Israël en guerre - Jour 427

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Explication

Des navires américains partent à Gaza pour un projet d’aide massive – mais l’enclave ne peut pas attendre

L'opération complexe qui va être menée au large de Gaza devrait débuter en mai ; pour le moment, les pressions en faveur d'une hausse substantielle de l'aide se renforcent sur Israël

Le navire militaire américain General Frank S. Besson (LSV-1) se prépare à partir de la Joint Base Langley-Eustis, en Virginie, le 9 mars 2024. (Commandement central américain via AP)
Le navire militaire américain General Frank S. Besson (LSV-1) se prépare à partir de la Joint Base Langley-Eustis, en Virginie, le 9 mars 2024. (Commandement central américain via AP)

Alors que les États-Unis continuent leurs opérations (limitées) de largage aérien d’aides alimentaires à Gaza, ce sont huit navires américains qui ont pris la mer ou qui vont la prendre en direction de la région. Objectif : Construire une jetée flottante au large de la côte de l’enclave – une réalisation importante qui permettra la délivrance quotidienne d’environ deux millions de repas dans la bande.

Au cours des 17 dernières années, aucun produit ne rentrait par la mer en raison des restrictions mises en place par Israël. Ce qui est sur le point de changer.

Le projet implique une force constituée d’environ mille soldats américains. Selon le porte-parole du Pentagone, le général Patrick Ryder, aucun d’entre eux ne sera amené à fouler le sol de Gaza, ne serait-ce qu’à une seule occasion.

Le premier navire à quitter les États-Unis pour le large de la côte gazaouie, il y a deux semaines, était l’USAV General Frank S. Besson — un vaisseau logistique qui commencera les travaux de construction de l’embarcadère flottant dès son arrivée dans la région.

Selon les plans d’ingénierie, une surface de travail de 22 mètres de largeur et de 82 mètres de long sera installée à cinq kilomètres de la côte.

Les bateaux se déplaceront entre la surface de travail et la jetée flottante. Cette dernière, qui sera rassemblée de manière distincte, se présentera sous le forme d’une « route » à deux voies et, à travers elle, les produits pourront transiter d’un arrêt à l’autre.

Un avion larguant de l’aide humanitaire au-dessus du nord de la bande de Gaza, vu du sud d’Israël, le 24 mars 2024. (Crédit : Tsafrir Abayov/AP Photo)

Le Pentagone a noté que la localisation spécifique de la zone de mouillage ne serait pas révélée à ce stade.

Le montage d’une jetée flottante n’est pas une nouveauté pour les Américains : les soldats s’y étaient adonnés, il y a moins d’un an, dans le cadre d’un exercice militaire conjoint qui avait réuni l’armée américaine et l’armée australienne, l’Exercise Talisman Sabre. Deux unités américaines qui avaient pris part à cet entraînement ont été chargées de l’opération actuelle : le 7e Combat Logistics Battalion 7 et le 1er Naval Carrier Strike Group.

Un sous-traitant civil

Pour garantir que les soldats américains n’auront aucun contact avec le sol de la bande de Gaza ou avec le Hamas, l’armée américaine a fait appel à un sous-traitant nommé Fogbow. La compagnie prendra en charge la collecte des produits depuis la jetée et leur distribution à Gaza, même si la manière dont il mènera ces opérations reste indéterminée.

Un groupe de soldats de la 7è Brigade de Transports expéditionnaire salue l’équipage du LLV Monterey à son départ du port pour une mission humanitaire à Gaza à la Joint Base Langley-Eustis de Hampton, en Virginie, le 12 mars 2024. (Crédit : AP Photo/John C. Clark)

A la tête de la compagnie, qui est spécialisée dans l’aide humanitaire, deux anciens officiers de l’armée américaine, Sam Mundy et Mick Mulroy.

Un aspect déterminant de ce travail sera de garantir qu’il n’y aura pas de prise d’assaut, par les civils désespérés, des aides au moment où ces dernières atteindront le rivage. La sécurité sera probablement placée sous la responsabilité de l’armée israélienne. Les soldats comme les civils gazaouis risqueront probablement d’être exposés aux coups de feu des hommes armés au moment de la distribution de l’assistance.

Les États-Unis semblent être bien préparés pour la gestion de l’aspect naval de l’opération, mais les plans concernant le déplacement jusqu’au rivage et la distribution des aides n’ont pas encore été finalisés.

La décision américaine portant sur le lancement de cette opération émane avant tout du fait qu’Israël n’a pas pu laisser entrer des produits alimentaires et de l’assistance humanitaire en quantités suffisantes dans la bande de Gaza. Le président Joe Biden a évoqué le sujet à l’occasion de tous ses entretiens téléphoniques avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, depuis le moment où la guerre a éclaté. Israël a fait diverses promesses mais les postes-frontières n’ont pas été en mesure de faire face à l’afflux des camions, et alors que l’État juif, jusqu’à présent, s’est refusé à toute planification de l’après-guerre à Gaza, les terroristes ont continué à s’emparer des poids-lourds et ils ont renforcé leur présence dans des régions variées de la bande.

Le Besson a d’ores et déjà pris la mer et trois autres navires l’ont suivi à quelques jours d’intervalle. Quatre bateaux qui prendront part à l’initiative sont actuellement amarrés en Virginie et en Floride.

L’opération devrait commencer à pouvoir livrer des aides humanitaires à partir du 10 mai. Jusque-là, les États-Unis continueront leurs parachutages aériens d’assistance.

Les Palestinians se pressent pour obtenir des aides humanitaires parachutées au-dessus de Gaza City, dans la bande de Gaza, le 17 mars 2024. (Crédit : AP /Mohammed Hajjar)

Jusqu’à l’arrivée de la flotte américaine, la majorité des aides alimentaires continueront à entrer dans Gaza en empruntant les checkpoints israéliens. Et alors que les critiques d’Israël, à l’international, sont croissantes, reprochant à l’État juif l’insuffisance de l’assistance parvenant à arriver jusqu’aux civils, Jérusalem devra encore affronter des pressions intenses en faveur d’une augmentation massive des aides.

L’État juif reproche aux groupes humanitaires internationaux d’avoir été dans l’incapacité de suivre le rythme de la délivrance de l’aide humanitaire tandis que ces derniers affirment que l’offensive israélienne, et la déstabilisation qui en découle, compliquent terriblement leur travail. Indépendamment des raisons avancées, la communauté est en train de perdre patience, et rapidement. Elle réclame de plus grandes quantités d’aides alimentaires pour éviter aux Gazaouis une plongée terrible dans la famine.

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