Des leaders juifs US parlent de la montée de l’antisémitisme et du rapport d’Amnesty
William Daroff et Malcolm Hoenlein, dirigeants de la CoP, évoquent avec le ToI l'antisémitisme croissant aux Etats-Unis, Ben & Jerry’s ou l'importance d'Israël chez les Juifs US

Les leaders de l’organisation-cadre des communautés juives américaines ont mis en garde contre une recrudescence de l’antisémitisme aux États-Unis – qui ne plus s’exprime plus simplement par le biais d’une rhétorique haineuse en ligne, mais aussi sous la forme d’attaques physiques, qui vont de petits agressions commises dans les rues de New York à des incidents tels que la prise d’otages qui a eu lieu dans une synagogue de Colleyville, au Texas, qui a tenu en haleine l’Amérique et choqué les communautés juives du monde entier.
Mais, en même temps, les hauts-responsables du pays prennent de plus en plus conscience de la menace que fait planer l’antisémitisme et leur volonté de prendre des initiatives pour assurer la protection des communautés juives est de plus en plus forte, ont-t-ils expliqué.
« Des centaines de millions de dollars ont été injectés par le gouvernement fédéral, les autorités des états et les autorités locales pour aider à assurer la sécurité des institutions à but non-lucratif – et pas seulement des synagogues, mais aussi des centres communautaires juifs, des bâtiments hébergeant les fédérations communautaires et des maisons de retraite juives », dit ainsi William Daroff au Times of Israël lors d’un entretien qui a lieu lundi.
Il était accompagné par le vice-président de la Conférence des présidents (CoP), Malcolm Hoenlein. Le rassemblement annuel de l’organisation va avoir lieu la semaine prochaine à Jérusalem, après une interruption de deux ans pour cause de pandémie de coronavirus.
« Aux États-Unis, les forces au pouvoir, les forces du gouvernement sont à nos côtés. Quand il y a des attaques importantes, elles sont immédiatement avec nous. Les premiers appels que nous recevons sont ceux des responsables du gouvernement qui, il y a cent ans, auraient su ce qui était en train de se passer parce qu’ils en étaient à l’origine », note Daroff.
Grâce à ces financements gouvernementaux, les institutions juives ont pu renforcer leurs systèmes de sécurité de manière significative ces dernières années – avec l’installation de caméras, l’embauche de gardiens, des formations offertes aux personnels – et, pour Daroff, les choses vont continuer à aller dans le bon sens.
« Les États-Unis tentent de trouver un équilibre entre la mise en place d’un environnement qui soit accueillant pour les Juifs et qui les intègre et la nécessité de garantir qu’ils seront protégés », déclare-t-il.

L’organisation-cadre de la CoP est constituée de 53 groupes juifs très divers politiquement. Certains ont essayé de l’intégrer en vain, l’un des plus notables étant JStreet, une organisation de gauche qui a essayé de manière répétée de rejoindre la CoP mais dont l’adhésion a été refusée en raison de ses critiques d’Israël. La Conférence des présidents représente la communauté juive américaine non seulement lors des échanges avec le gouvernement américain, mais aussi lors des discussions avec l’État d’Israël et d’autres pays.
Hoenlein fait remarquer que le rabbin Charlie Cytron-Walker, retenu en otage avec trois de ses fidèles dans une synagogue sous la menace d’une arme par un antisémite le mois dernier – l’homme avait permis à l’un des trois otages de partir, le rabbin et les deux autres otages étaient finalement parvenus à échapper à la garde de leur geôlier – avait suivi un programme de formation soutenu par l’organisation, mené par le Secure Community Network (SCN).
« Ce rabbin de Colleyville a été formé par le SCN et il a rendu hommage au programme en disant que c’est grâce à lui qu’il avait été capable de gérer la situation », explique-t-il.
Hoenlein met néanmoins en garde contre un antisémitisme en recrudescence aux États-Unis – disant qu’il « se développe rapidement », alimenté par les propos haineux publiés sur internet et des contenus en ligne parfois parrainés par des États comme l’Iran.
« Les gens évoquent une période qui semble s’apparenter à 1933, 1938… Ce n’est pas 1938, parce qu’aujourd’hui, il y a l’État d’Israël. C’est là la grande différence », estime Hoenlein qui ajoute pourtant qu’il éavait fallu des mois à Hitler pour faire se propager d’effroyables mensonges ; maintenant, sur internet, il ne faut que quelques nanosecondes ».

Malgré ses graves inquiétudes face aux menaces que l’antisémitisme fait planer sur les membres de la communauté, Hoenlein évoque des points positifs – notamment le fait qu’en réponse à la haine antijuive, certains jeunes Juifs développent des liens plus profonds avec leur communauté, ce qui ne se serait pas produit dans d’autres circonstances. La difficulté étant de les faire rester au sein de la communauté et de faire naître chez eux le désir de s’y impliquer pour de bonnes raisons, pas seulement parce qu’ils ont peur.
« Je pense que l’antisémitisme va éveiller le sens de la communauté chez un grand nombre de jeunes parce qu’ils éprouvent un sentiment de vulnérabilité, ils se sentent seuls. Nous devons être ouverts à cela – les faire se sentir en sécurité, mais aussi adopter une approche positive à leur égard », continue Hoenlein.
Pour cet entretien avec le Times of Israël, les deux responsables de la CoP ont abordé une grande variété de sujets – des efforts qu’ils ont livré contre le rapport récent qui a été émis par Amnesty International et qui accuse Israël de « pratiques d’apartheid » à l’encontre des Palestiniens ; de l’antisémitisme tel qu’il s’exprime aux États-Unis ou de Whoopi Goldberg ; en passant par la récente condamnation publique de Bezalel Smotrich, député de la Knesset, par le Board of Deputies, organisation-cadre de la communauté juive britannique – sans oublier leur vision de l’avenir de la vie juive américaine de manière plus générale.
« Apartheid »
Au début du mois, Amnesty International a rejoint une liste croissante de groupes de défense des droits de l’Homme israéliens et internationaux qui accusent l’État d’Israël de « pratiques d’apartheid » dans son contrôle continu de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et des populations palestiniennes, à qui l’État juif n’accorde pas les mêmes droits. Une nouveauté toutefois : Amnesty International affirme dans son rapport qu’Israël commet le crime d’apartheid à l’encontre de la population arabe qui vit au sein de l’État juif et à l’encontre de celles qui se trouvent hors des territoires sus-cités – une référence apparente aux réfugiés palestiniens.
Avant même sa révélation publique, les responsables du gouvernement israéliens avaient condamné un rapport « mensonger, partial et antisémite ». Les députés et les responsables américains leur avaient rapidement emboîté le pas, dénonçant des conclusions « absurdes », des « calomnies » et un ouvrage de « désinformation ». Le Royaume-Uni et l’Allemagne avaient eux aussi rejeté les accusations lancées par Amnesty – Londres faisant part de son désaccord avec « la terminologie » d’apartheid et Berlin accusant le groupe de défense des droits de l’Homme de se perdre dans « une singularisation partiale » à l’égard d’Israël. Des politiciens arabes israéliens, notamment le dirigeant du parti Raam de la coalition, Mansour Abbas, et le ministre de la Coopération régionale du Meretz, Issawi Frej, avaient également rejeté cette désignation.
Selon Daroff, la Conférence des présidents a joué un rôle déterminant en mobilisant les responsables américains et internationaux dans la dénonciation de ce rapport d’Amnesty, qu’il qualifie de « nouvelle tentative de la part du mouvement anti-israélien de diaboliser et d’ôter toute légitimité à l’État d’Israël ».
« Nous sommes entrés en communication avec les membres les plus importants du Congrès, avec les responsables les plus en vue de l’administration Biden, avec les membres les plus importants des autres gouvernements, avec les dirigeants des ONGs. Je ne vais pas m’attribuer le mérite de ce qui s’est finalement passé. Je pense que le rapport d’Amnesty était en lui-même si mauvais qu’il a été très facile pour ces organisations, pour ces responsables, de le critiquer – et de le critiquer avec force. Mais il y a une chose dont je suis très fier, c’est que notre gouvernement et pratiquement toutes les autres démocraties occidentales se sont exprimées en dénonçant le rapport : les Canadiens, les Français, les Britanniques, les Australiens, ainsi qu’un nombre significatif de membres du Congrès », dit Daroff.

« On a réussi à unir tous les groupes de la Conférence, y-compris les groupes de gauche, dans cette condamnation de l’utilisation du ‘A-word’, » ajoute-t-il, se référant à l’apartheid.
Hoenlein ajoute que « la mobilisation immédiate de toutes les organisations » a été déterminante dans la mesure où elle a permis aux différentes organisations qui forment la CoP d’avoir une influence rapide sur le débat, d’entrer en contact avec les membres du Congrès qui ont pu ainsi écrire « les communiqués qu’ils avaient été encouragés à faire » contre le rapport.
Daroff et Hoenlein ne précisent pas quels politiciens ont finalement émis des communiqués dénonçant le rapport suite aux efforts spécifiques de la Conférence des présidents.
Pour Hoenlein, cette mobilisation de l’organisation-cadre des communautés juives américaines a été une sorte de test en temps réel du travail qui attend la CoP tout au cours des investigations menées aux Nations unies sur le traitement par Israël des Palestiniens – une commission d’enquête a été mise en place dans ce contexte.
« Si la commission d’enquête est débordée, si nous pouvons obtenir des États-Unis qu’ils disent : ‘Non, on ne va pas financer ça, on va retirer notre argent d’une telle initiative’, ça fera la différence à l’ONU », dit Hoenlein.
Daroff et Hoenlein comparent également les initiatives prises par la Conférence contre le rapport d’Amnesty aux efforts livrés antérieurement contre Ben & Jerry’s et sa société-mère, Unilever, après que le géant des glaces a annoncé l’été dernier, qu’il ne commercialiserait plus ses produits en Cisjordanie en signe de protestation contre le contrôle israélien du territoire.

« En ce qui concerne Ben & Jerry’s, il ne s’agit pas seulement d’Unilever, mais bien de toutes les compagnies multinationales qui pourraient subir les pressions de quelques éléments marginaux. Et nous voulons que ces grandes firmes ressentent les tsuris (« détresse » en yiddish) – c’est le terme technique – qui a été infligé à Unilever dans les capitales des états en résultat de cette décision. Pas moins de 33 états ont opté pour des mesures permettant de lutter contre BDS (boycott, désinvestissment et sanctions), » déclare Daroff.
L’action d’Unilever a chuté, ces derniers mois. Certains affirment que cette baisse est une conséquence de la décision prise par le glacier de ne plus vendre ses produits en Cisjordanie.
« Cela nous a beaucoup aidés qu’ils aient été autant touchés parce que le message, ici, est le suivant : ‘BDS ne rapporte rien au final’. Et nous devons continuer à transmettre ce message », poursuit Hoenlein.
Un moment d’enseignement
La comédienne Whoopi Goldberg a été à l’origine d’une controverse, au début du mois de février, quand elle a déclaré dans son émission télévisée, « The View », que la Shoah « n’était pas une histoire de race » dans la mesure où il s’agissait de « Blancs » du côté des victimes comme du côté des bourreaux – en dépit du fait que les nazis qui avaient commis le génocide considéraient explicitement les Juifs comme appartenant à une race différente et inférieure. Suite à l’indignation suscitée par ses propos qui avaient été critiqués et qualifiés de fondamentalement inexacts, la présentatrice avait été suspendue pendant deux semaines.
Elle revient à l’antenne cette semaine.
Daroff et Hoenlein, pour leur part, en sont persuadés : les propos tenus par Goldberg traduisent une ignorance de l’Histoire, mais pas un sentiment antisémite.
« Si ce qu’elle a dit était faux, détestable, cela a été un moment d’enseignement, un moment où le pays tout entier a parlé de la Shoah. La leçon à tirer de l’incident est qu’il a été finalement très utile », estime Daroff.
Pour sa part, Hoenlein a salué l’apparition de Jonathan Greenblatt, directeur-général de l’ADL (Anti-Defamation League), sur le plateau de « The View » au lendemain des propos polémiques de Goldberg, dont il a démontré l’inexactitude. Il a aussi précisé que l’éviction temporaire de la présentatrice de son émission ne résultait pas d’éventuelles pressions qui auraient été exercées par la communauté juive officielle.

« La communauté juive n’a demandé en aucun cas sa suspension. Cette décision résulte d’une décision d’ABC qui a été prise en interne. Nous n’avons pas lancé de campagne contre Whoopi Goldberg, », a-t-il dit.
Daroff évoque aussi un point de vue qui ne cesse de s’élargir dans certains cercles progressistes – celui que les Juifs ne sont pas des minorités nécessitant les mêmes protections que d’autres groupes. Ce point de vue se reflète, ajoute-t-il, dans le traitement des étudiants juifs sur les campus universitaires ou dans une récente controverse qui a été entraînée par le programme d’études ethniques de Californie qui n’incluait pas, à l’origine, les expériences des Juifs américains.
« Par définition, la problématique juive n’est pas présentée de la manière dont elle devrait l’être en raison de la formation offerte aux agents de la diversité [dans des universités variées] et en raison de leur état d’esprit », note-t-il.
« Les Juifs subissent des discriminations depuis des millénaires et cette réalité ne peut pas être ignorée parce qu’un grand nombre d’entre nous avons gravi les échelons dans la société. Dire que nous sommes des oppresseurs… Nous avons été, depuis des temps immémoriaux, du côté des forces progressistes, en quête de plus de libertés, désireux de nous engager, de promouvoir plus de liberté et de démocratie. Il s’agit réellement d’un avilissement de l’Histoire et nous nous efforçons donc de faire en sorte de ne pas être les victimes de ceux qui tentent de faire avancer un tel programme », dit Daroff.
Des Britanniques qui manquent de flegme ?
Quand le député israélien provocateur Bezalel Smotrich a fait le déplacement à Londres, la semaine dernière, il a été accueilli par un communiqué excessivement inhabituel de la part de l’organisation-cadre des communautés juives britanniques, le Board of Deputies, qui dénonçait – en hébreu – ses « points de vue abominables » et son « idéologie qui incite à la haine ».
« Nous appelons tous les membres de la communauté juive britannique à lui montrer la porte. Remontez dans l’avion, Bezalel, et restez éternellement dans les mémoires pour ce que vous êtes : une ignominie », a écrit l’organisation du Royaume-Uni dans un Tweet.
Smotrich, à la tête du parti Sionisme religieux, à l’extrême-droite de l’échiquier politique israélien, s’en est toujours pris avec régularité et avec virulence aux Arabes, à la communauté LGBT et aux courants progressistes du Judaïsme.
Daroff et Hoenlein sont à l’évidence très mal à l’aise lorsqu’ils évoquent les mots du Board of Deputies. Et pourraient-ils eux-mêmes émettre un jour – en tant qu’organisation représentative de la communauté juive américaine – un tel communiqué à l’encontre d’un parlementaire israélien ?

« Nous considérons qu’il en revient aux communautés juives locales de faire des déclarations conformes à ce qui est nécessaire et bon pour elles. Ce qui est pertinent à Londres ne le sera peut-être pas à Paris ou à Perth. Nous respectons de manière absolue le droit des responsables juifs à s’exprimer au nom de leurs communautés et des sensibilités qui s’expriment là où elles sont, et nous respectons cette obligation. Point final », dit d’abord Daroff.
« En ce qui concerne notre communauté, cela ne m’enthousiasme guère de discuter d’une chose hypothétique. Il y a eu des périodes – comme cela avait été le cas avec [le rabbin et député extrémiste] Meir Kahane, par exemple – où une personnalité n’a très certainement pas été accueillie avec plaisir par la communauté juive américaine. Mais en ce qui concerne les responsables politiques en particulier aujourd’hui, j’ai beaucoup d’hésitation à répondre sur la base d’hypothèses qui ne sont pas pertinentes à l’instant présent », continue-t-il.
Sans le faire directement, Hoenlein semble, pour sa part, critiquer le tweet écrit par le Board of Deputies, s’attardant sur la forme davantage que sur le fond.
« Notre politique a toujours été de ne pas passer par la presse. Quand on rencontre des problèmes – même des problèmes en termes de conflit avec les personnes – on tente de les résoudre et de s’y attaquer, que ce soit avec les responsables publics ou d’autres organisations », explique-t-il.
Hoenlein a souligné que le gouvernement israélien se montre particulièrement réceptif aux communautés juives de l’étranger. « Alors pourquoi devrais-je transmettre un message au New York Times pour communiquer ? A moins que l’objectif poursuivi soit différent », ajoute-t-il.
L’avenir juif et Israël
Les sondages réalisés auprès des Juifs américains indiquent régulièrement que ces derniers s’investissement de moins en moins dans les institutions communautaires traditionnelles – ce qui inquiète les organisations ou les groupes juifs.
Daroff et Honlein reconnaissent que la Conférence des présidents et ses membres se heurtent de manière constante à cette réalité, ce qui a nécessité de tenter de rendre les communautés aussi ouvertes que possibles – en offrant de nombreuses « voies d’accès » aux personnes désireuses de s’impliquer.
« Nous évoluons dans un environnement ouvert ; il faut reconnaître que nous sommes tous aujourd’hui Juifs par choix, et que c’est un choix dont il est facile de se détourner : c’est là que nous devons nous situer en tant que communauté. Je pense que nous progressons actuellement mais nous devons continuer à nous concentrer sur cette problématique », commente Daroff.
Hoenlein recommande une approche du judaïsme qui permettrait d’offrir un grand nombre de moyens de s’impliquer avant de « tenter d’approfondir les engagements » individuels.
Tous les deux affirment que la pandémie de coronavirus a eu son lot de défis mais aussi d’opportunités pour la communauté juive, empêchant certaines interactions mais en renforçant d’autres.
Daroff note l’affluence constatée dans les synagogues des mouvements réformé et massorti – par le biais de la visioconférence – pendant l’épidémie. Hoenlein, de son côté, pense que lorsque les restrictions officielles et les inquiétudes générales qu’entraîne encore la propagation de la pandémie disparaîtront enfin, les gens auront moins de difficulté à se rencontrer en personne et qu’ils le feront.
« Et je pense qu’ils attendent ça impatiemment. Je pense qu’ils sont impatients de retrouver un sentiment communautaire », s’exclame-t-il.
Ils soulignent tous deux qu’ils considèrent Israël et le soutien apporté à l’État juif comme un aspect qui se trouve au centre de la vie juive américaine, ce qui signifie que les organisations ou les individus excessivement critiques d’Israël ou s’opposant à son existence restent résolument à l’extérieur de la communauté juive officielle aux États-Unis.

Interrogé sur l’éventuelle intégration au sein de la CoP de groupes sionistes mais critiques d’Israël comme JStreet, ou sur celle d’organisations explicitement antisionistes, Hoenlein estime que si certains points de vue de JStreet sont acceptables et qu’ils sont d’ores et déjà représentés par certains groupes appartenant à la Conférence des présidents, des mouvements comme IfNotNow ou Jewish Voice for Peace dépassent tout simplement les bornes.
« Il doit y avoir une norme. Nous sommes très inclusifs », dit-il. « Mais les gens ont le sentiment qu’il faut qu’il y ait une norme. IfNotNow va même bien au-delà de cette norme. Il est impossible de commencer à admettre des groupes qui sapent l’existence même de l’État d’Israël ».
Interrogé sur la possibilité que la communauté juive officielle détourne son attention d’Israël – qui a été l’un des sujets centraux, voire le sujet central, de la vie communautaire juive américaine depuis la guerre des Six jours, en 1967 – en raison du caractère de plus en plus clivant de la question de l’État juif, particulièrement du côté des jeunes Juifs américains, Daroff répond par la négative.
« Je ne crois pas qu’Israël soit un sujet de plus en plus clivant », déclare-t-il (il clarifie ses propos en reconnaissant qu’Israël est une question qui divise au sein de la communauté juive américaine, mais qu’il a sentiment que ces clivages ne s’approfondissent pas – citant, par exemple, les querelles acerbes au sein de la communauté à l’époque des Accords d’Oslo, au début des années 1990).
« Je pense qu’il y a un large consensus au sein de la communauté juive américaine, et qu’il est solide. Je n’accepte pas l’idée que nous devrions éviter de parler d’Israël parce qu’Israël serait un sujet trop délicat. Je pense qu’Israël est une force centrale dans la définition de qui nous sommes en tant que communauté juive et nous devons accepter cela », continue Daroff.
« Israël fait partie intégrante du judaïsme américain du 21e siècle, et c’est l’un de ses fondements essentiels. Israël fait partie de qui nous sommes et cette centralité est un élément qui n’a finalement fait que croître pendant la pandémie de coronavirus, peut-être de manière contre-intuitive », déclare-t-il, se référant aux politiques restrictives mises en place concernant l’entrée sur le territoire israélien qui ont empêché les Juifs américains de venir dans le pays pendant de longues périodes.
Hoenlein et Daroff, pour leur part, sont venus pour la dernière fois en Israël au mois de juin 2021, peu après l’entrée en fonction du nouveau gouvernement. Ils expliquent que si des membres de la coalition apprécient à leur juste valeur les efforts livrés par les Juifs américains au nom d’Israël, un climat de manque de compréhension et d’intérêt à l’égard des Juifs américains semble toutefois subsister de manière plus générale.
« Nous avons parlé à de nombreuses personnes, aux ministres qui sont en charge des affaires de la Diaspora. Aucun d’entre eux n’a réellement adopté d’approche globale sérieuse pour nous dire comment nous devons construire nos liens. Israël sera, c’est une évidence, au centre de la vie juive à l’avenir. Et c’est quelque chose que les Juifs américains en particulier, mais aussi les Juifs européens, ont du mal à accepter », remarque Hoenlein.
« Nous ne sommes pas des partenaires égalitaires. Nous sommes des actionnaires intéressés. Nous n’avons aucun droit s’agissant de dicter au gouvernement la manière de prendre une décision. Mais les décisions doivent tenir compte de l’éventuelle délicatesse et de l’intérêt des autres communautés, elles doivent être prises en tenant compte des implications qu’elles auront ailleurs, » affirme-t-il.
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