À Tel Aviv, des habitants découvrent la vie rythmée par les sirènes
Deux semaines après l'attaque sanglante du groupe terroriste palestinien en Israël, le Hamas continue de faire pleuvoir des roquettes sur le territoire israélien
À première vue, tout semble normal : sous le soleil, quelques sportifs courent ou chevauchent leurs vélos. Mais lorsqu’ils s’arrêtent, des habitants de Tel Aviv se disent choqués de se sentir soudain « vulnérables », deux semaines après l’attaque sanglante du groupe terroriste palestinien du Hamas en Israël.
« Jamais je ne me suis sentie aussi vulnérable », avoue Ravit Stein, une quinquagénaire, agente d’assurances, qui promène son chien dans le centre de Tel Aviv. Plusieurs fois par jour sonnent dans la ville les sirènes d’alarme aux roquettes tirées par les groupes terroristes palestiniens depuis la bande de Gaza, une soixantaine de kilomètres au sud.
« Depuis cette terrible attaque, l’idée qu’ils peuvent recommencer ici ne me quitte pas. Alors j’essaie d’avoir des activités normales, comme promener mon chien », ajoute cette mère de famille.
« C’est aussi ce qu’ils ont réussi à nous faire : nous donner le sentiment que nous étions vulnérables », insiste-t-elle sans prononcer le nom du Hamas, le groupe terroriste islamiste palestinien qui a perpétré l’attaque du 7 octobre, journée la plus meurtrière de l’histoire de l’État d’Israël depuis sa création en 1948.
Plus de 1 400 personnes ont été tuées en Israël, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou mutilés le jour de l’attaque, selon les autorités israéliennes.
« Je vais acheter une arme »
« Nous avons perdu confiance dans notre dispositif de sécurité. Comment pourrait-il en être autrement ? », s’interroge Ofer Kaddosh, un informaticien de 46 ans, le visage ruisselant après son jogging sur la plage étrangement vide pour un Shabbat, le jour du repos hebdomadaire en Israël.
Selon lui, « cela va prendre du temps pour restaurer cette confiance. En attendant, je vais acheter une arme ».
Les députés ont approuvé de nouvelles directives pour armer des civils, et une session parlementaire a révélé que depuis le 7 octobre, quelque 41 000 Israéliens avaient demandé un permis pour posséder une arme à feu, contre 38 000 en moyenne chaque année.
Michel Haddad, 63 ans, Franco-israélien venu de Marseille s’installer ici au début des années 1980, partage ce sentiment de vulnérabilité et de confiance érodée.
« J’ai toujours été de gauche. Je n’ai pas manqué une manifestation contre la refonte judiciaire du gouvernement de Benjamin Netanyahu. Je ne pensais pas qu’un jour, quelqu’un dans ma famille envisagerait de s’acheter une arme par nécessité de se protéger. »
Il confie que depuis le 7 octobre, sa fille dort avec deux couteaux sur sa table de nuit et une batte de baseball, qu’elle ne cesse de vérifier que sa porte est bien fermée et qu’elle scrute la rue du haut de son appartement au 9e étage.
Des rumeurs de projets d’attaque, que rien ne permet d’étayer, fleurissent à un tel niveau que la police et le porte-parole de l’armée, le général Daniel Hagari, ont adressé un appel au calme à la population priée de ne pas tenir compte de tout ce qui circule sur les réseaux sociaux.
« Nous demandons cependant aux citoyens israéliens de nous informer de la présence de toute personne au comportement suspect », a déclaré le général Hagari lors de l’un de ses derniers points presse à Tel Aviv.
Intrusion
Des habitants se sont procurés des tasseaux de bois permettant d’empêcher l’ouverture de leur logement par l’extérieur.
Menachem Har Tzion, un solide sexagénaire sur son vélo tout-terrain, estime en pointant son doigt vers Jaffa, quartier de Tel Aviv ou cohabitent Juifs et musulmans, que « le massacre dont nous avons été victimes a décuplé la confiance que nos voisins arabes ont en eux-mêmes ».
« Ce trop-plein de confiance tranche avec le sentiment d’insécurité que nous éprouvons en ce moment », ajoute-t-il. Au même moment, deux jeunes hommes, qu’un policier identifie comme appartenant à la minorité arabe, passent à scooter et lèvent le poing vers le ciel.
« C’est vrai que certains d’entre eux sont de plus en plus insolents », dit un policier sous couvert d’anonymat. « Mais, ajoute-t-il, je ne crois pas que ça ira au point de rentrer dans nos maisons à Tel Aviv pour nous massacrer. » Aucun incident grave mettant en cause des membres de la minorité arabe (environ 20 % de la population du pays) n’a été signalé depuis le début de la guerre.
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