Au Royaume-Uni et en Australie, les élus tentent d’empêcher les manifestations devant les synagogues
Le projet de loi permettrait à la police d'Angleterre et du Pays de Galles de contrôler l'itinéraire et le calendrier des manifestations près des lieux de culte ; de semblables dispositions s'appliquent en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie

JTA — Le gouvernement britannique souhaite que la police puisse empêcher les manifestations organisées devant les lieux de culte, emboîtant le pas aux élus australiens qui ont pris une mesure similaire au début de l’année.
En Angleterre, cette nouvelle mesure, qui fait partie d’un projet de loi sur le maintien de l’ordre actuellement en cours d’examen au Parlement, permettrait à la police d’Angleterre et du Pays de Galles d’avoir son mot à dire sur l’itinéraire et le calendrier des manifestations organisées à proximité des lieux de culte, lit-on dans le Guardian.
La ministre britannique de l’Intérieur, Yvette Cooper, a déclaré mercredi à une organisation juive que ces dispositions auraient vocation à empêcher les manifestations devant les synagogues. Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, en 2023, les manifestants pro-palestiniens ont organisé de nombreuses manifestations dont l’itinéraire passait parfois devant des synagogues le jour de Shabbat.
« Le droit de manifester ne doit pas porter atteinte au droit de culte. Et tout le monde a le droit de vivre sans avoir peur », a-t-elle déclaré lors du dîner annuel du Community Security Trust, une organisation de sécurité juive.
Cette initiative fait suite à la contestation, par les organisateurs d’une manifestation pro-palestinienne prévue un samedi de janvier dernier à Londres, de l’ordre de la police de ne pas s’approcher d’une synagogue. Les amendements proposés par Cooper au projet de loi sur la criminalité et le maintien de l’ordre permettraient à la police de faire respecter de telles ordonnances.
« J’ai soutenu avec fermeté les mesures prises par la police métropolitaine ces dernières semaines et derniers mois pour détourner les itinéraires des manifestations des synagogues le samedi matin », a déclaré Cooper lors du dîner du CST. « Mais je sais à quel point la communauté a dû se battre – et ce, à chaque fois. J’ai entendu votre demande. »

En vertu d’un autre amendement à ce projet de loi sur le maintien de l’ordre, le futur mémorial de la Shoah de Londres figurerait sur la liste des mémoriaux protégés contre les tentatives d’escalade.
De pareilles mesures ont été adoptées dans l’État de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie, le mois dernier, grâce à plusieurs lois qui criminalisent pour partie les manifestations organisées devant les lieux de culte.
En 2023, les fidèles d’une synagogue de Melbourne avaient reçu l’ordre de la police d’évacuer les lieux en raison du passage à proximité d’une manifestation pro-palestinienne : à l’époque, c’est-à-dire dans les douze premiers mois suivant le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas, le nombre des actes antisémites avait triplé.
En Nouvelle-Galles du Sud, cette loi a été plus ou moins bien accueillie, certains regrettant son impact sur la liberté d’expression.
« Je salue l’engagement du gouvernement à lutter contre l’effroyable regain d’antisémitisme et d’islamophobie, mais il faut faire attention à ne pas pour autant porter atteinte aux droits civiques ou empêcher les manifestations », déclarait en février au Guardian le maire de Sydney, Clover Moore.
En Angleterre, l’annonce de Cooper est accueillie par les organisations juives avec un optimisme prudent.
« Les manifestations organisées le jour de Shabbat ont souvent perturbé la vie communautaire de plusieurs synagogues du centre de Londres », affirme dans un communiqué le Jewish Leadership Council, en charge de la supervision des organisations juives.
« Nous avons hâte de voir les détails de tous ces futurs amendements, avec l’espoir qu’ils rétablissent comme il se doit l’équilibre entre le droit de manifester et celui de notre communauté à pratiquer sa religion sans craintes ni intimidations. »