Ce que Liberman pourrait apprendre du dernier chef de la Défense non général d’Israël
Comme le chef du parti Travailliste Amir Peretz, franc et pacifique, Liberman manque d’expérience pour ce poste à la sécurité et doit éviter une mauvaise gestion de l’armée
JTA — C’était un politicien franc mais avec peu d’expérience militaire, nommé par un rival et promettant de proposer une nouvelle approche. Des officiels en poste et d’anciens responsables au ministère de la Défense ont qualifié cette nomination « d’énigme », affirmant qu’il « faudra du temps avant qu’il ne comprenne comment les choses marchent » et qu’ « il devra passer par un entraînement basique ».
L’objet de cette critique n’était pas Avidgor Liberman, le nationaliste à la ligne dure avec peu d’expérience de l’armée à qui l’on a proposé le porte-feuille de la Défense dans une décision surprise mercredi. Il s’agissait d’Amir Peretz, le dernier non général à occuper le poste, brièvement de 2006 à 2007.
Peretz et Liberman n’ont effectivement pas grand chose en commun. Avant de servir comme ministre de la Défense Peretz, originaire de la zone frontalière de Gaza, était le chef du parti Travailliste et le président de la fédération Travailliste Histradrut d’Israël. Il est connu pour ses positions pacifiques et soutient la paix entre Israéliens et Palestiniens.
Liberman, qui vit dans une implantation de Cisjordanie, est le chef du parti à la ligne dure, Yisrael Beytenu. Son plan de paix inclut de retirer une partie d’Israël pour exclure une partie importante des citoyens arabes.
Mais Liberman ferait mieux d’éviter les erreurs du ministre de la Défense Peretz, connu pour sa mauvaise gestion de l’armée et son implication dans le lancement d’une guerre très controversée. Peretz a fait campagne pour les élections de mars 2006 sur des questions fortes, sociales et économiques, mais a pris le poste de ministre de la Défense seulement après que son parti soit arrivé en deuxième position dans une coalition menée par le parti centriste Kadima.
Il a tout de suite été mis à l’épreuve lorsque le Hamas a enlevé le soldat israélien Gilad Shalit à la frontière de Gaza en juin, et que le Hezbollah a enlevé et tué deux soldats à la frontière libanaise en juillet. La Guerre du Liban de 2006 a suivi, entraînant la mort de 165 Israéliens dans ce qui a été vu comme une campagne militaire très mal organisée.
Peretz a démissionné après qu’un rapport du gouvernement de 2007 a critiqué les dirigeants israéliens pour de « sérieux manquements et des erreurs de planification et de réflexion stratégiques ». L’une des dernières images de son mandat était la photo ridicule de Peretz observant des troupes à travers des jumelles alors que les caches se trouvaient encore dessus.
Liberman est un faucon dur qui s’est introduit dans le discours sécuritaire d’Israël en fustigeant le Premier ministre Benjamin Netanyahu parce qu’il aurait hésité lors de la guerre de 2014 et pour avoir appelé à instituer la peine de mort pour les terroristes. En mars, il s’est prononcé en faveur d’Elor Azaria, le soldat qui a abattu le terroriste déjà au sol à Hébron.
Tout comme les officiels de la Défense ont mis au défi Peretz, l’actuel ministre de la Défense, Moshe Yaalon, n’a pas eu peur de formuler ses préoccupations sur son remplacement apparent. Jeudi, il a dit qu’Israël avait perdu « sa boussole morale ».
Yaalon, un ancien politique de gauche qui est passé à droite, s’est détourné de sa base en critiquant Azaria et en défendant un officiel de Tsahal qui a comparé Israël à l’Allemagne des années 1930. Mais peu mettaient en doute les références de Yaalon en matière de sécurité.
Liberman et Peretz ne sont pas les seuls ministres de la Défense à prendre le poste sans expérience de combat de haut rang. Shimon Peres n’était pas général, ni Moshe Arens, qui ont tout les deux occupé cette fonction dans les années 1990. Mais Peres a servi en tant que directeur général du ministère de la Défense dans les années 1950, tandis que Arens occupait une position importante dans les Industries de l’Aviation israélienne, qui fournit l’armée.
Malgré ses carences en expérience militaire, Liberman a déjà eu quelques paroles de bienvenue de politiciens de droite, mais il devra maintenant faire face au défi de démontrer qu’il peut occuper le poste au sommet de la sécurité israélienne.
Mercredi, le professeur de sciences politiques de Bar-Ilan, Shmuel Sandler a déclaré au JTA que « Liberman devra être souple pour gagner la confiance de l’armée ».