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En Irak, le coronavirus porte le coup de grâce au tourisme religieux

A Najaf, ville gagnée par la psychose, aux rues désormais désertes, seules les pharmacies ont intensifié leur activité, à coup de ventes de masques et de gels désinfectants

Un religieux irakien portant un masque de protection passe dans la ville sainte centrale de Najaf, le 26 février 2020. (Crédit : Haidar HAMDANI / AFP)
Un religieux irakien portant un masque de protection passe dans la ville sainte centrale de Najaf, le 26 février 2020. (Crédit : Haidar HAMDANI / AFP)

Après des mois de manifestations émaillées de violences et les sanctions américaines contre l’Iran, le tourisme dans les villes saintes chiites d’Irak était déjà à l’agonie. Les premiers cas de coronavirus ont porté le coup de grâce, assurent hôteliers et commerçants.

A Kerbala, ville sacrée pour les musulmans chiites au sud de Bagdad, les portes de verre des imposantes façades sont scellées par des cadenas au bout de grosses chaînes métalliques, autant d’établissements forcés de mettre la clé sous la porte.

Plus personne ne s’arrache les chapelets, images religieuses et autres souvenirs de pèlerinage et les masques sur les visages sont plus nombreux que turbans et longs voiles noirs.

Quant au mausolée de l’imam Hussein, petit-fils du prophète de l’islam Mahomet, son entrée est bloquée deux fois par jour le temps que des employés en tenue spéciale aspergent les lieux de désinfectant.

Un membre de la défense civile irakienne pulvérise du désinfectant sur et autour de la Grande Mosquée de Kufa, à 10 kilomètres au nord-est de la ville sanctuaire de Najaf dans le centre de l’Irak, le 27 février 2020. (Crédit : Haidar HAMDANI / AFP)

« On ne vend plus rien parce que les pèlerins d’Iran et du Golfe ne viennent plus », dit à l’AFP Haidar qui propose chapelets et poignées de terre de Kerbala. « Maintenant, en plus, on a le coronavirus. »

Le premier des cinq cas de COVID-19 annoncés en Irak a été enregistré à Najaf, l’autre ville sainte chiite au sud de Bagdad : un étudiant en religion iranien qui revenait de vacances dans son pays.

Les quatre autres cas ont été aussi contractés en Iran, où il y a eu 19 décès dus à la maladie.

L’Irak a aussitôt fermé la frontière avec l’Iran et interdit l’entrée des Iraniens dans le pays.

Des millions de pèlerins chiites, surtout d’Iran, passent chaque année par Kerbala et Najaf. Ces touristes assurent aux deux cités les plus saintes du chiisme des revenus ayant atteint certaines années jusqu’à cinq milliards de dollars dans un pays où le tourisme autre que religieux n’existe pas.

« Le tourisme est mort »

Après quelques années de prospérité, avec à la clé des centaines de milliers d’emplois, un premier coup d’arrêt a eu lieu en octobre après le début en Irak d’une révolte inédite contre le pouvoir marquée de violences meurtrières.

Depuis, « le tourisme religieux à Kerbala est mort. Aucun touriste ne vient et nos pertes financières atteignent les 100 % », assure, emphatique, Saheb Zaman, numéro deux de la chambre de Commerce de Kerbala.

Un religieux irakien portant un masque de protection passe dans la ville sainte centrale de Najaf, le 26 février 2020. (Crédit : Haidar HAMDANI / AFP)

A Najaf, c’est encore pire. Fait exceptionnel, le mausolée de l’imam Ali, le gendre du prophète Mahomet, a été fermé au public qui d’habitude s’y presse pour embrasser ou caresser les portes, tombes et corans.

« Najaf comptait 350 hôtels. Au moins 300 ont fermé et dans ceux restés ouverts, le taux de remplissage va de 5 à 10 % », indique à l’AFP Saëb Abou Ghneim, président de la Ligue des hôtels et restaurants de la ville.

Et si les pertes sont si lourdes, c’est parce que « les Iraniens représentent 85% des ressources touristiques de Najaf. »

Avant octobre, Najaf recevait chaque jour « 5 000 visiteurs enregistrés auprès d’agences de voyages » et des milliers d’autres venus seuls, poursuit-il.

« Ils se sont trompés »

Bagdad avait même accepté de supprimer les frais de visa pour les touristes venus d’Iran. Mais toutes les mesures d’incitation n’y ont rien fait.

Les craintes que les tensions entre Téhéran et Washington ne dégénèrent en guerre ouverte en Irak sont passées par là. Mais aussi « les manifestations et les violences, les sanctions américaines contre l’Iran, la dévaluation du rial et alors que le tourisme commençait tout juste à reprendre, il y a eu un Iranien contaminé par le coronavirus à Najaf », se lamente M. Abou Ghneim.

Dans la ville gagnée par la psychose, aux rues désormais désertes, seules les pharmacies ont intensifié leur activité, à coup de ventes de masques et de gels désinfectants.

Un passager porte un masque par mesure de précaution contre le coronavirus à son arrivée en bus dans la zone kurde syrienne en provenance du Kurdistan irakien via le poste frontière de Semalka au nord-est de la Syrie le 26 février 2020. (Crédit : Delil SOULEIMAN / AFP)

Près du mausolée de l’imam Ali, les serveurs, eux, attendent désœuvrés des chalands qui n’arrivent pas, en alpaguant les très rares visiteurs.

« C’est frais, c’est tout frais », lance l’un d’eux à la cantonade, sans pour autant parvenir à remplir une tablée de son restaurant jadis plein.

Pour le dignitaire chiite Fadel al-Bedeiri, « Najaf a placé de grands espoirs dans l’Iran », deuxième exportateur de biens vers l’Irak. Les hommes d’affaires locaux « ont ouvert des hôtels pour les Iraniens et acheté uniquement des produits iraniens. ».

« Ils pensaient que les Iraniens seraient toujours là… Ils se sont trompés ».

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