Israël en guerre - Jour 345

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Des centaines de personnes, à Jérusalem, pleurent Hersh Goldberg-Polin, « l’enfant de lumière »

Sa famille et ses amis ont exprimé leur chagrin suite à sa mort, saluant sa mère pour son combat sans relâche en faveur de la libération de son fils ; les Israéliens feront une haie d'honneur, dans les rues, pour lui rendre hommage lors de ses funérailles

Shira Ben-Sasson, fondatrice de la synagogue Hakhel à Jérusalem, allume une bougie en mémoire de l'otage assassinée Hersh Goldberg-Polin, une fidèle de son lieu de culte, le 1er septembre 2024. (Crédit : Deborah Danan)
Shira Ben-Sasson, fondatrice de la synagogue Hakhel à Jérusalem, allume une bougie en mémoire de l'otage assassinée Hersh Goldberg-Polin, une fidèle de son lieu de culte, le 1er septembre 2024. (Crédit : Deborah Danan)

Des centaines de personnes se sont rassemblées dimanche dans la cour d’un centre communautaire situé dans le quartier de Baka, à Jérusalem, pour rendre hommage à Hersh Goldberg-Polin. Ce dernier a été, aux côtés de cinq autres otages, exécuté par les terroristes du Hamas alors qu’il était retenu en captivité à Gaza – il était mort quelques jours avant que son corps ne soit rapatrié par l’armée israélienne, samedi.

Goldberg-Polin, « l’enfant de lumière, d’amour et de paix », sera inhumé lundi à 16 heures au cimetière Givat Shaul de Jérusalem, a fait savoir la famille. Les habitants de Jérusalem rendront hommage au jeune homme en formant une haie d’honneur, dans les rues, en brandissant des drapeaux israéliens lorsque la famille se rendra au cimetière pour l’enterrement du jeune homme, qui avait seulement 23 ans.

Les autopsies ont révélé que les six otages enlevés le 7 octobre et dont les dépouilles ont été rapatriées ce week-end avaient été tués par balle – entre jeudi et vendredi matin. L’échec du gouvernement à rapatrier les captifs vivants dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu qui aurait ouvert la porte à la remise en liberté des otages a déclenché des manifestations massives ainsi qu’une grève générale.

Dans la cour de la congrégation, les grilles étaient recouvertes de grands rubans jaunes symbolisant la lutte pour la libération des otages, de drapeaux aux couleurs de l’Hapoel Jerusalem, l’équipe préférée de Hersh, et d’affiches – où était écrit le mantra de la mère du jeune homme, Rachel : « Nous t’aimons, reste fort, survis ».

« Hersh était vivant il y a 48 heures », a déclaré Shira Ben-Sasson, l’une des responsables de Hakhel, la synagogue que fréquentait Goldberg-Polins à Baka. « Nous avons la conviction qu’un accord aurait pu le sauver. Il n’y a pas de solution militaire à cette question des otages ».

Elle a ajouté que cette congrégation égalitariste – qui compte un important contingent d’immigrants en provenance de pays anglophones, comme c’est le cas de la famille Goldberg-Polin – s’attendait à une période difficile pour les fêtes de fin d’année qui commenceront dans un mois.

« Voir son siège vide est difficile », a-t-elle dit, la voix brisée.

Rachel Goldberg, à gauche, et Jon Polin, au centre, les parents de l’otage israélo-américain Hersh Goldberg-Polin, ainsi que d’autres parents d’otages détenus dans la bande de Gaza par le Hamas, participent à une manifestation appelant à leur libération dans le kibboutz Nirim, le 29 août 2024. (Crédit : AP Photo/Tsafrir Abayov)

Au cours de cette veillée, dimanche dans la soirée, des hommes, des femmes et des enfants, qu’ils soient religieux et laïques, se sont tenus côte à côte, certains se balançant au rythme des prières si familières de l’après-midi et du soir.

Rachel Azaria, ancienne membre de la Knesset et Yosi Havilio, adjoint au maire de Jérusalem, étaient présents. Les amis de Goldberg-Polin appartenant à la Brigade de Jérusalem, le club de supporters de l’Hapoel Jérusalem, étaient également là. Nombreux étaient ceux qui portaient des tee-shirts rouges à l’effigie de son visage, en noir et blanc.

Sur une table placée devant l’espace extérieur, d’innombrables bougies commémoratives. Aux chaînes accrochées derrière la table, des bannières portant le visage de Goldberg-Polin, et des écharpes rouges et noires pendues là par les supporters du club de football.

Les responsables des prières ont fait doucement interpréter à l’assistance recueillie « Avinu Malkenu », la prière juive du repentir. La foule a ensuite repris des prières liturgiques et des chants de deuil, priant aussi pour les soldats et pour les otages qui se trouvent encore à Gaza. Enfin, elle a entonné la Hatikva, l’hymne d’Israël.

Mais toutes les personnes présentes n’ont pas entonné l’hymne national.

La cour recouverte, à la congrégation Hakhel, remplie de personnes en deuil le lendemain de la découverte de la mort, à Gaza, de Hersh Goldberg-Polin, dont la famille fréquente la congrégation, le 1er septembre 2024. (Crédit : Deborah Danan/JTA)

« Je suis désolé, je ne peux pas chanter la ‘Hatikva’ », a expliqué Reza Green, un habitant de Baka qui ne connaissait pas personnellement le jeune otage et ses proches. « Je suis trop en colère. Nous ne devrions pas être ici ».

Josef Avi Yair Engel, dont le petit-fils Ofir, 18 ans, a été libéré de captivité par le Hamas à la fin du mois de novembre à l’occasion d’un accord de cessez-le-feu d’une semaine, a dit avoir été choqué par le meurtre de Goldberg-Polin – mais il a ajouté qu’il n’avait pas été surpris par cette triste nouvelle, compte tenu des politiques mises en place par le gouvernement dans le contexte de la guerre.

« Nous savions depuis des mois que ça allait se passer comme ça. La formule de Bibi, qui disait vouloir démanteler le Hamas et rapatrier les otages, n’était pas logique. Dans le cas qui nous occupe, c’est soit l’un, soit l’autre », a commenté Engel, faisant référence au Premier ministre Benjamin Netanyahu par son surnom. « Il est en train de déchirer le pays. Je crains que dans les mois à venir, il n’y ait plus d’État ».

Engel a indiqué qu’il ressentait un lien très fort avec Jon Polin, le père de Goldberg-Polin, non seulement en raison du militantisme qu’ils partagent dans la lutte en faveur de la remise en liberté des otages mais aussi en raison d’un autre point commun – ce sont tous les deux des résidents de Jérusalem.

« Nous ne sommes pas nombreux dans le cercle des otages », a-t-il expliqué. « Nous sommes comme une famille ».

Sarah Mann, qui ne connaissait pas personnellement la famille, a déclaré que la tragédie du week-end lui avait rappelé le 7 octobre.

Josef Avi Yair Engel, dont le petit-fils Ofir a été libéré de la captivité du Hamas en novembre, rend hommage à Hersh Goldberg-Polin à la synagogue Hakhel, que fréquentait la famille de l’otage tué, à Jérusalem, le 1er septembre 2024. (Crédit : Deborah Danan/JTA)

« Ce jour me rappelle le 7 octobre, avec la même torpeur, cette incapacité à parler. C’est un choc total », a-t-elle expliqué.

Des sentiments qui s’expliquent en partie, selon Mann, par la présence de Rachel Goldberg-Polin, « une force de la foi », a-t-elle dit. Cette mère s’était imposée comme l’une des figures les plus emblématiques de la lutte en faveur de la libération des otages à l’échelle mondiale et elle était devenue un symbole à part entière en parcourant le monde pour réclamer que son fils soit relâché.

« Des millions de personnes à travers le monde se sont accrochées à elle et à son combat et la capacité des gens à se raccrocher à la foi a été réduite à néant aujourd’hui. Mais même si ce qui s’est passé nous a brisés, nous devons continuer à nous accrocher à Dieu », a déclaré Mann.

Susi Döring Preston, a affirmé, de son côté, que ce jour ne lui a pas rappelé le 7 octobre mais Yom Kippour et sa solennité.

Elle a raconté éviter habituellement d’assister à des événements en lien avec la guerre parce qu’ils sont trop accablants pour elle.

« Avant, j’évitais ce genre d’événement parce que je pense que j’avais encore de l’espoir. Mais aujourd’hui, c’est le moment pour moi de céder à ce besoin d’être entourée de gens – parce que je me sens dans l’incapacité de me soutenir moi-même », a-t-elle indiqué, les larmes coulant sur ses joues. « Il faut ressentir l’humanité et s’y raccrocher », a-t-elle ajouté.

La cour recouverte, à la congrégation Hakhel, remplie de personnes en deuil le lendemain de la découverte de la mort, à Gaza, de Hersh Goldberg-Polin, dont la famille fréquente la congrégation, le 1er septembre 2024. (Crédit : Deborah Danan/JTA)

Comme tant d’autres, Döring Preston a rendu hommage à l’activisme infatigable de la famille du défunt. « Ils avaient besoin de pouvoir s’appuyer sur la force de tous mais nous aussi, nous avons tiré une force gigantesque auprès d’eux, nous nous sommes inspirés des efforts qu’ils ont livrés », a-t-elle noté. « On avait le sentiment que ça pouvait changer le cours des choses. Mais la guerre fait plus de mal que de bien. Je pense que c’est ce qui est le plus accablant. On peut faire tout ce qu’on veut, le résultat restera toujours dévastateur ».

Guy Gordon, un membre de la congrégation Hakhel qui a quitté Dublin, en Irlande, pour s’installer en Israël au milieu des années 1990, a déclaré que les efforts déployés pour assurer le retour en toute sécurité de Goldberg-Polin ont été un moteur pour la communauté pendant toute la guerre.

« Ça nous a donné une raison d’espérer, de prier et de manifester », a-t-il indiqué. « Nous n’avions pas d’autre choix que celui d’être déraisonnablement optimistes. Il s’est avéré de manière tragique qu’il a survécu jusqu’à la fin ».

Gordon, comme beaucoup d’autres personnes dans la foule, portait un morceau de ruban adhésif avec le nombre de journées qui se sont écoulées depuis le 7 octobre – une initiative dont Rachel, la mère de Goldberg-Polin, a été à l’origine. Contrairement aux jours précédents, un cœur rouge brisé avait été dessiné à côté du chiffre.

Nadia Levene, une amie de la famille, a également réfléchi au caractère improbable de la survie de Goldberg-Polin.

« Il a fait exactement ce que ses parents l’ont supplié de faire. Il était fort. Il a survécu. Et regardez ce qui s’est passé », a fait remarquer Levene.

Guy Gordon, à droite, avec sa fille Maya, a ajouté un cœur brisé au morceau de ruban adhésif qu’il porte quotidiennement pour marquer le nombre de jours depuis le début de la crise des otages, lors d’une veillée pour Hersh Goldberg-Polin à la synagogue de l’otage tué, Hakhel, à Jérusalem, le 1er septembre 2024. (Deborah Danan/JTA)

Elle a salué la « force inébranlable et la foi en Dieu » de Rachel Goldberg-Polin, ajoutant : « Il y a eu des moments où j’ai perdu la foi. Je suppose que j’étais en colère contre Dieu. Mais elle, elle a continué à nous donner envie de prier, de prier, de prier ».

Leah Silver, une résidente de Jérusalem, a refusé de politiser la mort des otages.

« Tout devient politique si rapidement. Je suis venue ici parce que j’ai eu le sentiment qu’avant le temps des protestations, nous devions simplement faire notre deuil pendant un moment, que nous devions prier. Et faire preuve de respect les uns envers les autres », a-t-elle dit. « Nous ne savons plus qui est l’ennemi. C’est très triste ».

Né aux États-Unis, Hersh Goldberg-Polin était arrivé en Israël à l’âge de 7 ans. Il avait été enlevé alors qu’il assistait à un festival de musique électronique avec un ami en date du 7 octobre – ce jour-là, des milliers de terroristes dirigés par le Hamas avaient commis un pogrom dans le sud d’Israël, massacrant près de 1 200 personnes et kidnappant 251 personnes, qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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