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Espagne : graffitis anti-Israël sur des synagogues

Un drapeau israélien a été brûlé devant une synagogue dans l'enclave de Melilla ; l'ambassade d'Israël a dénoncé les « déclarations honteuses » de certains politiques au pouvoir

Des manifestants scandent des slogans lors d'un rassemblement pro-palestinien à la Puerta del Sol, dans le centre-ville de Madrid, en Espagne, le 21 octobre 2023. (Crédit : Manu Fernandez/AP)
Des manifestants scandent des slogans lors d'un rassemblement pro-palestinien à la Puerta del Sol, dans le centre-ville de Madrid, en Espagne, le 21 octobre 2023. (Crédit : Manu Fernandez/AP)

Les tensions politiques se sont accrues entre Israël et l’Espagne, la semaine dernière, alors que les Juifs espagnols sont sous le choc d’incidents antisémites devant des synagogues, apparemment liés à la guerre contre le Hamas.

Ione Belarra, ministre par intérim des Droits sociaux au sein du gouvernement espagnol, a appelé mercredi à « suspendre de toute urgence les relations diplomatiques avec l’État d’Israël », évoquant la riposte d’Israël, dans la bande de Gaza, à l’attaque du Hamas du 7 octobre dernier qui a tué quelque 1 400 personnes et déclenché cette guerre.

Israël a riposté par des frappes intensives sur des positions du Hamas, préludes à une invasion terrestre voulue pour détruire le groupe terroriste. Le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas, dont les affirmations ne peuvent être vérifiées de manière indépendante, affirme que les bombardements israéliens ont d’ores et déjà causé la mort de milliers de personnes à Gaza.

« Nous, gouvernement espagnol, demandons à notre partenaire de faire traduire Netanyahu devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre », a déclaré Belarra la semaine passée dans une vidéo publiée sur X, anciennement Twitter.

Sans citer de noms, l’ambassade d’Israël à Madrid a appelé le président espagnol Pedro Sanchez à condamner les « déclarations honteuses » de certains membres de son gouvernement qui ont choisi de « s’aligner sur le terrorisme » du Hamas.

Le communiqué ajoute que certains membres du gouvernement ont mis en danger « la sécurité des communautés juives d’Espagne, les exposant au risque d’une recrudescence des incidents et attaques antisémites ».

Plusieurs synagogues espagnoles ont en effet été la cible de graffitis liés à la guerre. La plus grande synagogue de Madrid, située au cœur du quartier de Chamberí, a ainsi été profanée par des graffitis sur lesquels on pouvait lire « Palestine libre » à côté d’une étoile de David barrée, au lendemain des attentats du 7 octobre. « Palestine libre » a également été tagué dans un quartier juif historique de Catalogne, communauté autonome dans laquelle se trouve Barcelone.

À Melilla, petite enclave espagnole nichée sur la côte nord-africaine près du Maroc, un groupe de manifestants s’est rassemblé devant une synagogue en criant « Israël meurtrier » et « Liberté pour le peuple musulman » avant de brûler un drapeau israélien, ce qui a fait intervenir la police.

Selon El Pais, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a convoqué l’ambassadrice d’Israël à Madrid, Rodica Radian-Gordon, lundi dernier, pour lui signifier le mécontentement de son gouvernement suite aux déclarations de l’ambassade. Albares aurait qualifié cette déclaration de « geste inamical ».

Le ministère des Affaires étrangères a, par ailleurs, réagi par une déclaration à celle de l’ambassade d’Israël à Madrid, disant « rejeter catégoriquement les mensonges de la déclaration de l’ambassade d’Israël sur certains de ses membres et n’accepter aucune insinuation infondée à leur sujet ».

« Quoi qu’il en soit, la position du gouvernement espagnol dans son ensemble à l’égard des attaques terroristes perpétrées par le Hamas est claire : condamnation catégorique, exigence de la libération immédiate et inconditionnelle des otages et reconnaissance du droit d’Israël à se défendre dans les limites fixées par le droit international et le droit international humanitaire », poursuit le communiqué.

Malgré les déclarations d’Albares, Belarra, qui fait partie du parti populiste de gauche Podemos, a continué à condamner avec fermeté la politique d’Israël tout au long de la semaine. Yolanda Diaz, deuxième vice-présidente par intérim et dirigeante du parti de gauche Sumar, a déclaré que la reconnaissance d’un État palestinien devait être l’une des premières mesures de la prochaine coalition politique espagnole, qu’aucun parti n’a réussi à former depuis les élections de juillet.

Dans un communiqué de presse publié pour condamner les manifestations à Melilla, la Fédération des communautés juives d’Espagne a indiqué que des graffitis anti-Israël ont également été vus dans le quartier juif de la ville médiévale de Besalu, sur la porte d’une synagogue de Gérone et devant la maison d’une famille juive de Madrid.

Melilla est depuis longtemps réputée pour son importante population juive, et elle a été la cible de manifestations lors de précédentes flambées de violence au Moyen-Orient. Pour autant, nombreux sont les résidents de Melilla à se targuer d’une tradition de coexistence culturelle et religieuse pacifique entre juifs, musulmans et chrétiens depuis plus d’un siècle et demi.

Le maire de Melilla, Juan José Imbroda, espère que la « coexistence exemplaire » des différentes cultures au sein de sa ville ne sera pas affectée par des « conflits extérieurs ».

Ione Belarra lors d’une réunion du parti Podemos à Alcorcon, près de Madrid, le 13 juin 2021. (Crédit : Oscar Del Pozo/AFP)

Le taux d’antisémitisme, historiquement élevé en Espagne, a considérablement diminué ces dernières années. Selon un rapport de 2023 de l’Anti-Defamation League, l’Espagne affiche désormais l’un des taux d’incidents antisémites les plus bas d’Europe.

Le président colombien a lui aussi vivement condamné Israël, sur Internet, la semaine passée et évoqué l’éventualité de rompre les relations avec Jérusalem.

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