Des assistants de Netanyahu soupçonnés de faire du chantage à un officier de Tsahal
Des "images compromettantes" de lui auraient été volées à une employée du cabinet du Premier ministre ; l'officier devait modifier des comptes-rendus de réunions liées au 7 octobre ; la procureure-générale autoriserait une enquête sur Netanyahu lui-même
De proches collaborateurs de Benjamin Netanyahu sont soupçonnés d’avoir tenté de faire chanter un officier de Tsahal qui travaille au secrétariat militaire du Bureau du Premier ministre. Objectif : l’obliger à modifier les comptes-rendus des discussions sécuritaires de haut-rang qui avaient eu lieu avant le pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, une attaque sanglante et meurtrière qui devait être à l’origine de la guerre à Gaza, ont fait savoir les médias israéliens dans la journée de vendredi.
Les médias ont révélé de nouveaux détails qui concernent une série d’enquêtes sécuritaires liées au Bureau du Premier ministre dont l’existence a été rendue publique ces derniers jours – même si les informations relatives à ces investigations restent très largement placées sous embargo.
De son côté, la procureure-générale Gali Baharav-Miara a approuvé l’ouverture d’une enquête portant sur Netanyahu lui-même alors que les scandales se sont multipliés autour de son bureau, a fait savoir le journal Maariv. Des responsables du système judiciaire, dont les propos ont été repris par le quotidien Haaretz et sur le site d’information Ynet, ont accusé les forces de l’ordre d’avoir tenté de minimiser l’ampleur de ces scandales.
Une personnalité politique de premier plan qui a été citée par la chaîne d’information N12 a estimé que les investigations consacrées au Bureau du Premier ministre « ne sont qu’une réaffirmation de ce que tout le monde sait déjà ».
« Les proches du Premier ministre n’hésitent pas à employer tous les moyens à leur disposition pour changer les narratifs et pour exonérer le Premier ministre de la responsabilité des échecs qui ont entraîné la guerre », a commenté cette source.
Des accusations qui ont été repoussées par le Bureau de Netanyahu, qui a fait savoir qu’elles étaient « un nouveau bobard dans la toile de mensonges que certains tentent de répandre au sujet du Bureau du Premier ministre. »
De multiples enquêtes
Le Bureau est au cœur de plusieurs enquêtes dont l’existence n’a été révélée que récemment. Les policiers ont ainsi lancé une perquisition inhabituelle au Bureau de Netanyahu, samedi dernier, ont annoncé les médias israéliens – même s’il est difficile de dire à quel dossier ce raid était précisément lié.
Des informations ont laissé entendre, jeudi soir, que le Bureau avait collecté de manière distincte des vidéos sensibles d’un officier de Tsahal qui travaille en son sein, d’un côté, et du ministre de la Défense récemment limogé, Yoav Gallant, de l’autre. Gallant s’était publiquement opposé à Netanyahu à de multiples reprises concernant la prise en charge de la guerre.
Quatre soldats de Tsahal et un porte-parole de Netanyahu ont d’ores et déjà été placés en détention dans le cadre d’une enquête consacrée au vol de documents appartenant aux renseignements militaires, des documents top secrets – au moins l’un d’entre eux aurait fuité auprès de la presse étrangère, peut-être pour en tirer un profit d’ordre politique. La Cour a estimé que la fuite de ce document avait porté atteinte aux efforts visant à obtenir la remise en liberté des otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza.
Le Shin Bet et le Bureau du procureur de l’État avaient interdit aux détenus de s’entretenir avec un avocat pendant plusieurs jours. Vendredi, la Treizième chaîne a rapporté que la police avait exprimé son désaccord avec cette approche ; elle estimerait que les vols de documents classifiés n’ont pas eu de caractère systématique et que le dossier pourrait bien être clos d’ici quelques jours.
La chaîne d’information I24 a fait savoir, jeudi, que le procureur de l’État, Amit Eisman, avait perdu son calme face à un policier qui lui laissait entendre que l’importance accordée au dossier était largement exagérée. Ynet a cité les propos tenus par les officiels du système judiciaire qui ont établi que la police a été « saisie par l’esprit du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, » qui s’oppose à tout accord sur les otages.
Dans une déclaration faite à Haaretz, la police a indiqué avoir exprimé son désaccord avec Eismann d’un point de vue professionnel. Un officiel cité par le quotidien a précisé qu’Eisman avait ultérieurement présenté ses excuses pour son éclat de colère, tout en accusant toutefois les forces de l’ordre de tenter de minimiser la gravité de l’affaire. L’officiel a dit être inquiet face aux récits inexacts rapportés par les médias concernant les enquêtes, craignant qu’ils ne portent atteinte à la crédibilité de la police israélienne.
Mardi dernier, un tribunal a révélé l’existence d’autres investigations portant « sur des événements en lien avec le début de la guerre ». Les médias israéliens ont indiqué que l’enquête était relative à un reportage publié par Ynet, au mois de juillet, dans lequel le site d’information affirmait que l’ancien secrétaire militaire de Netanyahu, le major Avi Gil, avait averti, quelques mois auparavant, la procureure-générale que des initiatives étaient prises en faveur du changement du protocole qui entoure les discussions sécuritaires.
La Treizième chaîne a fait savoir a déclaré que le Bureau de Netanyahu était particulièrement effrayé par cette enquête dont l’existence a été révélée mardi, et que le renvoi de Gallant, quelques heures plus tard, avait été une tentative visant à détourner l’attention du public.
Selon N12 – et dans le cadre de la tentative présumée de modifier les protocoles en vigueur – les collaborateurs de Netanyahu auraient utilisé des « images compromettantes » d’un officier du secrétariat militaire afin de l’inciter à modifier les comptes-rendus sur les discussions datant de la nuit du 6 au 7 octobre 2023, quelques heures avant que des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ne prennent d’assaut le sud d’Israël, se livrant à un pogrom – ils avaient massacré plus de 1 200 personnes et ils avaient kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage à Gaza. Cette attaque avait déclenché la guerre qui oppose actuellement Israël au Hamas au sein de l’enclave côtière.
Netanyahu a reproché aux forces de sécurité israéliennes de ne pas avoir su prévoir le pogrom. Il s’oppose aux appels lancés en faveur de la création d’une commission d’enquête publique sur les événements qui l’ont précédé.
La Treizième chaîne a annoncé que les assistants de Netanyahu avaient, semble-t-il, volé des informations concernant un officier du secrétariat militaire sur le téléphone d’une femme qui travaille au Bureau du Premier ministre. Les collaborateurs de ce dernier auraient pris son téléphone sous le prétexte qu’elle était soupçonnée d’avoir laissé fuiter des informations confidentielles – mais ils auraient pris possession de la correspondance personnelle qu’elle entretenait avec l’officier.
La chaîne publique Kann a, de son côté, fait savoir que le chef d’état-major de la police israélienne, le général Herzi Halevi, avait reçu une plainte, il y a quelques mois, concernant la détention, de la part du Bureau du Premier ministre, d’images sensibles relatives à un officier de l’armée, et que le bureau faisait un usage inapproprié de ces images. La Treizième chaîne a signalé qu’un responsable du cercle du Premier ministre avait raconté à Halevi que cet officier entretenait une relation inappropriée avec une employée du Bureau – même si une enquête militaire avait déterminé que cette relation ne s’apparentait pas à un abus de pouvoir.