Attentat de l’AMIA : Menem acquitté, le juge condamné pour entrave à l’enquête
L'impunité perdure aussi au sujet de l'attentat à la bombe contre l'ambassade d'Israël à Buenos Aires en 1992

L’ex-président argentin Carlos Menem a été acquitté alors que le juge Juan José Galeano a été condamné à 6 ans de prison pour avoir torpillé l’enquête sur l’attentat de 1994 à Buenos Aires visant la communauté juive.
Le tribunal a rendu son verdict jeudi, après un procès de plus de trois ans, et condamné aussi l’ancien patron des services secrets argentins Hugo Anzorreguy, à une peine de 4 ans et demi de prison.
Vingt-cinq ans après, l’attentat contre le centre juif argentin AMIA qui a fait 85 morts et 300 blessés n’a toujours pas été élucidé par la justice. Israël et l’Argentine affirment que l’Iran a ordonné cet attentat et celui de 1992.
L’impunité perdure aussi au sujet de l’attentat à la bombe contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires en 1992 (29 morts, 200 blessés).
Le ministère public avait requis, en décembre 2017, une peine de quatre ans de prison contre Carlos Menem, 88 ans, et de 13 contre le juge Galeano, accusé d’avoir remis 400 000 dollars à Carlos Telleldín, indic de la police, pour qu’il accuse un groupe de policiers. Il a nié avoir agi sur ordre de Carlos Menem.
Tout au long du procès, Menem a refusé de s’exprimer, disant que s’il parlait « cela pourrait affecter les intérêts de l’Argentine et provoquer la rupture d’une coexistence pacifique » avec d’autres pays.
« Je suis en paix. Nous voulions la vérité et qu’il paient pour ce qu’ils ont fait. L’enquête doit se poursuivre », a réagi Jorge Burstein, membre d’une des trois associations de victimes qui étaient partie civile.
Menem « est soulagé. Il n’y a jamais eu un ordre donné de sa part pour interrompre l’investigation », a déclaré l’avocat de l’ancien président, Omar Daer, à la sortie du tribunal.
Le juge Galeano avait dit lundi pour sa défense que l’enquête sur l’attentat de l’Amia (Association mutuelle israélite argentine) « a été victime des misérables luttes internes au sein des services de renseignement ».
Outre le juge et l’ex-patron des services de renseignement, deux policiers ont été condamnés (à 3 ans de prison), de même que deux ex-procureurs (2 ans) alors que M. Telleldin écope de trois ans et demi.
Une autre procédure pour entrave à l’enquête sur l’attentat de l’Amia a été ouverte contre l’ex-présidente Cristina Kirchner, qui a été mise en examen en 2017. C’est un accord conclu par Mme Kirchner avec l’Iran qui est mis en cause: il prévoyait l’audition à Téhéran, par des juges argentins, de dirigeants iraniens suspects. Mais l’accord est resté lettre morte.
L’Iran a toujours refusé de livrer les diplomates iraniens soupçonnés d’avoir participé à la préparation de l’attentat