Israël en guerre - Jour 425

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‘Ici, c’est le paradis. Là-bas, l’enfer. Pourquoi voudrais-je y retourner ?’

Du Hezbollah à Tsahal : l’extraordinaire voyage d’un père et son fils

Le rabbin Avraham Sinai, autrefois Ibrahim Yassin, espionnait l’organisation terroriste pour Israël. Le mois dernier, son fils Amos, né au Liban, a reçu une citation pour son service dans la brigade Golani

Le rabbin Avraham Sinai (à gauche) et son fils Amos, près de la frontière libanaise. (Crédit : capture d'écran Deuxième chaîne)
Le rabbin Avraham Sinai (à gauche) et son fils Amos, près de la frontière libanaise. (Crédit : capture d'écran Deuxième chaîne)

Quand 120 jeunes soldats israéliens se sont alignés devant la résidence présidentielle à Jérusalem le mois dernier pour recevoir des citations pour leur service exceptionnel, les dirigeants ont rendu hommage à leurs extraordinaires histoires personnelles.

Mais peu de ces histoires sont comparables à celle d’Amos Sinaï, un jeune soldat de la brigade Golani qui était l’un des récipiendaires de la décoration.

D’abord, Amos n’est pas né Israélien. Il n’est pas né juif, mais musulman chiite au Liban, a annoncé vendredi la Deuxième chaîne israélienne. Et son père, le rabbin Avraham Sinaï, était autrefois Ibrahim Yassin, un espion pour Israël bien inséré dans l’organisation terroriste Hezbollah.

Et Amos souligne que c’est son père, pas lui, qui mérite vraiment d’être honoré, pour « être passé par l’enfer pour nous protéger des horreurs du Hezbollah et nous faire venir en Israël, pour que nous puissions grandir et vivre ici comme une famille normale, libre et sans persécution. »

L’histoire de la désillusion du Liban de Sinaï a commencé pendant la guerre civile libanaise, qui a débuté en 1975 et a impliqué de nombreux belligérants, dont la Syrie et Israël. Sinaï a déclaré qu’il était horrifié par les actions de l’armée syrienne et des groupes terroristes palestiniens pendant le conflit.

Avraham Sinai, quand il était encore Ibrahim Yassin. (Crédit : capture d'écran Deuxième chaîne)
Avraham Sinai, quand il était encore Ibrahim Yassin. (Crédit : capture d’écran Deuxième chaîne)

Il a raconté les abus d’un groupe de combattants palestiniens subis par sa fille, qui l’ont attachée à deux voitures, puis ont commencé à conduire dans des directions différents.

« Elle criait, et les voitures l’écartelaient, j’ai vu ça devant ma maison, de mes propres yeux », a-t-il déclaré à la Deuxième chaîne.

Quand l’armée israélienne est entrée au Liban en 1982, l’impression de Sinaï a été immédiatement positive. Même si beaucoup ont initialement accueilli l’arrivée de l’armée israélienne, l’expérience de Sinaï a particulièrement influencé son futur.

« Ma femme était en train d’accoucher et il n’y avait personne pour l’aider. Pas de voiture dans le village, pas de clinique, pas de sage-femme, a-t-il raconté. [Ensuite] une patrouille militaire israélienne de routine est passée sur la route. »

Sinaï a demandé de l’aide, et le commandant israélien l’a aidé.

« Habituellement ils ne venaient pas dans le village. Ecoutez, cet Israélien est venu, et il a mis sa vie en danger, et celles de ses amis, a appelé un hélicoptère au village, a mis ma femme dedans et l’a envoyée à l’hôpital Rambam » de Haïfa, a-t-il dit.

Après cet incident, Sinaï est devenu amical avec les Israéliens, et a commencé à les aider de temps en temps en leur donnant des renseignements. Cela a attiré l’attention du Hezbollah, récemment établi, et l’organisation l’a enlevé et emmené dans un bunker souterrain où il a été interrogé et torturé pendant plusieurs mois.

Son bourreau en chef était le jeune Imad Mughniyeh, qui est ensuite devenu le chef des opérations globales de l’organisation et un cerveau terroriste notoire. Il est mort dans une explosion à Damas en 2008.

« Je le reconnaissais à son pas, a-t-il dit à la Deuxième chaîne. Je commençais à trembler de moi-même, sans qu’il ne dise un mot. »

Imad Mughniyeh, commandant du Hezbollah tué en 2008. (Crédit : CC BY-SA, Wikimedia Commons)
Imad Mughniyeh, commandant du Hezbollah tué en 2008. (Crédit : CC BY-SA, Wikimedia Commons)

« Il se suspendait à mes mains, tirait un câble et me laissait tomber dans une cuve d’eau bouillante. Pas un jour n’est passé sans que je ne m’évanouisse à ses pieds. »

Ne réussissant pas à faire de progrès, Mughniyeh a finalement amené l’enfant de Sinaï devant lui. Quand Sinaï a continué à dire qu’il était innocent, le dirigeant a « brûlé [le fils de Sinaï] vivant, devant mes yeux ».

Le Hezbollah a finalement été convaincu que Sinaï était innocent et l’a libéré. C’est à ce moment qu’il a décidé de se venger de l’organisation. Il a rejoint le Hezbollah et est monté en grade, tout en espionnant pour Israël de l’intérieur.

« J’allais à pieds […] à la frontière israélienne […] pour rencontrer les gens de l’armée israélienne », a-t-il dit, alors que lui et Amos se rendaient à la frontière avec la Deuxième chaîne la semaine dernière.

Sinaï était considéré comme un excellent agent, et a servi le pays pendant 10 ans, fournissant beaucoup d’informations vitales. Son responsable au sein de l’armée israélienne était le jeune Yoav Mordechai, qui est maintenant général et coordinateur des activités du gouvernement dans les Territoires, responsable des relations israéliennes avec les Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza (COGAT).

« Je préférais mourir et ne pas revenir vers lui plutôt que de lui dire ‘je n’ai pas pu avoir ce que vous vouliez’ », a-t-il dit pendant une rencontre cette semaine avec Mordechai qui a été filmé par la Deuxième chaîne.

Avraham Sinai (à gauche) et son ancien responsable, le général Yoav Mordechai (eu centre), avec Amos Sinai. (Crédit : capture d'écran Deuxième chaîne)
Avraham Sinai (à gauche) et son ancien responsable, le général Yoav Mordechai (eu centre), avec Amos Sinai. (Crédit : capture d’écran Deuxième chaîne)

Mordechai a déclaré que la contribution de Sinaï avait sauvé les vies de « plusieurs dizaines de soldats ».

En 1997, comme Israël sentait que sa position était devenue trop dangereuse, Sinaï, sa femme et ses cinq enfants ont été emmenés en Israël. La famille entière s’est ensuite convertie au judaïsme. Ils vivent depuis à Safed, sur les rivages du lac de Tibériade, et Sinaï est devenu rabbin. La chaîne l’a filmé en train de prier avec dévotion.

Il a dit que le Liban ne lui manquait pas. « Aujourd’hui je regarde le Liban, et je pense que je ne veux pas le voir… Ici c’est le paradis, là-bas l’enfer. A présent je suis au paradis, pourquoi voudrais-je aller en enfer ? »

Amos est le quatrième fils de Sinaï à s’enrôler dans l’armée israélienne. Il achèvera son service dans les prochains mois mais dit prévoir de rester dans la sécurité.

« Je pense à un service au sein du Shin Bet, peut-être au service des prisons », a-t-il déclaré au site d’informations Ynet.

Avraham a noté que dans d’autres circonstances, son fils aurait pu être un combattant du Hezbollah digne de récompense. « Ils l’ont manqué », a-t-il ironiquement plaisanté.

Quand le père et le fils ont rencontré l’ancien responsable de Sinaï, Mordechai, à Tel Aviv cette semaine avant la cérémonie, la chaleur entre le rabbin et le général était palpable pendant qu’ils racontaient leurs escapades pour se « rencontrer au milieu de la nuit, à l’intérieur du Liban, avec des mortiers autour de nous. »

Mordechai a noté avec satisfaction qu’Amos était maintenant un soldat distingué du bataillon 51 des Golani, la même unité que la sienne. « Quelle fierté, a-t-il déclaré, radieux. La façon dont le monde change. »

Quant à Amos, il était très excité à l’idée de la cérémonie présidentielle. « Je sais à quel point c’est important pour mon père. »

Amos Sinai, de la brigade Golani, récipiendaire d'une citation présidentielle d'excellence. (Crédit : capture d'écran Deuxième chaîne)
Amos Sinai, de la brigade Golani, récipiendaire d’une citation présidentielle d’excellence. (Crédit : capture d’écran Deuxième chaîne)

Sinaï a confirmé ce sentiment. « Il y a trente ans, je me tenais dans les donjons du Hezbollah couvert de sang, la tête courbée et les vêtements en loques », a-t-il dit à Ynet.

« La semaine prochaine, je me tiendrais en chemise blanche et la tête haute devant le président d’Israël, qui récompensera mon fils. Dans ces moments, je me souviendrai avec douleur du grand frère d’Amos, qui n’est jamais arrivé en Israël. »

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