Gaza : marge de manœuvre réduite pour le Hamas sous la pression militaire d’Israël
Le groupe terroriste palestinien a repris ses attaques à la roquette suite à la reprise des hostilités par Israël devant le refus du groupe de rendre les 59 otages restants

Avec la reprise des frappes israéliennes dans la bande de Gaza depuis mardi, le mouvement terroriste islamiste palestinien Hamas est mis sous pression, et sa marge de manœuvre se réduit comme peau de chagrin, selon des analystes.
Après plusieurs semaines de blocage dans les discussions indirectes entre Israël et le Hamas sur la suite à donner à la trêve fragile entrée en vigueur le 19 janvier, Israël a repris les hostilités à grande échelle dans la nuit de lundi à mardi.
Soutenu par le président américain, Donald Trump, le gouvernement de Benjamin Netanyahu promet « l’enfer » jusqu’à ce que le Hamas finisse par rendre les 59 otages toujours détenus par le groupe terroriste palestinien depuis le pogrom qu’il a mené le 7 octobre 2023 et tant que le mouvement terroriste n’aura pas déposé les armes, accepté le principe d’une démilitarisation complète de la bande de Gaza et renoncé à y jouer le moindre rôle après guerre.
Dans ces conditions, le Hamas, dont la direction, en particulier celle de son aile armée, a été décimée depuis le début de la guerre qu’il a déclenchée suite au pogrom du 7 octobre 2023, semble avoir le choix entre accepter les conditions d’Israël et perdre sa dernière carte en restituant la soixantaine d’otages morts et vivants encore à Gaza, ou accepter de se laisser entraîner dans une guerre totale au risque de prolonger encore l’énorme souffrance des Palestiniens de Gaza – un paramètre qu’il a vraisemblablement ignoré en lançant le pogrom du 7 octobre.
« Si les otages sont relâchés sous la pression des attaques israéliennes, alors le Hamas n’aura plus aucune garantie », affirme Ghassan Khatib, analyste politique et ancien ministre palestinien, pour qui « la marge de manoeuvre [du mouvement] se rétrécit.

« Suicide collectif »
Plus de 48 heures après les premières frappes israéliennes, le Hamas a repris ses attaques à la roquette sur Israël tout en répétant qu’il reste ouvert aux négociations, appelant l’ONU à « prendre des mesures urgentes » pour mettre fin à l’ « agression » et à la « guerre génocidaire » contre Gaza – un argument très répandu auprès de ses nombreux partisans dans le monde.
« Les stratégies américaine et israélienne, en tandem, c’est de forcer le Hamas à plier » mais cela n’a pas fonctionné, note Leïla Seurat, experte du Hamas au Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (CAREP), pour laquelle « le Hamas mise sur les médiateurs, sur l’extérieur, et sur les divisions au sein d’Israël » pour faire cesser les frappes.
Le Qatar, chef de file de la médiation ayant permis d’arracher la trêve en janvier, et l’Egypte, autre médiateur arabe, ont exigé un retour aux négociations, condamné la reprise des frappes israéliennes, et exigé la poursuite du processus prévu par l’accord de cessez-le-feu de janvier et devant mener à un cessez-le-feu général et permanent.
Mais les Etats-Unis, autre garant de l’accord, soutiennent ouvertement Israël dans son différend avec le Hamas sur son application.
Dans ces conditions, les dirigeants du Hamas « ne libéreront pas les otages, ils préfèrent commettre un suicide collectif avec tout le peuple de Gaza », estime Michael Milshtein, spécialiste des questions palestiniennes à l’Université de Tel-Aviv, « mais beaucoup d’Israéliens, surtout parmi les décisionnaires, ne le comprennent pas vraiment ».

M. Milshtein note que le Hamas considère la mort de dirigeants comme « un prix raisonnable à payer » pour son combat.
« Au niveau diplomatique, les parties impliquées dans le processus politique doivent réfléchir à une stratégie de sortie pour le Hamas », estime M. Khatib.
Les dirigeants israéliens veulent éliminer le Hamas comme force militaire ou de gouvernement à Gaza, mais si le mouvement est prêt à abandonner l’administration de la bande de Gaza à l’issue de la guerre, comme il l’a affirmé à plusieurs reprises, il refuse catégoriquement de rendre les armes. Ainsi Israël veut éviter une répétition du scénario libanais avec le groupe terroriste du Hezbollah qui avait aussi refusé de rendre les armes après la guerre qui l’a opposé en 2006 avec Israël.
Plusieurs Palestiniens interrogés par l’AFP mercredi dans la bande de Gaza partagent le constat de la dégradation de leur situation et appellent le Hamas à être plus flexible.
« On a très peur que la guerre reprenne, je pense que le Hamas a fait une erreur », résume Fayza Abou Hachem, quinquagénaire vivant dans la ville de Gaza, « je prie pour qu’un accord soit trouvé ».

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