En pleine guerre contre le Hamas, certains plaident pour un retour au Gush Katif
Les dirigeants israéliens sont obnubilés par l'élimination du Hamas, les États-Unis et d'autres pays par une gouvernance alternative. Mais pour certains, c'est sur le retrait unilatéral qu'il faut revenir
Des affiches appelant à un retour d’Israël dans la bande de Gaza ont été accrochées dans le centre de Jérusalem dimanche, le long de la route menant à la Knesset.
« Nous rentrons à la maison », proclament ces pancartes à l’encre rouge. « Le peuple exige un retour dans la bande de Gaza. » Un logo et un symbole, ainsi qu’un numéro de téléphone pour les dons et les détails, ont été créés pour les besoins de la campagne.
Dix-huit ans après le démantèlement des implantations du Gush Katif, l’expulsion de ses habitants, le retrait unilatéral de l’armée israélienne et le « désengagement » de la bande de Gaza vers les lignes d’avant 1967, certains veulent y retourner à la faveur de la terrible guerre qui nous a été imposée.
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L’exercice nous est familier : on placarde des affiches, une association se forme, puis viennent les dons, la campagne de relations publiques, les manifestations appelant à la correction des injustices et l’expiation du « péché du retrait ».
Orateurs et lobbyistes trouveront une oreille attentive parmi les politiciens et notamment ceux qui ont la haute-main sur le budget. Avec un peu de travail, le vieux rêve de Bezalel Smotrich, aujourd’hui ministre des Finances, et de Daniella Weiss, l’ancienne maire de l’implantation de Kedumim, en Cisjordanie, à savoir retourner à Netzer Hazani, Kfar Darom et toutes les autres implantations pourrait bien prendre forme.
Je me suis entretenu, dimanche, avec l’un des militants à l’origine de cette initiative, un homme du nom de Moshe. Il m’a parlé de la réponse sérieuse qu’il a reçue de la part de membres de droite de la Knesset au sujet de l’avenir de Gaza. Surtout, il a parlé du message délivré au gouvernement, à savoir qu’Israël, qui se dit déterminé à éradiquer le Hamas après les atrocités commises le 7 octobre par le groupe terroriste dans le sud d’Israël, avec 1 400 personnes tuées et plus de 200 otages, ne peut s’arrêter là.
« Nous disons à Netanyahu et aux ministres de porter un coup très fort, afin qu’ils de préparer le terrain pour réinstaller les mêmes implantations que celles que nous avons laissées. Nous voulons rentrer chez nous », affirme Moshe.
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Posted by המטה להתיישבות- חבל עזה on Tuesday, October 17, 2023
Ce qui se passera au lendemain de la guerre ne semble pas être un grand sujet de préoccupation, pour le moment, pour les ministres du gouvernement, mais cela inquiète clairement le président américain Joe Biden et les autres chefs d’État qui se sont rendus en Israël et ont exprimé leur soutien à sa guerre d’éradication du Hamas, dans les limites du droit international, et qui veulent savoir ce qu’Israël compte faire in fine.
Biden a conseillé à Israël de réfléchir à chaque étape de l’entrée des forces terrestres à Gaza, mais aussi à ce qui va suivre, afin de ne pas se retrouver coincés dans un bourbier sans issue. Les États-Unis, a dit Biden, en savent quelque chose depuis leur expérience en Irak.
J’ai parlé avec deux ministres du gouvernement ce dimanche. Tous deux m’ont dit qu’ils ne savaient pas ce qui se passerait à Gaza après la guerre. Ils sont centrés sur ce qui se passe aujourd’hui. L’option la plus discutée est le transfert de la bande de Gaza à l’Autorité palestinienne, une hypothèse régulièrement évoquée par les pays étrangers.
Le chef du parti Raam, le député Mansour Abbas, a déclaré à Zman Yisrael, la version hébréophone du Times of Israël, qu’il pensait que « l’Autorité palestinienne devra gérer Gaza. C’est la solution la plus naturelle. Abou Mazen, autrement dit le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, n’aura pas le choix : c’est son peuple. »
Mais cette possibilité suscite déjà une certaine opposition. « Nous n’allons pas entrer dans une guerre sanglante, après tous les massacres que nous avons subis, pour ensuite transférer Gaza de la main de vils terroristes à une autre autorité terroriste », a déclaré un membre de droite de la Knesset. (Le Hamas a pris le pouvoir à Gaza au chef de l’Autorité palestinienne, membre du Fatah, Mahmoud Abbas, en 2007, deux ans après le retrait israélien.)
Il semble donc qu’Israël va essayer de conquérir Gaza, du moins si l’on en croit les récentes déclarations des dirigeants politiques et militaires. « C’est un métier. Ce n’est pas une séance photo, bang et c’est fini », comme l’a dit un ministre.
Une conquête obligerait Israël à rester longtemps dans la bande de Gaza, à écraser le Hamas et peut-être à permettre la restauration des communautés frontalières du Neguev occidental et de Gaza.
Il y aurait un autre scénario, celui d’un désengagement complet de Gaza, pratiquement, politiquement et économiquement, comme l’a proposé le ministre de l’Énergie Israël Katz au fil des ans. Il y aurait une déconnexion totale, avec un vaste no man’s land à la frontière, comme celui entre Israël et la Syrie, sans l’approvisionnement en électricité et en eau qui existe actuellement, sans l’entrée des travailleurs gazaouis en Israël.
Katz, qui doit prendre ses fonctions de ministre des Affaires étrangères dans trois mois, a proposé il y a des années qu’une grande île artificielle soit construite au large des côtes de Gaza, sous financement international, pour fournir aux habitants de la bande de Gaza logements et emplois.
Katz a même accroché une grande carte et un diagramme de ce projet d’île dans son bureau. Ce projet a suscité un certain intérêt international et des réactions positives, mais rien de plus.
Une source politique de haut rang a évoqué dimanche la possibilité qu’une force internationale prenne le contrôle de la bande de Gaza. Mais en fin de compte, il ne semble pas que cette idée intéresse beaucoup de monde.
« Une chose est claire pour nous », a déclaré la source à Zman Yisrael. « Si nous n’éliminons pas des milliers de terroristes du Hamas, si le nom Hamas continue à signifier quelque chose après la guerre, alors nous aurons perdu la zone adjacente à la bande de Gaza. Sans parler de la perspective de retourner à Gush Katif. »
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