Confinement: Le taux de dépression chez les femmes enceintes et jeunes mères a doublé
Le chercheur se dit « surpris » par les chiffres élevés, et avertit que, même si les confinements semblent appartenir au passé, le retour à la normale prendra du temps
Selon une nouvelle étude menée pendant la pandémie de coronavirus en Israël, deux femmes qui ont accouché sur cinq ont connu une dépression prénatale ou postnatale, soit le double des taux enregistrés avant le COVID.
Des chercheurs de l’Université Ben Gurion ont étudié 730 femmes israéliennes qui ont accouché entre juillet 2020 et février 2021, période pendant laquelle a eu lieu le troisième confinement, et ont constaté que 40 % d’entre elles avaient signalé des formes de dépression avant l’accouchement et/ou au cours de la première année de vie du bébé.
L’étude fait suite à d’autres publications, nombreuses, sur les dommages causés par la pandémie à la santé mentale des personnes, en particulier les femmes, les enfants et les plus vulnérables.
Selon l’étude, les femmes sans emploi et celles inquiétées par le coronavirus étaient beaucoup plus susceptibles de développer une dépression.
Les femmes au chômage étaient quatre fois plus susceptibles que les autres d’être déprimées, et celles que le coronavirus inquiétait fortement, trois fois plus.
La recherche, évaluée par des pairs, fait partie d’une étude de 12 pays menée par la Dr Samira Alfiomi-Ziadna du Centre de recherche et de promotion de la santé des femmes de l’Université Ben Gurion. La composante non israélienne n’a pas encore été publiée.
Les femmes participant à l’étude ont été interrogées et évaluées selon des critères traditionnellement utilisés par les professionnels de la santé mentale, avant l’accouchement et un an après la naissance.
« Nous avons été très surpris de voir à quel point les taux avaient augmenté, car avant la pandémie, 15% à 20% des femmes qui accouchaient souffraient de dépression pré ou post-natale », a indiqué Alfiomi-Ziadna au Times of Israel. « C’est très préoccupant, et même si nous ne connaissons plus de confinement à l’avenir, nous pensons qu’il faudra du temps pour que les taux reviennent aux niveaux d’avant la pandémie. »
L’étude a révélé qu’en Israël, les femmes arabes étaient beaucoup plus sensibles à la dépression que les femmes juives. Près de 58 % des femmes arabes interrogées ont signalé une dépression, 36 % pour les femmes juives.
Elle pense que la fragilité socio-économique est l’explication principale. « Les niveaux économiques ont tendance à être plus bas, et cela semble avoir un impact fort », a-t-elle précisé.

Elle a attribué le pic [de dépressions] aux confinements. « Être à la maison pendant les confinements dûs au coronavirus a chamboulé les structures de soutien social et familial normales », a-t-elle commenté.
« Il y a également eu des conséquences économiques, qui ont favorisé la dépression et l’anxiété pendant la grossesse et après l’accouchement. C’est par exemple le cas des femmes qui ne sont pas retournées au travail, ou celui des femmes dont les maris ont perdu leur emploi. »
Une série d’études, en Israël et ailleurs, ont mis en évidence des hausses soudaines du nombre de victimes de dépression, stress, violence domestique et autres effets secondaires de la pandémie.
Alfiomi-Ziadna a déclaré que la découverte devrait inciter les prestataires de soins de santé et les familles à une plus grande vigilance.
« Le dépistage systématique de la dépression chez les jeunes mères aurait beaucoup de sens, et les membres de la famille devraient également être conscients du risque de dépression », a-t-elle conclu.