Floride : Des inondations sans précédent compliquent le retour des vacanciers de Pessah
Tous les vols de l’aéroport de Fort Lauderdale ont été annulés suite à de très fortes pluies, forçant les Juifs pratiquants à anticiper leur départ ou à rester deux jours de plus

Zachary Ottenstein ne s’attendait pas à autant parler rock et échecs avec son père, pour leur retour de Floride, après les fêtes de Pessah.
Mais en allumant son téléphone à la fin de Pessah, hier soir, il a eu une mauvaise surprise : Fort Lauderdale était inondé et tous les vols au départ de l’aéroport – y compris leur vol pour New York – avaient été annulés. La ville était sous l’eau au terme d’une journée de précipitations proprement historique.
Il a alors consulté son père, Matthew, avec lequel il venait de passer une bonne semaine de Pessah à l’hôtel : il était clair qu’ils voulaient rentrer chez eux à temps pour Shabbat.
« Nous n’avions pas envie de rester deux jours de plus et devoir trouver un hébergement et un restaurant », a-t-il déclaré.
Ils ne sont pas les seuls dans ce cas : des familles originaires de tous les États-Unis avaient choisi de passer Pessah dans l’Etat du soleil et se sont retrouvées coincées à Fort Lauderdale après les pluies de jeudi.
À l’aéroport, des passagers disent avoir vu des véhicules les phares sous l’eau, complètement inondés par l’équivalent d’un mois de précipitations tombé en l’espace d’une heure mercredi.
Les Juifs pratiquants, qui ne conduisent pas et ne prennent pas l’avion le jour de Shabbat, ont eu le choix de rentrer chez eux avant le coucher du soleil, vendredi, ou de passer deux jours de plus – jusqu’à la tombée de la nuit du samedi – à Fort Lauderdale, à condition de trouver de nouvelles solutions d’hébergement.

Les Ottenstein ont cherché d’autres vols, y compris au départ d’autres aéroports que celui de Fort Lauderdale et ont fini par trouver une solution indirecte.
« Il n’y avait qu’un Tampa-Chicago, qui nous permettait ensuite de prendre un vol pour New York », a expliqué Ottenstein.
Ils ont donc réservé ce vol, loué une voiture, quitté Fort Lauderdale à 22h30 pour arriver à Tampa à 3 heures du matin, à temps pour attraper le vol de 5h à destination de Chicago.
D’autres ont choisi de rester pour Shabbat. Mendel Fayershteyn, rabbin Habad de Fort Lauderdale, a fait savoir qu’il souhaitait venir en aide aux familles coincées à l’aéroport.
Ils n’ont finalement pas été nombreux, six ou sept tout au plus, a-t-il précisé dans une interview. Il leur a livré un repas casher et leur a trouvé des solutions d’hébergement jusqu’à dimanche, date de réouverture de l’aéroport.
Il a lui-même offert l’hospitalité à ceux qui en avaient besoin : il est parti s’installer dans sa belle-famille et a remis les clés de sa maison à l’une des familles coincées à l’aéroport.
L’aide qu’il a apportée, a-t-il ajouté, était essentiellement psychologique.

« Les gens étaient un peu en panique, mais ce n’était pas une vraie urgence », a-t-il reconnu dans une interview. « Je dirais que c’était surtout thérapeutique, histoire que les gens se disent que tout allait bien se passer. »
Fayershteyn a appris à organiser des secours au fil des ouragans qui frappent régulièrement la Floride: il a mis son expérience à profit pour collecter des générateurs et de la nourriture casher, et aider les gens dans le besoin à trouver un logement. Il est également allé chercher ceux dont les voitures avaient été emportées par les inondations.
« Aujourd’hui, nous avons surtout fait en sorte d’aider les gens à récupérer leur voiture », a-t-il déclaré.
Dès la fin de Pessah, jeudi soir, Fayershteyn avait fait savoir sur Facebook qu’il offrait son aide aux Juifs désirées d’observer le Shabbat.
« Restez en sécurité, et si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à nous contacter », disait le message.
« Des repas chauds de Shabbat seront prêts demain pour ceux qui en ont besoin. Contactez-nous par message privé. »

Ottenstein a également publié sur Facebook un selfie avec son père, à bord de leur voiture, au milieu de la nuit.
« Que faire lorsque l’aéroport de Fort Lauderdale est fermé et que vous voulez rentrer pour shabbos ? », a-t-il écrit. « Eh bien, on conduit toute la nuit jusqu’à Tampa pour prendre un vol tôt le matin. »
Ottenstein, 24 ans, instituteur à Staten Island, et son père, 60 ans, bibliothécaire de la banlieue de New Rochelle, ont fait passer le temps.
« Il y avait les championnats du monde d’échecs, ce qui passionne mon père. Il peut en parler pendant des heures », a-t-il déclaré.
« Nous avons aussi beaucoup parlé musique. Mon père est un fan du rock classique des années 60, 70. »
C’est Zachary qui a conduit. « Mon père n’aime pas conduire la nuit ».
« Pas de pauses toilettes ni restauration. L’adrénaline était bel et bien là. C’était un peu fou, mais ça a marché. »