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Assad pire qu’Hitler : Le porte-parole de Trump appelle Adelson pour s’excuser

Nancy Pelosi réclame le renvoi de Sean Spicer ; Associations juives et élus démocrates ont immédiatement dénoncé des propos antisémites ou révisionnistes

Sean Spicer, attaché de presse de la Maison Blanche, lors du point-presse quotidien dans la Salle Brady, réservée aux rencontres avec les journalistes, à la Maison Blanche, le 14 février 2017. (Crédit : Saul Loeb/AFP)
Sean Spicer, attaché de presse de la Maison Blanche, lors du point-presse quotidien dans la Salle Brady, réservée aux rencontres avec les journalistes, à la Maison Blanche, le 14 février 2017. (Crédit : Saul Loeb/AFP)

WASHINGTON – L’attaché de presse de la Maison Blanche, Sean Spicer, a contacté le méga-donateur républicain Sheldon Adelson mardi pour présenter ses excuses personnellement après avoir déclenché une controverse en affirmant qu’Adolf Hitler n’avait jamais utilisé d’armes chimiques, dans ce qui a été critiqué comme une tentative de minimiser l’Holocauste.

« Sean a téléphoné peu de temps après pour dire qu’il avait commis une terrible erreur et s’est excusé », a déclaré Andy Aboud, le porte-parole d’Adelson, dans un communiqué, selon Alex Isenstadt du Politico. Spicer lui-même a confirmé à CNN qu’il s’était entretenu avec Adelson.

De quelle manière l’appel a eu lieu, ou combien de contacts Adelson entretient généralement avec l’administration Trump, ces deux points n’ont pas été éclaircis.

Adelson, un magnat de casino milliardaire juif, dont la fortune l’a fait roi du GOP, a fait don de dizaines de millions de dollars pour la campagne électorale de Trump et sa cérémonie d’inauguration.

Lui et sa femme étaient à la tribune pour le serment inaugural de Trump, un rare honneur pour les donateurs.

Adelson, qui fait également des dons très importants à des causes pro-israéliennes et qui possède le quotidien israélien Israël Hayom, est considéré comme proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Mercredi matin, son tabloïd reflétait sa colère envers Spicer sur sa première page, et un article a qualifié les commentaires de « confusion ».

Le milliardaire juif des casinos, Sheldon Adelson (Crédit : Flash90/File)
Le milliardaire juif des casinos, Sheldon Adelson (Crédit : Flash90/File)

L’appel téléphonique a eu lieu après que Spicer s’est exprimé sur CNN pour présenter ses excuses sur les commentaires qu’il avait faits quelques heures plus tôt et qui avaient choqué la presse de Washington, les membres du Congrès, les institutions juives et les érudits de la Shoah.

« Nous n’avons pas utilisé d’armes chimiques pendant la Seconde Guerre mondiale », avait déclaré Spicer aux journalistes lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche. « Pendant la Seconde guerre mondiale, on n’a pas utilisé d’armes chimiques. Une personne aussi abjecte qu’Hitler n’est même pas tombée aussi bas que d’utiliser des armes chimiques ».

Appelé à préciser sa pensée par une journaliste quelques minutes après, il avait ajouté à propos des armes chimiques, dans une réponse sinueuse: « En ce qui concerne le gaz sarin, il (Hitler) n’a pas utilisé de gaz sur son propre peuple de la même façon qu’Assad (…) Je sais qu’il l’a mené à l’Holocauste. Mais je parle de la façon dont Assad a utilisé les gaz, quand il est allé dans les villes et les a lâchés sur des innocents, au milieu des villes… Merci de la clarification ».

Accusé d’avoir paru oublier les millions de Juifs, allemands ou autres, tués dans les chambres à gaz, le porte-parole avait ensuite apporté une nouvelle clarification, déclarant hors podium: « Je n’ai aucunement tenté de minimiser la nature terrible de l’Holocauste. J’ai essayé de créer un contraste avec la tactique consistant à utiliser des avions pour larguer des armes chimiques sur des centres de population ».

« Toute attaque contre des innocents est répréhensible et inexcusable », avait-il dit.

James Mattis (Crédit : autorisation)
James Mattis (Crédit : autorisation)

Peu après, le ministre de la Défense Jim Mattis avait relevé que « même pendant la Seconde guerre mondiale, des armes chimiques n’ont pas été utilisées sur les champs de bataille ».

« Depuis la Première guerre mondiale, il y a une convention internationale à ce sujet », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse.

Parlant avec Wolf Blitzer de CNN plus tard dans la journée, Spicer a exprimé ses remords pour cette comparaison et a essayé de distancer ses commentaires de son patron, le président américain Donald Trump.

« J’essayais évidemment de mettre en lumière les faits odieux qu’Assad avait commis contre son propre peuple la semaine dernière, en utilisant des armes chimiques et des gaz, et, franchement, j’ai utilisé une référence inappropriée et insensible sur l’Holocauste », a-t-il déclaré. « Pour cela, je m’excuse. C’était une erreur. »

« Mes commentaires aujourd’hui ne reflétaient pas ceux du président et ils étaient méconnus de lui, et sincèrement insensibles et faux », a-t-il ajouté. « Évidemment, c’était ma bévue ».

Nancy Pelosi, la chef de file de la minorité démocrate à la Chambre des Représentants (Crédit : sa page Facebook)
Nancy Pelosi, la chef de file de la minorité démocrate à la Chambre des Représentants (Crédit : sa page Facebook)

Associations juives et élus démocrates ont immédiatement dénoncé des propos antisémites ou révisionnistes.

« Rien de moins que pendant la Pâque juive, Sean Spicer a nié l’Holocauste, la forme la plus répugnante de +fake news+ possible, en niant qu’Hitler a gazé des millions de Juifs », a déclaré Steven Goldstein, directeur du centre Anne Frank aux Etats-Unis.

La leader de la Chambre des Minorités, Nancy Pelosi, a appelé Trump pour l’inciter à renvoyer le porte-parole suite à cet incident.

« Alors que les familles juives à travers l’Amérique célèbrent Pessah, le porte-parole en chef de la Maison Blanche minimise les horreurs de l’Holocauste », a déclaré Pelosi dans un communiqué, ajoutant que Spicer « doit être renvoyé » et Trump doit « désavouer » ses déclarations.

« Ou bien il parle pour le président, ou alors le président aurait dû savoir qu’il ne devait pas l’embaucher », a-t-elle déclaré.

Les critiques portaient aussi sur le fait que M. Spicer, dans sa réponse embrouillée, ait dit « son propre peuple », paraissant faire une distinction entre Allemands et Juifs.

« Hitler disait que les Juifs allemands n’étaient pas allemands afin de justifier ses atrocités », a rappelé l’élu démocrate Jerry Nadler sur Twitter.

« Le terme que vous cherchiez est camp de concentration », a aussi lancé le sénateur démocrate Ben Cardin, corrigeant apparemment le terme de « centre d’Holocauste » employé par M. Spicer.

La comparaison avec Adolf Hitler risque aussi de brouiller la position de l’administration Trump qui, si elle réclame le départ d’Assad du pouvoir, maintient que l’ennemi premier reste l’organisation Etat islamique.

La veille, Sean Spicer avait éludé lorsqu’un journaliste lui avait demandé si Donald Trump considérait Bachar al-Assad comme un criminel de guerre. « C’est aux tribunaux de décider », avait-il dit.

Concernant l’usage d’armes chimiques, « Hitler a largement eu recours aux gaz dans les camps de concentration, mais il ne les a jamais utilisés contre des soldats ou des villes », dit à l’AFP le professeur de science politique Richard Price, à l’Université de Colombie-Britannique à Vancouver, et auteur d’un ouvrage sur les armes chimiques.

Ancien porte-parole et stratège du parti républicain, Sean Spicer, 45 ans, a l’un des postes les plus exposés de Washington, faisant face aux journalistes plusieurs fois par semaine pour défendre la cohérence de l’action présidentielle.

Mais il est régulièrement apparu mal préparé ou approximatif, créant parfois la confusion sur la position réelle de l’administration.

Lundi, il avait par exemple dit que Donald Trump serait prêt à agir militairement si le régime syrien larguait plus de barils explosifs, semblant créer une nouvelle « ligne rouge ». La Maison Blanche avait ensuite corrigé ses propos.

Il avait laissé entendre en mars, sur la foi de commentaires diffusés sur la chaîne Fox News, que le service de renseignement britannique GCHQ avait placé sur écoute le candidat Trump sur ordre de Barack Obama. L’affirmation, démentie, avait provoqué un incident diplomatique avec Londres.

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