Arrestation de trois Palestiniens témoins présumés de la mort d’Ali Harb
Le Shin Bet refuse de commenter ces arrestations ; le suspect de meurtre est détenu au secret depuis jeudi, ce qui a suscité un rassemblement de protestation samedi soir
Les forces de sécurité israéliennes ont arrêté dimanche matin trois Palestiniens qui ont participé à une confrontation la semaine dernière au cours de laquelle un résident d’implantation israélien aurait poignardé à mort un Palestinien près d’Ariel en Cisjordanie.
Ali Hassan Harb a été tué lors d’une rixe entre résidents d’implantation et Palestiniens aux abords de sa ville natale d’Iskaka, mardi. Les Israéliens étaient apparemment venus inspecter le terrain en vue d’y construire un nouvel avant-poste illégal.
Le résident d’implantation soupçonné d’avoir poignardé Harb est détenu par le service de sécurité intérieure Shin Bet depuis jeudi. Un tribunal de Jérusalem a approuvé la demande de la police de placer les détails de l’enquête, notamment les noms du suspect, sous embargo. Ses avocats affirment qu’il a agi en état de légitime défense.
« Trois membres de la famille de Harb qui ont été témoins de l’incident ont été arrêtés, et nous ne savons toujours pas pourquoi ni où ils se trouvent », a déclaré le maire d’Iskaka, Osama Zaher, lors d’un appel téléphonique.
Un responsable de la sécurité israélienne a confirmé les arrestations au Times of Israel, mais a refusé de donner des précisions sur les raisons de la détention des trois personnes. Le Shin Bet s’est refusé à tout commentaire.
L’embargo demandé par la police israélienne empêche la publication de la plupart des détails de l’affaire.
Zaher a identifié les trois détenus comme étant l’oncle de Harb, Naim, un comptable employé par l’Autorité palestinienne, le fils de Naim, Firas, et Zaid Harb, qui est également le cousin du Palestinien poignardé.
Naim Harb a déposé une plainte officielle auprès de la police israélienne mercredi après l’incident, selon sa famille.
Des témoins palestiniens ont déclaré que Harb, un ingénieur de 27 ans, a été poignardé au cœur par le résident d’implantation israélien « sans raison ». Selon les Palestiniens, des policiers et des soldats étaient présents sur les lieux mais ne l’ont pas immédiatement arrêté.
La mort de Harb fait l’objet d’une enquête du service de sécurité Shin Bet et de l’unité des crimes nationalistes de la police israélienne dans la division de Judée et Samarie, qui enquête souvent sur la violence extrémiste juive.
Selon l’armée israélienne, les soldats sont arrivés peu après que Harb a été poignardé. Ils ont proposé d’emmener Harb dans une ambulance de l’armée vers un hôpital local, mais les Palestiniens ont refusé et l’ont évacué eux-mêmes, selon l’armée.
Des témoins palestiniens ont contesté ce récit. Ahmad Harb, qui a porté le corps de son cousin loin de la scène, a qualifié ce récit de « tissu de mensonges éhontés ».
« L’armée, les gardes des résidents d’implantation, la police, ils étaient tous là. Ils ont regardé pendant qu’il se faisait poignarder et nous ont ensuite empêchés de lui porter secours pendant 20 minutes », a déclaré Ahmad.
L’avocat de l’Israélien détenu a déclaré dans un communiqué que son client avait survécu de justesse à une attaque menée par des dizaines de Palestiniens.
« Il s’agit d’un événement au cours duquel des Juifs ont été miraculeusement sauvés. C’est un incident grave où des Arabes ont attaqué des Juifs », a déclaré Adi Kedar, un avocat de Honenu, une organisation d’aide juridique d’extrême-droite qui représente souvent des Juifs accusés de crimes haineux.
Samedi soir, des centaines d’Israéliens ont protesté contre la détention de l’homme devant le commissariat d’Ariel. Les manifestants tenaient des pancartes exhortant la police à « arrêter les émeutiers arabes ». Au cours du rassemblement, des législateurs de droite et d’éminents rabbins résidents d’implantation ont fustigé les soldats de Tsahal pour sa détention.
« Les conditions dans lesquelles il est détenu sont inappropriées. Ce n’est pas éthique », a déclaré à la foule la députée de droite Idit Silman, un membre renégat du parti Yamina.
« Merci d’être venus pour le soutenir. Plus important encore, vous vous battez pour notre patrie. Nous nous battrons ensemble », a ajouté Silman.
أُعلن استشهاد الشاب علي حسن حرب (27 عاماً) متأثراً بإصابته بطعنة مباشرة في القلب على يد مستوطن في قرية إسكاكا شرق سلفيت.. علي كان يتصدى مع عدد من الأهالي لمستوطنين نصبوا خيمة في أرض تقع غرب القرية بهدف الاستيلاء عليها. pic.twitter.com/2jf9FbX2oK
— AJ+ عربي (@ajplusarabi) June 22, 2022
Plus de 25 députés de droite ont signé la semaine dernière une lettre demandant au Shin Bet et à la police d’autoriser le suspect du meurtre à rencontrer son avocat. Mossi Raz, législateur de gauche du Meretz et grand défenseur des droits des prisonniers, a abondé dans ce sens.
« Tout homme, même le plus odieux des meurtriers, a droit à une représentation légale. J’espère que les députés de droite qui ont signé cette pétition se joindront à moi pour réclamer les mêmes droits pour les suspects palestiniens », a déclaré Raz.