Des Républicains US déplorent les conséquences de la réforme sur la sécurité d’Israël
Graham, Rubio et Young se sont inquiétés de la "rébellion" des réservistes de Tsahal contre l'effort législatif de la coalition ; Romney s'est joint aux Démocrates pour saluer le gel
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
WASHINGTON – Plusieurs législateurs républicains ont exprimé leur inquiétude mardi quant aux ramifications en matière de sécurité pour Israël de la réforme du système judiciaire proposée par le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, rompant ainsi le silence du parti sur la question et se prononçant implicitement contre l’effort visant à réduire radicalement le pouvoir de la Haute Cour de justice.
Les quatre Républicains qui se sont exprimés lundi et mardi ne sont pas allés aussi loin dans leurs commentaires que l’administration Biden et les dizaines de Démocrates qui n’ont pas hésité à exprimer leur mécontentement à l’égard de la législation de Netanyahu, aujourd’hui suspendue. Mais la décision d’intervenir – et de ne pas exprimer leur soutien à la ligne radicale du gouvernement israélien – a démontré que le malaise suscité par la réforme s’étend aux deux partis du Capitole.
« Je crains que cet effort de réformer le système judiciaire – qui est de leur ressort – n’ait pour effet d’affaiblir l’appareil de sécurité », a déclaré le sénateur Lindsey Graham au site d’information Jewish Insider, après que Netanyahu a annoncé la suspension temporaire de la réforme, à la suite de manifestations de masses sans précédent qu’elle a suscitées. « Je suis heureux que Bibi [Netanyahu] ait accepté d’essayer de trouver un compromis et de marquer un temps d’arrêt… Leur sécurité a été affectée par tout ce drame national. »
Graham faisait apparemment référence au nombre croissant de réservistes de Tsahal qui ont soit menacé de refuser de se présenter au travail si la réforme était adoptée, soit ont déjà commencé à le faire, ce qui a suscité de vives inquiétudes au sein de la direction de l’armée, qui a prévenu que les protestations nuisaient à sa capacité opérationnelle (les réservistes ont annoncé qu’ils retiraient leur menace pour l’instant, puisque la réforme a été suspendue).
Le sénateur Marco Rubio a déclaré à Jewish Insider qu’il était également préoccupé par l’impact de la réforme sur la situation sécuritaire, mais il a évité de commenter les propositions spécifiques avancées par le gouvernement de Netanyahu.
« Les militaires refusent de se présenter au travail, c’est inquiétant. Je pense que cela encourage les adversaires d’Israël à les attaquer », a-t-il déclaré.
Le sénateur Todd Young a déclaré à la presse que les retombées de la réforme avaient engendré une « situation vraiment préoccupante » en raison de ses « implications en matière de sécurité nationale ».
Un autre sénateur républicain, Mitt Romney, a signé lundi avec le sénateur démocrate Chris Murphy une déclaration bipartisane commune qui salue la décision de Netanyahu de suspendre le processus législatif.
« Les valeurs démocratiques partagées sont depuis longtemps à la base des relations entre les États-Unis et Israël, et nous espérons que ce délai permettra de travailler à un compromis et à une désescalade de la crise actuelle », ont écrit les deux sénateurs.
Il y a environ un mois, le Times of Israel a contacté le bureau de chaque Républicain de la direction du parti au Congrès, demandant un commentaire sur la question, mais n’a pas reçu de réponse ou s’est vu répondre que le législateur concerné ne souhaitait pas faire de commentaire.
Le chef de la minorité au Sénat, Mitch McConnell, a déclaré à Axios au début du mois qu’il n’avait pas d’opinion qu’il était prêt à exprimer. « C’est quelque chose que les citoyens d’Israël vont devoir régler entre eux, sans aucune influence américaine… Il n’est pas de mon ressort de donner des conseils aux Israéliens sur la manière de régler cette question. »
David Friedman, qui a été l’ambassadeur de l’ancien président américain Donald Trump en Israël, avait été l’une des rares voix républicaines à s’exprimer jusqu’à cette semaine, s’insurgeant notamment contre l’effort législatif de la coalition visant à permettre à la Knesset de passer outre les décisions prises par la Cour suprême.
« Pour moi, c’est une atteinte à l’idée que je me fais du fonctionnement des tribunaux », avait-il déclaré lors d’un événement privé au début du mois.