Israël en guerre - Jour 347

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Des groupes anti-Israël appelés « Intifada étudiante » se préparent à agiter les campus américains

Prônant la violence, opposés à l'Occident et au capitalisme, ils sont prêts à semer le chaos au moment où les experts mettent en garde contre l'intolérance

Des manifestants forment une chaine humaine tandis que les forces de l'ordre les font se déplacer le long de Park Avenue, loin du campus de l'Université de l'Arizona, le 10 mai 2024, à Tucson, en Arizona. (Kelly Presnell/Arizona Daily Star via AP)
Des manifestants forment une chaine humaine tandis que les forces de l'ordre les font se déplacer le long de Park Avenue, loin du campus de l'Université de l'Arizona, le 10 mai 2024, à Tucson, en Arizona. (Kelly Presnell/Arizona Daily Star via AP)

NEW YORK –  The Student Intifada (Intifada étudiante), coalition d’organisations étudiantes pro-palestiniennes et anti-sionistes, ne fait pas mystère de son intention de perturber la rentrée universitaire aux États-Unis.

Au sein des dizaines de campus qui effectuent en ce moment leur rentrée circulent déjà des appels à des veillées masquées en soutien à la « Palestine ».

On constate avec surprise que nombre de ces organisations sont passées d’un appel à des manifestations et des campements à une apologie de la violence et de « l’éradication totale de la civilisation occidentale ».

Les racines de cette Intifada étudiante plongent dans l’action du National Students for Justice in Palestine (SJP), fondé en 1993 à l’Université de Californie à Berkeley. Le mouvement s’est popularisé avec la guerre à Gaza et le forte attention portée sur l’Université de Columbia après le campement étudiant très médiatisé de l’an dernier.

Cette université a été l’épicentre des manifestations étudiantes antisionistes : il n’est de ce fait pas surprenant que le compte Instagram du Désinvestissement de l’apartheid de l’Université Columbia (CUAD) ait écrit s’inspirer « non seulement de la résistance palestinienne, mais plus largement de toutes les luttes de libération dans le monde, y compris les manifestations étudiantes du Bangladesh ».

Désormais, sur Instagram, la description de la section Students for Justice in Palestine de l’Université Columbia précise « Longue vie à l’Intifada étudiante et au Hind’s Hall », assorti de l’emoji triangle rouge inversé utilisé par l’organisation terroriste du Hamas pour identifier ses cibles.

Ce mouvement informel d’Intifada étudiante est bien plus qu’un collectif d’organisations étudiantes présentes sur les campus. Il occupe également de l’espace sur Internet et les réseaux sociaux comme X ou Instagram, sans oublier les plateformes comme Substack sur lesquelles les rédacteurs envoient des bulletins d’informations numériques à leurs abonnés.

Par exemple, « The Written Resistance », bulletin d’information trimestriel en ligne de la section nationale de Students for Justice in Palestine ou des billets de blog comme « Research & Destroy » sont hébergés par le site Internet Verso Books. Sur The Real News Network, notamment financé par Edward Snowden, Roger Waters et le Scripps Howard Fund, il est possible d’accéder aux contenus vidéo du mouvement et notamment à une récente table ronde avec des étudiants pro-palestiniens.

Des manifestants sur le campus de l’UCLA le mercredi 12 juin 2024, à Los Angeles. (Crédit : AP Photo/Damian Dovarganes)

S’abstenant de mentionner les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre, à l’origine de la guerre entre Israël et le Hamas, et au cours desquelles des milliers de terroristes ont envahi le sud d’Israël, brutalement assassiné 1 200 personnes et fait 251 otages dans la bande de Gaza, l’Intifada étudiante se présente elle-même comme un mouvement pacifique et « ouvert, fort de nombreuses organisations et groupes de la société », en lutte contre « les institutions colonialistes et impérialistes américaines », comme l’écrit dans le document d’orientation « L’Intifada étudiante aux États-Unis » le doctorant de l’Université du Michigan, Amir Marshi.

Dans son journal, Marshi, qui n’a pas souhaité faire de commentaire, assure que le mouvement n’est pas antisémite.

« Nous n’allons pas dans les synagogues hurler des insultes ou tourmenter les gens. Nous sommes ici, occupés à organiser une manifestation pacifique sur le campus pour demander une chose et une seule, la fin d’un génocide », a écrit Marmi.

Des manifestations anti-Israël ciblant Hillel au Baruch College, à New York, le 6 juin 2024. (Crédit : Luke Tress via JTA)

Pourtant, le mouvement demande que les universités cessent toute relation avec des organisations telles que Hillel International, dont la mission principale est de soutenir la vie juive sur le campus, se retirent des fondations caritatives qui financent la recherche universitaire juive et la vie sur le campus, et interdisent la venue d’intervenants « sionistes ».

« Attendez-vous à ce qu’il n’y ait aucun compromis »

Le mouvement ne se limite pas à la section nationale de Students for Justice in Palestine et à ses sections locales. Mais ce n’est pas tant la portée de la coalition qui inquiète, sinon son refus de dialoguer avec des organisations avec des perspectives différentes.

« Ce mouvement ne fait que renforcer les croyances de ses membres, lesquels sont en compétition les uns avec les autres pour se faire accepter. Leurs opinions se font de plus en plus extrêmes », analyse William J. Bernstein, auteur de « Delusions of Crowds : Why People Go Mad in Groups [NDLT : Phénomènes de foule : Pourquoi les gens deviennent collectivement fous] ».

« Quand bien même leur score au SAT [NDLT : Note au test d’entrée à l’université] soit élevé, ils n’ont pas la capacité de pensée critique requise. Ils sont incapables de se mettre à la place des autres. Ils sont totalement intolérants envers les autres points de vue », poursuit Bernstein.

La direction de l’université doit se préparer à ce que ses étudiants soient plus véhéments encore cet automne, ajoute Laura Post, analyste au Centre sur l’extrémisme de l’Anti-Defamation League.

« Ils vont redoubler d’efforts pour chasser les institutions sionistes du campus. Ils vont tourmenter les étudiants juifs et sionistes jusqu’à ce qu’ils se sentent mal à l’aise. Nous pouvons nous attendre à ce qu’il n’y ait aucun compromis de la part de ces groupes », estime M. Post.

A l’Université d’État de Sonoma, à Rohnert Park, en Californie, les organisateurs du campement affiliés à la section locale de Students for Justice in Palestine ont demandé à l’université de « se séparer de tous les donateurs et fonds qui soutiennent et profitent de l’occupation en Palestine, à commencer par les programmes comme Koret ».

Des diplômés anti-Israël sortent d’une cérémonie de remise des diplômes en plein air au Massachusetts Institute of Technology à Cambridge, dans le Massachusetts, le 30 mai 2024. (Crédit : AP/Michael Casey)

Organisation philanthropique juive, la Fondation Koret accorde des subventions dans plusieurs domaines, comme par exemple à des projets de recherche d’étudiants de l’État de Sonoma.

À l’Université de Princeton, les organisateurs liés au groupe de désinvestissement de l’apartheid israélien de Princeton et à la section du New Jersey des Musulmans américains pour la Palestine (AMP) continuent d’exiger que l’université cesse de travailler avec le Fonds Tikvah, fondation philanthropique juive qui « soutient l’enseignement, la recherche et la publication sur la pensée juive ».

« Un désir de révolution radicale »

C’est le refus opposé par ce mouvement à la démocratie et son soutien manifeste à la violence qui préoccupent le plus le Dr Steven McGuire, le Paul & Karen Levy Fellow in Campus Freedom à l’American Council of Trustees and Alumni.

« Ce qu’ils veulent, c’est une révolution radicale. C’est un mélange de nationalistes palestiniens radicaux qui pensent qu’Israël n’a pas le droit d’exister, de marxistes révolutionnaires qui voient en la Palestine le moyen de déclencher une révolution mondiale », ajoute McGuire.

Des graffitis sur un mur alors que des manifestants anti-Israël ont occupé la bibliothèque Millar sur le campus de l’Université d’État de Portland, à Portland, dans l’Oregon, le 30 avril 2024. (Crédit :John Rudoff/AFP via Getty Images/via JTA)

En décembre dernier, Columbia Social Workers 4 Palestine a organisé une « séance d’information suivie d’une discussion » non autorisées qui ont non seulement justifié l’assaut terroriste du 7 octobre, mais aussi fait l’éloge de dirigeants communistes comme Mao Zedong, fondateur du Parti communiste chinois. Sous la politique de Zedong, 40 à 80 millions de personnes sont mortes de faim, de travail forcé et d’exécutions massives.

Le 31 juillet dernier, la section SJP de l’Université de Chapel Hill a publié une déclaration sur Instagram semblant soutenir le recours à la violence.

« Nous réitérons notre soutien au droit à la résistance, non seulement en Palestine, mais aussi ici dans le noyau impérial. Nous acceptons toute forme d’action, même la rébellion armée, pour autant qu’elle soit nécessaire pour arrêter le génocide et l’apartheid israéliens et, au-delà, démanteler l’impérialisme et le capitalisme. Les oppresseurs n’accorderont jamais la pleine liberté aux opprimés ; les opprimés doivent eux-mêmes aller chercher leur liberté », peut-on lire dans cette publication.

Des manifestants anti-Israël occupant l’entrée du Hamilton Hall de l’université Columbia, le 30 avril 2024, à New York. (Crédit : Michael M. Santiago/AP)

Le 15 août dernier, le Columbia University Apartheid Divest et le CU Club Bangla ont déclaré sur X leur soutien aux manifestants étudiants musulmans du Bangladesh.

« Comme la résistance palestinienne a redonné des forces à l’Intifada, le 7 octobre, c’est aujourd’hui au tour du peuple du Bangladesh, à la pointe du combat mondial pour la libération… Deux cents au moins de nos camarades du Bangladesh ont été martyrisés par la Ligue Awami… Pour libérer l’Amérique, il faut être prêts à faire les mêmes sacrifices », peut-on lire dans ce message.

McGuire estime que ces déclarations menaçantes ne sont pas à prendre à la légère.

« Constamment sollicités sur les réseaux sociaux, les étudiants sont dirigés par une avant-garde qui s’est radicalisée et qui croit en cette idéologie illibérale qui exige de ses adeptes qu’ils scandent des slogans génocidaires », explique McGuire.

Un manifestant étudiant agite un drapeau palestinien sur des chariots renversés à l’Université d’État de Californie, à Los Angeles, le mercredi 12 juin 2024. (Keith Birmingham/The Orange County Register via AP)

« La politique d’apaisement ne fonctionne pas »

L’an dernier, les autorités universitaires ont souvent ignoré voire nié les infractions aux règlements, les perturbations de la vie universitaire ou encore le harcèlement et l’intimidation dont ont souffert les étudiants juifs.

Aussi les autorités universitaires doivent-elles agir avec davantage de fermeté pour éviter les désordres qui ont émaillé une grande partie de l’année universitaire, analyse Richard Priem, directeur national adjoint et directeur de l’exploitation du Community Security Service (CSS), organisation à but non lucratif.

« Je ne suis pas l’ADL, mais il y a des leçons pertinentes à tirer du point de vue de la sécurité, à commencer par le fait que la politique d’apaisement ne fonctionne pas. Ce qui a commencé par un campement s’est terminé par la prise de contrôle violente d’un bâtiment universitaire. La leçon à en tirer est qu’il ne doit y avoir aucune tolérance envers ces comportements », poursuit Priem.

Selon l’Associated Press, environ 3 200 personnes, pas toutes étudiantes, ont été arrêtées sur les campus au printemps dernier. Dans la majorité des cas, les charges retenues contre les étudiants ont été abandonnées.

Un étudiant brandissant le drapeau palestinien alors que les treize étudiants qui ont été empêchés de recevoir leur diplôme en raison de leurs activités de protestation sont salués par un orateur étudiant lors de la cérémonie de remise des diplômes de l’Université de Harvard, à Cambridge, dans le Massachusetts, le 23 mai 2024. (Crédit : Charles Krupa/AP)

D’autres universités, comme celles de Chicago et Harvard, ont refusé de délivrer leur diplôme à certains étudiants pro-palestiniens faisant l’objet de mesures disciplinaires pour participation à des campements et des manifestations. Nombre d’entre eux ont depuis reçu leur diplôme.

Au moment où les étudiants s’installent dans leur dortoir et attendent leur date de rentrée, les autorités universitaires désireuses de mettre le holà à l’Intifada étudiante doivent en faire plus pour lutter contre ce qui se passe dans les salles de classe, souligne McGuire.

« Les universités doivent se demander si elles ne jettent pas elles-mêmes de l’huile sur le feu de ces idéologies via leur programme de cours. Le problème vient notamment du fait qu’une trop grande partie du programme parle des problèmes de société et non des solutions, des réalisations », poursuit McGuire.

Bernstein est d’accord.

« Les universités doivent améliore l’esprit critique de leurs étudiants. Les groupes de l’Intifada étudiante ne se rendent pas service en restant dans leur bulle d’autosatisfaction », conclut-il.

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