Décès de Jean-Claude Servan-Schreiber, ancien résistant et homme de presse
Figure discrète de la dynastie qui s'est illustrée dans la politique et le journalisme, Servan-Schreiber est décédé mercredi à Paris, le jour de ses 100 ans
Résistant, homme de presse et député gaulliste, Jean-Claude Servan-Schreiber, figure discrète de la dynastie qui s’est illustrée dans la politique et le journalisme, est décédé mercredi à Paris, le jour de ses 100 ans, a annoncé sa famille.
Son père, Robert, fonda Les Echos tandis que sa mère, Suzanne Crémieux, a été vice-présidente du Parti radical et sénatrice. Il était par ailleurs le cousin du charismatique Jean-Jacques, dit JJSS, avec lequel il ne s’entendait pas et auprès de qui il lancera L’Express, et de Jean-Louis qui relança avec succès le magazine Psychologies et créa L’Expansion.
« Mon père est né le 11 avril 1918 à 13h. Il est parti aujourd’hui à 13h. Jean-Claude Servan-Schreiber, commandeur de la légion d’honneur ; croix de guerre (5 palmes et étoile) ; médaille militaire ; médaille des déportés ; des évadés, etc. Le vieux soldat repose en paix », a annoncé son fils Pierre sur Twitter.
Sa fille, la productrice Fabienne Servan-Schreiber, a confirmé à l’AFP le décès survenu à la mi-journée à l’hôpital des Invalides.
A 92 ans, en 2010, Jean-Claude Servan-Schreiber publia ses « souvenirs » (Tête haute) mais le livre passa inaperçu. En colère, l’académicien et écrivain franco-russe, Andreï Makine, tenta en 2014 dans Le pays du lieutenant Schreiber, de réhabiliter sa mémoire, enrageant que la France ne sache plus, selon lui, honorer ses héros.
Son combat a rendu « leur vraie densité aux mots qu’on n’osait plus prononcer : héroïsme, sacrifice, honneur, patrie. J’ai appris aussi à quel point, dans le monde d’aujourd’hui, cette voix française pouvait être censurée, étouffée », écrivait Makine.
Né le 11 avril 1918 à Paris, Jean-Claude décide, jeune, d’embrasser une carrière militaire. De 1939 à 1941, il est lieutenant d’infanterie.
Mais, à cause de ses origines juives, il est contraint de quitter l’armée. Il va rejoindre difficilement l’Algérie et la France libre.
Après la guerre et un passage par Sciences-Po, il travaille auprès de son père, comme directeur commercial des Echos. Le journal avait été fondé en 1908 par Robert et son frère Emile, le père de « JJSS » et de Jean-Louis.
Par la suite, il participe en 1953 au lancement de L’Express (qui, au début, était un supplément politique des Echos), au côté de JJSS. En 1958, il succède à son père à la tête des Echos mais le journal est vendu en 1963.
Admirateur du général de Gaulle, Jean-Claude Servan-Schreiber présidera ensuite la Régie française de publicité et sera député UNR (Union pour la Nouvelle République) de la Seine de 1965 à 1967.
Il rappelait dans Tête haute que « Servan » fut utilisé pour la première fois en 1917 par Emile qui signa sous ce pseudo (inspiré par le village breton de Saint-Servan) un essai sur les Etats-Unis et l’Europe. Ce nom, qui « plut à toute la famille », sera plus tard accolé à Schreiber.