l’altercation.
Le commandant sortant du district de Jérusalem, Doron Turgeman, s’est montré solidaire des policiers mis en cause.
« C’est une cour martiale orchestrée par les médias », avait dit Turgeman l’an dernier. « On essaie de présenter les choses sous un jour totalement différent. »
« Il y a un grand écart entre l’aspect du visage du suspect lors de l’arrestation et le faux récit qui en fait. On est loin de la réalité », avait-il ajouté. « Je fais confiance aux policiers qui étaient là et à leur crédibilité. »