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Afghanistan : cette fois, les talibans interdisent les parcs de Kaboul aux femmes

Depuis leur retour au pouvoir, les talibans n'ont eu de cesse de restreindre les libertés de femmes, qu'ils ont exclues de la vie publique

Il est écrit en pachto sur l'affiche de droite : "Chères sœurs ! Le hijab et le voile sont votre dignité et sont à votre avantage dans ce monde et dans l'au-delà", au parc Habibullah Zazai, dans la banlieue de Kaboul, le 9 novembre 2022. (Crédit : Wakil Kohsar/AFP)
Il est écrit en pachto sur l'affiche de droite : "Chères sœurs ! Le hijab et le voile sont votre dignité et sont à votre avantage dans ce monde et dans l'au-delà", au parc Habibullah Zazai, dans la banlieue de Kaboul, le 9 novembre 2022. (Crédit : Wakil Kohsar/AFP)

Les talibans ont désormais interdit les parcs et jardins de Kaboul aux femmes afghanes, un des derniers espaces de liberté auxquels elles avaient droit avec les sévères restrictions imposées par le régime islamiste fondamentaliste.

En début de semaine, les talibans ont sommé les responsables des parcs et jardins de fermer leurs portes aux femmes, comme l’ont constaté des journalistes de l’AFP dans la capitale. Jusqu’ici des horaires et jours différenciés avaient été instaurés pour qu’hommes et femmes ne se croisent pas.

« Dans de nombreux endroits, les règles ont été violées », a justifié mercredi auprès de l’AFP le porte-parole du ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, Mohammad Akif Sadeq Mohajir. « Il y avait une mixité et le hijab (voile couvrant la tête et le cou) n’était pas respecté. C’est pourquoi une telle décision a été prise pour le moment », a-t-il poursuivi.

Attablée à un restaurant de Kaboul avec vue sur un parc de la ville, Wahida regarde, lasse, ses enfants jouer à travers les vitres faute de pouvoir les accompagner.

« Il n’y a pas d’école, pas de travail, nous devrions au moins avoir un endroit pour nous amuser », confie à l’AFP la mère de famille dépitée, qui vient d’être refoulée à l’entrée.

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021 après 20 ans de guerre et le retrait des troupes américaines, les talibans ont imposé une interprétation ultra-rigoriste de l’islam. Ils n’ont eu de cesse de restreindre les libertés de femmes à qui ils ont interdit les écoles secondaires et ordonné de porter le voile intégral. Exclues de la plupart des emplois publics, les femmes sont aussi empêchées de voyager seules en dehors de leur ville.

Des Afghans rassemblés au bord d’une route près de la partie militaire de l’aéroport de Kaboul dans l’espoir de fuir le pays après la prise de contrôle militaire de l’Afghanistan par les Talibans, le 20 août 2021. (Crédit : Wakil Kohsar/AFP)

Les parcs étaient l’un des derniers espaces de liberté qui leur était encore octroyé.

« Nous avons besoin d’un endroit pour nous amuser il en va de notre santé mentale. Nous en avons assez de rester à la maison toute la journée, nous sommes fatiguées de tout ça », se désespère Wahida, sans emploi comme son mari.

A la table d’à côté, Raihana, 21 ans, accompagnée de ses sœurs partage la même amertume. « Nous étions très excitées à l’idée de venir dans ce parc. Nous en avons marre de rester à la maison », explique la jeune fille qui déguste une glace avant de devoir repartir.

Etudiante en droit de l’islam, elle s’offusque de ce nouveau tour de vis : « Evidemment que dans l’islam il est permis de sortir et de visiter des parcs ».

« Autorisé à être joyeux »

A plusieurs kilomètres de là, sur les hauteurs de Kaboul, la grande roue du plus important parc d’Afghanistan est également à l’arrêt comme les balancelles, circuits voitures sur rail et autres manèges qui égayaient l’immense complexe à la vue imprenable.

Seule une poignée d’hommes se promènent nonchalamment dans les allées silencieuses du parc Zazaï créé il y a plus de six ans. Avant les restrictions des talibans, il pouvait accueillir jusqu’à 15 000 visiteurs un jour de weekend.

Cette photo prise le 9 novembre 2022 montre une vue générale du parc Habibullah Zazai, dans la banlieue de Kaboul. (Crédit : Wakil KOHSAR / AFP)

Dépité, le co-gérant ne comprend pas cette décision qui le condamne à mettre fin à son activité dans laquelle ont été investis quelque 11 millions de dollars et qui fait vivre quelque 250 employés.

« Sans femmes, les enfants ne vont pas venir seuls », relève Habib Jan Zazaï. « J’aurais aimé que les talibans nous donnent des raisons convaincantes », se désole-t-il, en expliquant que de nombreuses mères de famille avaient l’habitude d’y organiser des fêtes les années précédentes.

« Dans l’islam vous êtes autorisés à être joyeux. L’islam ne permet pas d’emprisonner les gens à leur domicile, » souligne le trentenaire.

« Avec de telles décisions, ils vont décourager les investisseurs et sans entrepreneurs qui payent des impôts comment peuvent-ils fonctionner ? », pointe Habib.

Professeur dans une école coranique de la ville de Kandahar, fief des talibans, Mohammad Tamim, 20 ans, qui sirote un thé avec ses amis dans le parc condamne lui aussi « cette mauvaise nouvelle ».

« Chaque humain a besoin psychologiquement de se divertir, d’étudier… Les musulmans ont besoin de se divertir surtout après 20 ans de guerre », insiste-t-il.

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