Israël en guerre - Jour 375

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Des documents inédits de la guerre du Kippour révèlent le désespoir de Golda Meir

"Ils n'aiment pas les Juifs, et encore moins les Juifs faibles", avait déclaré la Première ministre

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

La Première ministre de l'époque, Golda Meir, prend la parole lors d'une conférence de presse pendant la guerre du Kippour en 1973, sur une photo non datée. (Crédit : Unité du porte-parole de Tsahal/Archives du ministère de la Défense)
La Première ministre de l'époque, Golda Meir, prend la parole lors d'une conférence de presse pendant la guerre du Kippour en 1973, sur une photo non datée. (Crédit : Unité du porte-parole de Tsahal/Archives du ministère de la Défense)

La Première ministre Golda Meir a exprimé de graves inquiétudes aux responsables militaires dans les premiers jours de la guerre du Kippour en 1973, concernant le manque potentiel d’aide de la part d’une communauté internationale qu’elle considérait comme peu sympathique envers les Juifs, selon des documents récemment publiés.

Les documents récemment publiés par les Archives d’État israéliennes révèlent à quel point les tensions étaient fortes lors des réunions entre Meir et les chefs militaires.

« La situation est hostile sur les deux fronts », ont déclaré des officiers militaires à Meir au cours d’une de ces réunions, le matin du 7 octobre, le deuxième jour de la guerre, selon les transcriptions nouvellement publiées.

Elle a répondu en demandant aux responsables d’appeler immédiatement le secrétaire d’État américain de l’époque, Henry Kissinger, et de demander le réarmement : « Dites-lui SOS », peut-on lire dans les documents.

« Le peu d’aide que nous avons de la communauté internationale va disparaître, ils vont nous jeter aux chiens. Ils n’aiment pas les Juifs, et encore moins les Juifs faibles », dit-elle.

Le 6 octobre 1973, lors de Yom Kippour, autrement dit le jour le plus saint du calendrier juif, les armées de la Syrie et de l’Égypte ont attaqué des positions militaires sur les hauteurs du Golan et dans la péninsule du Sinaï, respectivement, prenant au dépourvu le nombre relativement faible de troupes israéliennes qui y étaient stationnées.

Sur cette photo d’archive prise le 6 octobre 1973, des troupes israéliennes traversent le canal de Suez pendant la guerre du Kippour. (Crédit : AFP)

La réunion entre les responsables décrite dans les nouveaux documents a eu lieu moins d’un jour après l’attaque coordonnée contre Israël.

« Ils vont attaquer. Passez d’une ligne à l’autre et continuez à attaquer », a déclaré Meir, alors que les armées arabes continuaient à avancer.

À 6 h 10 du matin, le 7 octobre, la réunion a commencé par une mauvaise nouvelle. Les responsables militaires avaient informé la Première ministre de l’aggravation de la situation sur le plateau du Golan, que des villes étaient en cours d’évacuation et que l’armée de l’air avait commencé à aider les troupes terrestres par des bombardements pour repousser l’avancée des forces ennemies.

Des officiers supérieurs de Tsahal regardent une carte pendant la guerre du Kippour en octobre 1973. (Crédit : Archives de Tsahal/Ministère de la défense)

Après quelques jours de combats acharnés, Tsahal a repris le contrôle du plateau du Golan, repoussant largement l’armée syrienne et lançant une contre-offensive en Syrie. La bataille avec l’Égypte a été beaucoup plus difficile, les forces du Caire ayant réussi à pénétrer profondément dans la péninsule du Sinaï contrôlée par Israël.

« Nous devons leur porter des coups sévères », a répété Meir aux participants de la réunion.

Les documents, publiés à l’occasion du 48e anniversaire de la guerre, s’étendent sur près de 1 300 pages et comprennent des notes de réunions de cabinet et de discussions sur la sécurité au plus haut niveau, jusqu’alors confidentielles.

La Première ministre de l’époque, Golda Meir, en compagnie du chef du commandement sud, le général Shmuel Gonen, pendant la guerre du Kippour en 1973, lors de la visite d’un poste de commandement de Tsahal dans le désert du Sinaï. (Crédit : Yitzhak Segev/GPO)

Ces documents ont été rendus publics à la suite d’un appel interjeté devant la Cour suprême par le Yom Kippur War Center, qui a salué cette décision.

« La révélation de ce matériel est une étape importante dans le processus d’exposition de toute la documentation pertinente sur la guerre », a déclaré le centre.

Pourtant, dans certains cas, des mots et des phrases ont été expurgés du texte, alors que près d’un demi-siècle s’est écoulé depuis le conflit.

La Première ministre Golda Meir et Henry Kissinger entourés d’Yitzhak Rabin et de sa femme Leah. (Crédit : GPO/Moshe Milner)

Le centre a ajouté qu’il espère que d’autres institutions impliquées dans la guerre, telles que l’armée de l’air et la marine, publieront également des documents de la guerre du Kippour.

« Ceci afin de permettre au grand public, aux soldats de la guerre et à leurs familles, de comprendre clairement ce qui s’est réellement passé pendant la guerre du Kippour », a déclaré le centre.

Le conflit de 1973 a marqué l’un des plus importants échecs des services de renseignement de l’histoire d’Israël, des informations cruciales n’étant pas parvenues à Meir et à d’autres décideurs à temps, apparemment en raison de l’arrogance et de l’orgueil qui ont suivi la victoire éclatante de Tsahal six ans auparavant, lors de la guerre des Six Jours en 1967.

Le ministre de la Défense de l’époque, Moshe Dayan, prononce un discours pendant la guerre du Kippour en 1973, sur une photo non datée. (Crédit : Unité du porte-parole de Tsahal/Archives du ministère de la Défense)

Dans l’un des documents récemment publiés, datant du 19 octobre, Moshe Dayan, alors ministre de la Défense, a pris conscience des échecs en cours.

« Les résultats n’auraient pas dû être ce qu’ils ont été et nous aurions dû les arrêter », a déclaré Dayan. « Nous n’avons pas évalué correctement leur capacité de combat », a-t-il ajouté.

Meir a déclaré lors de la même réunion qu’elle pensait qu’il fallait enquêter.

Tsahal a finalement réussi à repousser les deux envahisseurs, mais ont perdu plus de 2 500 soldats et des milliers d’autres ont été blessés, ainsi que des milliers de soldats égyptiens et syriens.

Dans le sillage de la guerre, Meir démissionne de son poste de Première ministre, tout comme Dayan de son poste de ministre de la Défense. Bien que le parti travailliste de Meir ait conservé le contrôle du gouvernement lors des élections qui ont suivi immédiatement la guerre, il a perdu les élections suivantes – pour la première fois dans l’histoire d’Israël – au profit du parti de droite du Likud, en partie à cause de la désaffection persistante pour le conflit.

Judah Ari Gross a contribué à cet article.

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