Bennett rejette les commentaires américains sur le projet de loi sur « l’Etat juif »
Le ministre de l’Economie estime que « c’est un problème interne, et que personne n’a le droit de s’en mêler »
Naftali Bennett a rejeté mardi certaines critiques américaines du projet de loi consacrant dans la loi, Israël comme un Etat-nation juif.
« Je dis aux Américains que c’est nous qui gérons les affaires de l’Etat d’Israël (…) », a dit Bennett à la radio militaire. « En fin de compte, c’est notre problème, un problème interne, et je ne pense pas que quiconque a le droit de se mêler de cela. »
Dans une conférence de presse la veille, le porte-parole du département d’Etat Jeff Rathke a déclaré que les Etats-Unis avaient compris que la proposition n’était que le « début d’un processus, et donc je ne veux pas spéculer sur le résultat, » mais il a ajouté que les Etats-Unis « s’attendaient à ce que toute législation finale poursuive l’engagement d’Israël sur ses principes démocratiques. »
Il a ajouté : « La position des Etats-Unis, qui est inchangée, a été claire depuis des années – et le président et le secrétaire [d’État] l’ont également réitéré – c’est qu’Israël est un Etat juif et démocratique dans lequel tous les citoyens doivent bénéficier de droits équivalents. »
Le projet de loi en question, qui a connu plusieurs projets antérieurs, mais attend la rédaction d’une proposition finale du cabinet qui doit être présentée à la Knesset la semaine prochaine, consacrerait l’identité d’Israël en tant qu’Etat juif dans la Loi fondamentale du pays.
La Loi fondamentale proposée a des ramifications pratiques, a fait valoir Bennett, « par exemple sur la question de l’infiltration [des immigrants et des réfugiés africains], et sur la question de l’unification de la famille [permettant aux Palestiniens de Cisjordanie d’obtenir la citoyenneté israélienne par des parents israéliens]. En cela, la loi est opportune. »
Le projet de loi « est très tardif, » a ajouté le chef du parti HaBayit HaYehudi. « Il y a vingt ans, nous avions une révolution constitutionnelle» sous la forme de l’adoption de deux Lois fondamentales, l’une sur « la dignité humaine et la liberté » et la seconde sur « la liberté de la vocation », qui « place les droits individuels au-dessus de l’identité d’Israël comme Etat-nation [du peuple juif], » a expliqué Bennett.
« Cela a créé un déséquilibre, et le projet de loi vise à restaurer cet équilibre selon lequel l’Etat d’Israël est un Etat juif et démocratique. Aujourd’hui, le fait qu’Israël soit un Etat juif n’a pas de valeur constitutionnelle. »
La question aura un effet spectaculaire pour l’avenir d’Israël, a assuré Bennett : « Voulons-nous une entrée massive des étrangers en Israël ? »
Il a ajouté que le projet de loi pourrait contrecarrer les demandes d’autodétermination nationale par les Arabes de Galilée ou dans le Néguev où ils sont majoritaires.
Lundi, Abraham Foxman, le leader de l’Anti-Defamation League a déclaré dans un communiqué que le débat sur le caractère juif et démocratique d’Israël « a sapé la nature de cet élément essentiel de l’identité nationale d’Israël. Les tentatives visant à codifier davantage ce concept dans les lois fondamentales sont bien intentionnées, mais inutiles. Il est troublant de constater que certains ont cherché à utiliser le processus politique pour promouvoir des projets qui pourraient être perçus comme une tentative de limiter le caractère démocratique d’Israël en faveur de son caractère juif. »