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Contre l’avis des États-Unis, de nouveaux pouvoirs pour les Palestiniens à l’ONU

L'Assemblée générale a voté pour l'octroi de pouvoirs supplémentaires à l'AP en 2019 ; les États-Unis, Israël et l'Australie ont voté contre

L'ambassadeur palestinien aux Nations unies Riyad Mansour s'exprime à l'Assemblée générale de l'ONU, le 16 octobre 2018. (Crédit : UN webtv)
L'ambassadeur palestinien aux Nations unies Riyad Mansour s'exprime à l'Assemblée générale de l'ONU, le 16 octobre 2018. (Crédit : UN webtv)

L’Assemblée générale des Nations unies a attribué mardi aux Palestiniens, qui ont le statut d’observateurs, des pouvoirs légaux supplémentaires afin qu’ils puissent exercer en 2019 la présidence du Groupe des 77, un nouveau rôle dénoncé par les États-Unis.

Une résolution en ce sens amenée par l’Égypte, a été approuvée par 146 pays sur les 193 représentés à l’ONU. Trois pays ont voté contre – les États-Unis, Israël et l’Australie -, quinze se sont abstenus, le reste ne s’est pas déplacé pour le scrutin. Nikki Haley, ambassadrice américaine à l’ONU, a qualifié ce vote « d’erreur ».

Cette résolution donne aux Palestiniens « la capacité de parler, de parrainer des textes, des prérogatives qu’ils n’ont pas comme observateurs », explique un diplomate anonyme. Ces droits se prolongeront pour toute la durée de la présidence du G77, plus grosse coalition d’états en développement au sein des Nations unies. Les Palestiniens prendront la présidence du bloc à compte du 1er janvier 219, pour un mandat d’un an.

La résolution contient une série de modalités « pour la participation de l’État de Palestine » aux différentes sessions et conférences internationales auxquelles participera le G77 l’année prochaine.

Une annexe jointe cite entre autres « le droit de faire des déclarations au nom du groupe des 77 et de la Chine », « le droit de se porter co-auteur de propositions et d’amendements » et « le droit de soulever des motions de procédure ».

Présider le G77 « permettra aux Palestiniens d’obtenir une reconnaissance internationale, montrera qu’ils sont un acteur international capable de parler d’autre chose que du conflit israélo-palestinien », ajoute ce diplomate.

Le 27 septembre, en marge de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, « le Groupe des 77 et de la Chine », qui comprend en réalité 134 pays, avait choisi la Palestine, qui n’est pas un État-membre pour assumer sa présidence tournante en 2019.

« Les Palestiniens ne sont pas un état-membre de l’ONU, pas un État du tout », a réagi dans un communiqué l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley.

« L’erreur de l’ONU sape les espoirs de paix en alimentant l’illusion entretenue par certains dirigeants palestiniens qu’ils peuvent avancer vers leurs objectifs sans négociations de paix directes avec les Israéliens », a-t-elle ajouté, jugeant que « le vote n’aide en rien le peuple palestinien ».

La vice-ambassadrice d’Israël aux Nations unies Noa Furman a déclaré que cette résolution « affaiblit et mine l’ONU ». Même s’il ne s’agit que d’un artifice technique, ce document octroie aux Palestiniens des droits qui dépassent ce qui est requis pour présider le G77, selon elle. Elle accuse Ramallah d’avoir une « attitude manipulatrice ».

La vice-ambassadrice israélienne à l’ONU s’exprime à l’Assemblée générale, le 16 octobre 2018. (Crédit : UN webtv)

Seuls les États-membres devraient avoir le droit de parler et d’agir au nom d’un groupe de pays pour Jonathan Cohen, vice-ambassadeur des États-Unis à l’Assemblée avant le vote.

Qualifiant cette résolution de « malavisée », Cohen a averti que les États-Unis « ne laisseront planer aucun doute quant à leur position » et ne reconnaîtront pas le nouveau rôle des Palestiniens à l’ONU.

« Quand les Palestiniens parleront en tant que président du G77 à l’Assemblée générale, nous rappellerons aux autres états-membres que les États-Unis ne reconnaissent pas d’État de Palestine et qu’aucun État de ce nom n’a été admis comme État-membre à l’ONU », a-t-il ajouté.

Mardi, plusieurs pays européens dont le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l’Allemagne ont tenu à souligner que leur vote positif n’équivalait pas à une reconnaissance de la Palestine comme un État, mais visait à garantir une présidence réussie du G77.

Ils ont également salué le fait que l’extension des privilèges accordés aux Palestiniens soit limitée dans le temps.

L’Australie a déclaré que son vote négatif reflète la position qu’a toujours adoptée Canberra. Les démarches unilatérales entreprises par les Palestiniens sont « profondément inutiles » aux efforts permettant de parvenir à une solution à deux états, selon l’Australie.

Au début de la semaine, le Premier ministre Scott Morrison et sa ministre des Affaires étrangères Marise Payne, ont déclaré dans un communiqué conjoint que cette résolution « vise à conférer à l’Autorité palestinienne un statut officiel qu’elle n’a pas, et par conséquent, elle a le potentiel de miner les efforts mis en oeuvre pour parvenir à un accord de paix ».

Riyad Mansour, l’ambassadeur palestinien à l’ONU, a remercié les pays qui ont voté en faveur de cette résolution.

« Ce vote montre le multilatéralisme sous son meilleur jour », a lancé devant l’Assemblée générale Riyad Mansour. « Ce vote est une expression de respect à l’égard de la décision du G77 » de confier sa présidence aux Palestiniens, a-t-il estimé.

« L’État de Palestine n’épargnera aucun effort pour prouver qu’il est digne de confiance dans sa capacité à défendre les intérêts du G77 et de la Chine, tout en s’engageant de manière constructive et de façon inclusive et transparente avec tous les partenaires, dans une coopération et des accords mutuellement bénéfiques, pour le bien de l’ensemble de l’humanité », a-t-il dit.

La résolution de mardi, soumise par l’Égypte au nom des 134 pays du G77, rappelle que « l’État de Palestine » est déjà « membre à part entière de plusieurs institutions spécialisées et organes de l’Organisation des Nations unies » et reconnait qu’il « revient à chaque groupe de définir les modalités de sa représentation et de sa direction ».

Les résultats du vote de la résolution A/73/L.5 par l’Assemblée générale de l’ONU, le 16 octobre 2018. (Crédit : UN webtv)

Avant le vote, l’Égypte a introduit la résolution en affirmant qu’il est nécessaire de garantir « la mise en oeuvre de la présidence » palestinienne du G77.

Initialement créé en 1964 par un consortium de 77 pays, dont l’Égypte, l’Arabie saoudite, le Brésil, la Thaïlande et l’Inde, le bloc a grandi et comprend désormais l’Afrique du Sud, le Qatar, Cuba, la Bosnie Herzégovine, Singapour et l’Angola.

Il comprend près des trois-quarts des pays-membres de l’ONU, et près de 80 % de la population mondiale.

En juillet, quand l’élection a été annoncée, l’ambassadeur israélien aux Nations unies Danny Danon avait fait part de sa réticence.

« L’objectif du Groupe des 77 était de faciliter le progrès économique des pays sous-développés », avait-il expliqué au Times of Israël à l’époque.

« C’est malheureux qu’il devienne une plate-forme de diffusion de mensonges et de provocations. Cela ne servira pas les objectifs du G77 et encouragera les Palestiniens à ne pas s’impliquer dans les négociations de paix. »

L’AFP a contribué à cet article.

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