Gabriel Attal dénonce la « déferlante » de l’antisémitisme en France
Le Premier ministre français a promis de "faire preuve d'une fermeté exemplaire à chaque acte" car "pas un acte ne doit rester impuni, pas un antisémite ne doit avoir l'âme tranquille"
Une « déferlante » : les actes antisémites ont flambé en France au premier trimestre 2024, a annoncé Gabriel Attal lundi, peu après le lancement d’assises de lutte contre l’antisémitisme visant à provoquer un « sursaut collectif » dans le pays.
Le Premier ministre a fait état de « 366 faits antisémites » recensés entre janvier et mars, soit « une hausse de 300 % rapport aux trois premiers mois de l’année 2023 », dans un discours lors du 38e dîner du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) à Paris.
Parlant de « déferlante », il a promis de « faire preuve d’une fermeté exemplaire à chaque acte » car « pas un acte ne doit rester impuni, pas un antisémite ne doit avoir l’âme tranquille ».
Il a aussi annoncé avoir demandé au ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, « de trouver les moyens de mettre en œuvre un recensement » des condamnations pour des actes commis en raison de la religion.
« L’islamisme est un péril grave pour notre République et un des visages les plus dangereux, les plus destructeurs de l’antisémitisme », a-t-il aussi affirmé, promettant de « s’attaquer frontalement » au phénomène.
Le chef du gouvernement s’en est par ailleurs pris à la France insoumise et à son leader Jean-Luc Mélenchon qu’il a accusé « d’agiter les haines, commettre les sous-entendus les plus indignes ».
Mais il a aussi critiqué le Rassemblement national, en lançant : « Ne nous laissons pas berner par le cynisme absolu de ceux qui disent soutenir les Français juifs par réflexe anti-musulmans ».
Quelques jours après des mobilisations anti-Israël dans le monde étudiant, notamment à Sciences Po, Gabriel Attal a répété qu’il « n’y aura jamais de droit au blocage » car « nous n’accepterons jamais qu’une minorité manipulée prétende faire la loi ».
« Choc français »
De nombreux politiques étaient invités à ce dîner annuel du Crif, notamment les ministres Gérald Darmanin (Intérieur), Nicole Belloubet (Education), Aurore Bergé (lutte contre les discriminations) ainsi que le président du Sénat Gérard Larcher, la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse et la maire de Paris Anne Hidalgo.
Ouvrant la soirée, le président du Crif Yonathan Arfi a estimé que le 7 octobre, date de l’attaque du Hamas contre Israël, avait aussi été « un choc français, un révélateur et un catalyseur des fractures de notre société » et il a déploré les « confusions morales, politiques et idéologiques » actuelles.
« Quand des populistes prétendent vouloir défendre la République, c’est pour mieux l’étouffer. C’est la confusion que veulent nous imposer Marine Le Pen et le Rassemblement national », a-t-il affirmé.
Il s’en est aussi pris à Jean-Luc Mélenchon qu’il a qualifié de « totalitaire en puissance » et de « danger pour la République ». « LFI, c’est le communautarisme comme projet et le clientélisme comme stratégie », a-t-il affirmé, assurant que « par leurs outrances, ils contribuent à la montée de l’extrême-droite dans notre pays ».
Sept mois après le 7 octobre, M. Arfi a appelé à « la libération des otages et la liberté de tous les peuples au Moyen-Orient ». « Nous pleurons la détresse de toutes les populations civiles, israélienne et palestinienne, y compris donc à Gaza », a-t-il ajouté.
Comme lundi matin lors des assises de lutte contre l’antisémitisme, M. Arfi a plaidé pour « être plus efficaces » dans la condamnation des actes racistes et antisémites, pour la mise en place d’une « amende civile » sanctionnant les auteurs de propos haineux sur internet et pour des efforts dans le domaine de l’éducation.
Ces assises, qui ont réuni des responsables d’associations et les représentants des principaux cultes à Paris, se voulaient « un point de départ » pour « créer les conditions d’un sursaut collectif », a déclaré Aurore Bergé à l’issue de la réunion.
Celle-ci a permis d’entendre témoignages de victimes et propositions pour lutter contre l’antisémitisme, avant une deuxième session qui sera organisée avec des politiques et parlementaires après les européennes du 9 juin. Une universitaire a été chargée de rédiger un « manifeste » définissant un « minimum commun » sur le sujet.