Enquête sur la mort d’un Bédouin, tué par l’armée lors d’un trafic à la frontière
Il est difficile de dire pourquoi les troupes ont ouvert le feu à la frontière avec l'Égypte ; Nimar Amrani serait monté dans une voiture avec d'autres trafiquants présumés
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
La police militaire a ouvert une enquête sur la mort d’un Bédouin israélien qui a été touché par les tirs des soldats israéliens pendant une tentative de contrebande de drogue à la frontière égyptienne, la semaine dernière.
Mardi, l’armée israélienne a publié les résultats d’une enquête initiale consacrée à cet événement meurtrier qui est survenu le 14 décembre dans la région du mont Harif, dans le désert du Neguev, où les tentatives de trafic de drogue vers Israël sont fréquentes.
Selon l’armée, plusieurs suspects avaient tenté de faire entrer des stupéfiants par-delà la frontière égyptienne à deux endroits distincts pendant l’incident.
Les soldats du bataillon Shahar, qui fait partie de l’unité de recherche et de secours du Commandement intérieur, qui avaient été déployés dans la zone ont ouvert le feu sur les trafiquants pour des raisons qui restent encore indéterminées.
Nimr Salman al-Amrani, Bédouin âgé de 27 ans, a été touché par les tirs. Il serait alors monté dans une voiture où se trouvaient des trafiquants présumés et il a été abandonné peu après, a noté Tsahal.
Les secours ont tenté de le soigner mais sa mort a été rapidement prononcée.
L’armée explique que les tentatives de trafic sur la frontière avec l’Égypte sont violentes, et que les suspects ouvrent le feu sur les soldats israéliens et sur les soldats égyptiens. Plusieurs rencontres meurtrières entre les soldats et les trafiquants de drogues ont eu lieu, l’année dernière.
Il est toutefois difficile de dire si de tels affrontements ont eu lieu pendant cet incident survenu en date du 14 décembre. En général, les soldats ont l’autorisation d’ouvrir le feu si leur vie est en danger et si un suspect a les moyens et l’intention de commettre une attaque.
L’armée a fait savoir que la police militaire soumettrait ses conclusions pour examen au bureau du procureur militaire.
Israël explique que les trafiquants égyptiens font passer des produits de contrebande de l’autre côté de la frontière avec Israël et que les stupéfiants sont ensuite revendus au sein de l’État juif. Ils trafiquent essentiellement de la marijuana et du haschisch qui poussent dans les serres de la péninsule du Sinaï mais parfois aussi des drogues plus importantes – cocaïne et héroïne.
Même si l’armée israélienne a pour mission de prévenir les trafics de drogue le long de cette frontière, elle s’efforce habituellement d’éviter les confrontations directes, laissant ce type d’intervention à la police.
Selon Tsahal, environ 450 tentatives de trafic de drogue ont été « perturbées », l’année dernière – des soldats déployés dans le secteur ont entraîné le départ des trafiquants et 75 autres tentatives ont été totalement déjouées, avec des suspects qui ont été parfois arrêtés et remis à la police.
L’armée estime qu’environ 125 tentatives de trafic de drogue ont été réussies cette année.
La valeur des 3 000 kilos approximativement de stupéfiants saisis le long de la frontière, cette année, est d’environ 135 millions de shekels.