En Israël, des chercheurs veulent sauver les gazelles menacées d’extinction
Espèce protégée en Israël depuis 1955, la gazelle de montagne, inscrite sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature, risque de disparaître
Israël est l’un des derniers endroits où la gazelle des montagnes erre à l’état sauvage, mais comme son habitat naturel se réduit sous la pression du développement humain, des écologistes sont à pied d’œuvre pour tenter de sauver cette espèce menacée d’extinction.
Dans la Forêt des Martyrs, à l’ouest de Jérusalem, l’écologiste israélien Guy Dovrat fait son chemin entre les pins pour récolter des matières fécales de gazelles. « C’est un animal très discret », assure le professeur de 42 ans qui dirige une étude sur l’alimentation des gazelles au centre de recherche agricole israélien Volcani.
Après une courte marche entre les sentiers et les feuillages, M. Dovrat et son équipe arrivent près d’une « station », là où sont visibles de petites boules foncées déposées par les antilopes.
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C’est la preuve, dit-il, que le mammifère aux cornes, coutumier de la savane, au corps brun et élancé reposant sur de fines pattes « s’adapte » à l’écosystème de cette forêt de six millions d’arbres plantés dès 1951 et symbolisant les six millions de Juifs ayant péri pendant la Shoah.
À l’aide d’une petite pelle, Ori, post-doctorant du groupe, saisit quelques billes qu’il reverse aussitôt dans un sachet, sous le regard attentif de M. Dovrat.
Ces échantillons seront ensuite nettoyés puis analysés au laboratoire avec la technologie NIRs (Near-infrared spectroscopy), spectroscopie dans le proche infrarouge, qui permet d’obtenir des informations sur la nutrition des gazelles, telles que la quantité de protéines, indique le chercheur.
« Ce sont de petits herbivores relativement sédentaires, à l’alimentation variée et très sélective », souligne-t-il.
L’idée est de comprendre ce que les gazelles mangent, afin de rendre cet espace plus adapté à leur survie. Car bien qu’elle soit une espèce protégée en Israël depuis 1955, la gazelle de montagne, présente au Levant et inscrite sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature, risque de disparaître, ont récemment alerté des scientifiques.
Derniers espaces ouverts
Le nombre de gazelles de montagne en Israël est estimé à environ 5 000 et tend à diminuer sous l’effet de l’urbanisation, expliquent le professeur Yoram Yom-Tov, du département de zoologie de l’université de Tel Aviv, et le Dr. Uri Roll, de l’université Ben-Gourion de Beer Sheva, dans une étude publiée dans la revue académique Oryx-The International Journal of Conservation.
La construction de routes, de villes et de logements dans un petit pays qui a vu la population humaine augmenter rapidement a réduit leur habitat, et entraîné une importante fragmentation du territoire qui empêche les populations de gazelles de se déplacer et les isole les unes des autres.
Elles font aussi face à de nombreux dangers – voitures, prédateurs naturels (loups et chacals) ou encore la chasse – pourtant interdite en Israël.
Ce pays est « le dernier bastion des gazelles de montagne », mais « certaines populations déclinent (…) malgré le potentiel de reproduction considérable de l’espèce », conclut l’article qui préconise de ralentir l’expansion urbaine.
Le mammifère est encore présent dans le nord et le sud d’Israël, près de la côte et dans la région de Jérusalem. Mais les forêts sont devenues « les derniers grands espaces où les gazelles peuvent vivre », explique M. Dovrat.
Ponts écologiques
Pour mener à bien son étude, il s’est associé au Fonds national juif (FNJ), qui gère la Forêt des Martyrs.
« Nous avons mis en place ce partenariat pour voir comment on peut utiliser les données (sur les gazelles) pour mieux aménager la forêt », déclare Yahel Porat, 45 ans, écologiste et paysagiste au FNJ.
En y insérant par exemple certaines espèces végétales dont ces antilopes sont friandes.
Ce matin-là, l’équipe du professeur Dovrat a aussi prévu d’installer des caméras sur des arbres pour capter le mouvement des gazelles près des « stations » et estimer leur nombre.
« C’est important pour nous de savoir où il y a des gazelles pour adapter notre activité dans la forêt, ne pas les déranger et éviter de les pousser vers les routes », ajoute M. Porat.
Récemment, dit-il, le Fonds a mis en place des ponts écologiques au-dessus des routes pour permettre aux gazelles de se déplacer de bois en bois.
« C’est une des choses les plus importantes que nous puissions faire aujourd’hui pour les préserver », conclut-il.
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