Dans le Golan israélien, des Druzes protestent contre l’annexion, saluent Assad
Des centaines de personnes ont manifesté à Majdal Shams, certains brandissant des pancartes à l'effigie du président syrien et condamnant l'annexion israélienne du plateau en 1981
Des centaines de Druzes se sont rassemblés du côté israélien du Golan, jeudi, pour marquer l’anniversaire de l’annexion israélienne du plateau et pour afficher leur soutien au président syrien Bashar Assad.
« Cette terre est la terre de nos pères et de nos aïeux, cette terre est la nôtre. Personne n’a de droit sur elle en-dehors des Syriens », a déclaré à l’agence de presse Reuters un manifestant, Qasem Mahmoud al-Safadi.
Le rassemblement a été organisé dans le village druze de Majdal Shams, qui avait été le théâtre de manifestations au mois d’octobre dernier, les élections municipales ayant été considérées par certains habitants comme une tentative « d’israéliser » la région.
Les responsables israéliens affirment qu’il y a environ 20 000 Druzes sur le plateau stratégique de 1 200 kilomètres carrés capturé par Israël à la Syrie durant la Guerre des six jours de 1967 et officiellement annexé en 1981 – une initiative qui n’est pas reconnue par la communauté internationale.
Israël et la Syrie sont encore officiellement en guerre.
La vaste majorité des Druzes israéliens du Golan ont la nationalité syrienne et entretiennent des liens familiaux avec des familles druzes du territoire contrôlé par le gouvernement syrien. Toutefois, un nombre croissant de jeunes druzes optent pour la citoyenneté israélienne et soutiennent moins les actions d’Assad en Syrie.
110 000 druzes vivent également en Galilée, dans le nord d’Israël, où la plupart sont de nationalité israélienne et font le service militaire, contrairement aux autres citoyens arabes.
La minorité druze israélienne a été indignée par l’adoption récente, à la Knesset, de la loi controversée sur l’Etat-nation juif, affirmant que les dispositions présentes dans le texte font d’eux des citoyens de seconde zone et ce même si un grand nombre de membres de la communauté servent au sein de l’armée.
La loi sur l’Etat-nation définit Israël comme « le foyer national du peuple juif » et indique que « le droit à l’exercice de l’auto-détermination nationale dans l’Etat d’Israël est unique aux Juifs ». Elle dit aussi que la langue arabe bénéficie d’un statut « spécial » – la rétrogradant, dans les faits, à un statut de-facto de seconde langue officielle, même si elle précise mystérieusement que « cette clause ne nuit pas au statut octroyé à la langue arabe avant la mise en vigueur de cette législation ».
Les leaders druzes israéliens s’étaient rendus au mois de septembre dernier à Damas pour y rencontrer leurs compatriotes de Syrie et du Liban, un voyage qui n’aurait pas été coordonné avec les autorités israéliennes et qui a apparemment contrevenu à la loi de sécurité nationale israélienne.
La délégation était formée de 54 religieux et sheikhs Druzes ou leaders communautaires, tous originaires de villages et de villes situés dans les régions de Galilée et du Carmel, dans le nord d’Israël. Ils avaient été reçus par les responsables du gouvernement syrien à Damas, avait fait savoir le quotidien Haaretz, avant de partir dans la région de Sweida qui accueille la majorité de la communauté druze syrienne. De là, ils s’étaient ensuite rendus auprès des familles des personnes tuées dans la vague récente d’attentats commis dans la région par l’Etat islamique et auprès des proches de ceux qui avaient été kidnappées par le groupe djihadiste.
Les membres de la communauté druze, en particulier ceux des villages du Golan israélien, traversaient dans le passé la frontière lorsque l’occasion s’en présentait avec l’approbation des deux gouvernements.
Certains allaient faire leurs études en Syrie, d’autres allaient rencontrer des membres de leurs familles ou des coreligionnaires de l’autre côté du Golan. Mais aucun citoyen israélien n’aurait traversé la frontière depuis le début de la guerre civile en 2011, à l’exception de quelques djihadistes arabes israéliens cherchant à rejoindre l’Etat islamique. Certains sont déjà revenus et sont poursuivis en justice par les autorités israéliennes.
Des religieux druzes israéliens s’étaient pour la dernière fois rendus en Syrie en 2007 et en 2010. Dans les deux cas, les autorités israéliennes avaient porté plainte contre les délégations, condamnant même l’ancien député Said Nafa à une peine de prison d’un an pour avoir arrangé ces déplacements. Les responsables israéliens avaient tenté de se montrer indulgents, la cour des magistrats de Jérusalem rejetant les condamnations émises contre 16 sheikhs druzes en 2014 qui étaient allés dans des États ennemis.