Californie : Une université annule le discours d’une étudiante pro-palestinienne pour raisons de « sécurité »
Asna Tabassum, étudiante en "résistance aux génocides" et accusée d'antisémitisme par certains groupes, se dit victime d'une "campagne de haine" et accuse l'USC de "céder à la peur"'
Le discours public d’une étudiante pro-palestinienne a été annulé par l’Université de Californie du Sud (USC), qui invoque des raisons de « sécurité » à cause des polémiques engendrées par la guerre menée par Israël contre le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas à Gaza.
Major de promotion de ce prestigieux établissement de Los Angeles, Asna Tabassum devait prendre la parole lors de la remise des diplômes prévue en mai.
Mais la direction a décidé lundi de ne pas honorer cette tradition, à cause de la « tournure alarmante » prise par la controverse entourant cette étudiante musulmane, qui soutient la cause pro-palestinienne sur les réseaux sociaux.
Le recteur de l’université, Andrew Guzman, a déclaré que l’annulation n’avait « rien à voir avec la liberté d’expression » et il a invoqué « des risques substantiels de sécurité et de perturbations lors de la cérémonie de remise des diplômes », qui doit accueillir 65 000 personnes sur le campus.
« Nous ne pouvons ignorer le fait que des risques similaires ont conduit à du harcèlement et même à des violences sur d’autres campus », a-t-il fait valoir dans un e-mail.
Mme Tabassum se dit elle victime d’une « campagne de haine » de la part de militants « anti-musulmans et anti-palestiniens », destinée à la « réduire au silence ».
« En annulant mon discours, USC ne fait que céder à la peur et récompenser la haine », a déploré cette étudiante en ingénierie biomédicale, dans un communiqué.
Trojans for Israel, un groupe basé à l’USC, et We Are Tov (« bon » en hébreu), un groupe prônant le soutien à Israël et aux Juifs dans la vie universitaire, avaient demandé au début du mois que Tabassum soit démise de ses fonctions d’oratrice de la cérémonie de remise des diplômes, affirmant qu’elle avait adopté des points de vue antisémites dans le passé.
Les médias locaux ont rapporté que les deux groupes s’étaient opposés à Tabassum sur la base de son profil sur les médias sociaux, y compris un compte Instagram avec un lien dirigeant les utilisateurs vers un diaporama sur « ce qui se passe en Palestine et comment aider ». Il plaide pour « un État palestinien » et « l’abolition complète de l’État d’Israël ».
Tabassum a déclaré à une filiale de NBC News qu’elle avait posté le lien cinq ans auparavant et qu’elle n’était pas l’autrice du diaporama.
Dans sa déclaration, Tabassum a indiqué que ses études de premier cycle sur la résistance aux génocides lui avaient montré qu’il était dangereux de permettre que les « appels à l’égalité et à la dignité humaine » soient délibérément confondus avec des « expressions de haine ».
« En raison de la peur généralisée, j’espérais utiliser mon discours de remise des diplômes pour inspirer mes camarades de classe avec un message d’espoir », a-t-elle écrit
Cet épisode est une nouvelle illustration des tensions à l’œuvre sur les campus américains depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas il y a six mois.
Les manifestations y sont fréquentes et certains établissements prestigieux ont été accusés de tolérer des discours antisémites.
Les présidentes d’Harvard et de l’université de Pennsylvanie ont notamment démissionné, après une audition polémique au Congrès sur leur manière d’encadrer d’éventuelles dérives.
Mercredi, la présidente de l’université Columbia doit également être entendue par les parlementaires américains sur ce sujet.
A Los Angeles, USC a déjà été le théâtre de précédents incidents. Fin novembre, un professeur juif a été banni plusieurs jours du campus à cause d’une polémique suscitée par ses propos.
« Le Hamas, c’est des meurtriers », avait déclaré John Strauss face à un rassemblement d’étudiants pro-palestiniens. « C’est tout ce qu’ils sont. Tout le monde devrait être tué, et j’espère qu’ils le seront tous. »
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 253 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.