Belgique : l’abattage rituel casher désormais interdit en Wallonie
La shehita était déjà interdite dans les Flandres depuis le 1er janvier 2019 ; les responsables religieux juifs comme musulmans ont réagi vigoureusement face à cette législation
L’abattage rituel (l’abattage des animaux sans étourdissement préalable) est désormais interdit en Wallonie, la partie francophone de la Belgique, depuis le 1er septembre.
Il était déjà interdit dans les Flandres depuis le 1er janvier 2019.
Si cette législation avait été approuvée en juillet 2017 pour l’ensemble du pays, un délai était prévu avant sa mise en œuvre. Elle n’a pas encore été appliquée dans la région de Bruxelles.
Si la loi belge impose aux abattoirs de tuer les bêtes « suivant la méthode la moins douloureuse », elle permettait jusqu’alors une exception pour les religions.
Responsables religieux juifs comme musulmans ont ainsi réagi vigoureusement face à cette législation.
« Il est regrettable qu’une fois de plus, du cœur de l’Europe, un endroit qui devrait servir d’exemple pour tous les pays du continent, provient un appel à la guerre contre la liberté religieuse des minorités. Une fois de plus, la capitale européenne projette une tache noire sur des cieux européens qui vont s’assombrissant », a déclaré le Rav Pinchas Goldschmidt, président de la Conférence des rabbins européens.
Avraham Guigui, grand rabbin de Belgique, a lui expliqué à Arutz7 que la Cour constitutionnelle belge devant laquelle un recours a été présenté, a transmis le dossier à la Cour des droits de l’homme au Luxembourg. « Notre argument est que la loi belge contrevient aux lois européennes qui interdisent aux pays membres de l’UE de bannir l’abattage rituel », a-t-il expliqué.
« Aujourd’hui, la région de Bruxelles attend la décision de la Cour des droits de l’homme… Si celle-ci abroge la loi, l’abattage rituel sera permis dans toute la Belgique. Mais, dans le cas contraire, il nous sera difficile d’éviter une loi similaire à Bruxelles. Car, ils diront qu’il n’y a pas d’atteinte aux droits religieux en la matière », a-t-il ajouté.
L’importation de viande casher en Belgique ne serait néanmoins pas menacée malgré la législation actuelle. Mais, Avraham Guigui avertit : « Notre problème n’est pas simplement l’abattage en Belgique, mais bien le problème de fond. Il y a une violation des droits religieux des Juifs belges et nous craignons qu’à partir de là, les choses fassent boule de neige et atteignent d’autres pays. Et qu’à la fin, nous n’ayons plus d’endroit d’où importer la viande. Nous nous battons pour nos droits en Europe et nous ne voulons pas permettre l’ouverture d’une porte qui mènera à l’interdiction de la shehita [méthode d’abattage rituel des animaux] dans d’autres endroits. »
La shehita impose que les animaux soient conscients au moment où leurs gorges sont tranchées, une pratique jugée cruelle, mais dont les défenseurs assurent qu’elle est plus bienveillante que les méthodes mécanisées employées dans les abattoirs non casher.
Les musulmans effectuent l’abattage de leurs animaux de manière similaire, avec moins de restrictions, pour produire de la viande halal.
La moitié de la population juive de Belgique, qui s’élève à 40 000 personnes, vit dans la région flamande. Les 20 000 autres vivent dans la région de Bruxelles. Les abattoirs casher d’Anvers, la capitale de la région flamande, fournissent de nombreuses communautés juives européennes en viande.
En France, la dirigeante du Rassemblement National (RN) Marine Le Pen, a également estimé pendant la dernière campagne présidentielle que l’abattage sans étourdissement préalable « devrait être interdit ».
Des pressions pour interdire l’abattage rituel ont également eu lieu en Autriche, en Hollande, en Pologne, en Angleterre, et en Suisse.