Egypte : nouvelle peine de prison à vie pour le chef des Frères musulmans
La confrérie est fortement réprouvée par le chef de l'Etat, le général Abdel Fattah al-Sissi, et ses membres progressivement emprisonnés ou condamnés à mort
Le « guide » des Frères musulmans en Egypte, Mohamed Badie, a été condamné lundi pour la sixième fois à la prison à vie, après trois condamnations à mort en 2015, dans un pays où le pouvoir réprime implacablement toute opposition.
Depuis que l’actuel chef de l’Etat Abdel Fattah al-Sissi, alors chef de l’armée, a destitué en 2013 le Frère musulman Mohamed Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte, des centaines partisans de la confrérie islamiste dont M. Morsi ont été condamnés à mort dans des procès de masse dénoncés par l’ONU.
Lundi, M. Badie a écopé de la prison à vie, comme 35 co-accusés, devant un tribunal du Caire qui les a reconnus coupables d’avoir incité à des violences ayant fait trois morts à Ismaïlia, dans le nord, peu après la destitution de M. Morsi, a indiqué à l’AFP un responsable du tribunal.
Le guide des Frères musulmans avait déjà été condamné à mort en première instance à trois reprises en 2015, toujours pour avoir incité à des violences, et cinq fois à la prison à vie, une peine qui équivaut à 25 ans d’emprisonnement au maximum en Egypte.
M. Morsi, quant à lui, a été condamné à mort pour les mêmes motifs en avril 2015, mais aussi à la prison à vie et à 20 années de prison dans deux autres procès. Il encourt la peine capitale dans un quatrième procès.
Les condamnés ont fait appel de toutes ces condamnations en première instance et, pour M. Badie, un nouveau procès a été ordonné par la cour de Cassation qui a annulé une des condamnations à mort.
Depuis que M. Sissi, élu président en 2014 en l’absence d’opposition crédible, a destitué M. Morsi, plus de 1.400 manifestants favorables à l’ancien président ont été tués, essentiellement au Caire, et plus de 40.000 ont été emprisonnés.
Les Frères musulmans, qui avaient remporté toutes les élections après la chute de Hosni Moubarak en 2011 à la suite d’une révolte populaire, ont été décrétés « organisation terroriste » par le nouveau pouvoir en 2013.