D’anciens soldats de Tsahal réparent des vieux chars pour créer un nouveau Bataillon
"S'il y a des hommes avec lesquels j'aimerais aller sur le front, c'est bien ceux-là", s'exclame une recrue ; le Bataillon a d'ores et déjà mené des missions à Gaza
Incarnant un certain esprit de volontarisme et une franche capacité à réfléchir hors des sentiers battus, un groupe de soldats n’ayant plus porté l’uniforme depuis longtemps s’est intéressé à des chars retirés du service par Tsahal pour créer Phoenix, un nouveau Bataillon qui s’est d’ores et déjà aventuré à Gaza.
L’idée a germé dans la tête de Dan Levit, qui travaille dans le secteur des hautes-technologies et qui est major dans la réserve militaire – une idée qui lui est venue, dit-il, trois jours seulement après l’assaut meurtrier commis sur le sol israélien par des terroristes du Hamas, le 7 octobre. Ce jour-là, des milliers d’hommes armés avaient envahi Israël, massacrant 1200 personnes et kidnappant 240 personnes, prises en otage dans la bande de Gaza.
Selon un reportage diffusé sur la Douzième chaîne, Levit avait alors rencontré un autre officier de réserve, Erez Saadon, au kibboutz Beeri, l’une des communautés les plus durement touchées lors de l’assaut. Conscients du fait que l’armée manquait de chars, les deux hommes ont localisé 95 tanks qui avaient été retirés du service par Tsahal.
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Avec sa liste à la main, Levit est allé d’une base militaire à l’autre pour tenter de faire le point sur les tanks immobilisés.
Les soldats ont d’abord ri de cette initiative, dit Levit devant les caméras de la Douzième chaîne – mais en réalisant qu’il était sérieux, ils lui ont demandé ce qu’ils pouvaient faire pour lui venir en aide.
L’armée a offert des techniciens pour vérifier si les chars pouvaient être réparés – déterminant que dix d’entre eux pouvaient être opérationnels dans les trois jours et que d’autres pourraient être prêts plus tard.
« Nous avons mis la main sur 24 chars », raconte Levit. « Nous sommes ensuite allés donner nos conclusions au chef du Corps des blindés, qui nous a demandé : ‘Et les gens ?’, » dit-il.
« Nous avons écrit un message sur WhatsApp, où nous annoncions que nous cherchions des volontaires. 650 personnes nous ont répondu en l’espace de 24 heures », se souvient-il.
« On a commencé à leur téléphoner pour voir qui serait suffisamment qualifié pour se joindre à nous et c’est comme ça que nous avons recruté un bataillon de 650 personnes », poursuit-il.
Les volontaires – qui ne sont pas tous prêts à aller au combat – comprennent un ancien commandant de division adjoint qui avait dit se préparer à faire tout ce qui serait nécessaire ainsi qu’un major réserviste, Roï Raz, qui vit actuellement au Pays de Galles et qui est revenu au sein de l’État juif pour le projet Phoenix.
« Des gens qui n’auraient jamais pensé porter à nouveau un uniforme militaire et des chars dont on n’aurait jamais pensé qu’ils pourraient être à nouveau utilisés sont revenus sur le devant de la scène », indique Levit à la Douzième chaîne.
« Nous voulons pouvoir entraîner des unités et des compagnies de blindés, transformer de vieux tanks destinés à rouiller dans des entrepôts en monstres de guerre ».
En un temps très court, le groupe est parvenu à rassembler trois compagnies de blindés, se souvient Levit. Constatant cette réussite, l’armée en a voulu neuf.
Erez Gonen, commandant de l’une des compagnies de Phoenix, déclare à la Douzième chaîne, aux côtés de trois camarades de l’armée rencontrés lors de son service militaire, dans les années 1990, qu’ils avaient tous combattu au Liban – et qu’ils sont à nouveau réunis.
L’un d’entre eux porte un tee-shirt pro-démocratie acheté lors des manifestations contre le plan de refonte radicale du système judiciaire qui était avancé par le gouvernement. Un autre est religieux et vit dans une implantation de Cisjordanie.
Le sergent-chef réserviste Amir Sabah s’exclame, pour sa part : « S’il y a des hommes avec lesquels j’aimerais aller sur le front, c’est bien ceux-là ».
« Tout le monde ici a pris un coup de poing à l’estomac le 7 octobre », explique Shlomi Hazan. « Après, il reste à choisir ce qu’on veut en faire. On peut même considérer que c’est une manière, de notre part, de présenter des excuses – de s’excuser parce que nous n’avons pas été là quand c’était nécessaire ».
Le sergent-chef réserviste Ronen Hazut admet qu’il n’a pas conduit de tank depuis 15 ans, ajoutant qu’il ne pensait pas qu’il serait possible de créer une compagnie en repartant à zéro et avec de vieux tanks.
La bataillon Phoenix a commencé à remplacer des chars sur la frontière avec Gaza mais il a aussi depuis effectué des missions au sein de l’enclave, a noté la Douzième chaîne.
Le capitaine (réserviste) Danny Luria indique qu’il était dans une pièce blindée, avec sa famille, au kibboutz Saad, à proximité de la frontière avec Gaza, le 7 octobre. Les hommes armés du Hamas ont assassiné le père de son beau-frère dans un kibboutz avoisinant le sien. Avant de quitter la maison, se rappelle-t-il, il a déclaré à son fils, un adolescent de 13 ans, que « tout le monde a une mission à mener et la mienne est d’aller me battre. »
Il ajoute : « Je pense à Harry Potter. La première fois que Harry Potter voit que le Phoenix de Dumbledore est mort, il ne peut pas y croire. Ensuite, quand il renaît, il redevient Phoenix, plus fort et plus beau que jamais, un Phoenix qui vole, qui soigne, qui combat ».
« Et cela ressemble à ce que nous sommes en tant que pays », ajoute-t-il. « Nous avons traversé ce qui a été peut-être le pire et à partir de ça, on assiste aujourd’hui à cette renaissance. »
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