« Gloire à l’Ukraine » scandé à Tel Aviv pendant que Zelensky sollicite l’aide d’Israël
Des milliers de personnes sur la place Habima ont assisté à la projection du discours du président ukrainien, dont des réfugiés fraîchement arrivés de la zone de guerre

Alors que le soleil se couche sur la place Habima de Tel Aviv, Galina Balchenko pleure. Elle tient une pancarte proclamant « Israël soutient l’Ukraine ». Cette immigrée de 68 ans attend de voir apparaître le discours prononcé dimanche par le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur un écran géant devant les législateurs israéliens.
Belchenko est arrivé d’Ukraine en Israël il y a 15 ans. Son frère de 60 ans et sa famille sont restés à Sumy, une ville frontalière ukrainienne durement touchée par les bombardements russes et un siège qui, selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a conduit à des conditions « très alarmantes ». Les habitants sont confrontés à des pénuries « potentiellement fatales » de nourriture, d’eau et de médicaments.
« Tant de gens sont morts là-bas, tant d’enfants », soupire Balchenko. « La ville est comme… [longue pause] … c’est comme s’il n’y avait pas de ville. »
Balchenko faisait partie des milliers de personnes venues assister au discours de Zelensky, projeté sur le mur extérieur du plus grand théâtre d’Israël.
La foule a rempli la place de bleu et de jaune, les couleurs du drapeau du pays, et de cris de « Slava Ukraini » – « Gloire à l’Ukraine ».
Sur la place, l’ukrainien et le russe étaient autant, si pas plus, entendu que l’hébreu. Parmi les participants, on notait un nombre important de réfugiés récemment arrivés qui ont fui la guerre, dont beaucoup ont des proches en Israël.

Les sœurs Arina, 8 ans (à gauche), et Anastasia, 14 ans, assistent à la projection en direct du discours du président ukrainien Zelensky devant les députés israéliens, sur la place Habima à Tel Aviv, le dimanche 20 mars 2020 (Crédit : Miriam Herschlag/The Times of Israel)
Les sœurs Arina, 8 ans, et Anastasia, 14 ans, sont arrivées en Israël vendredi. Elles ont rejoint leur parente, Ina Nyeper, qui a immigré en Israël il y a deux ans et vit à Ashkelon.
Les parents de Nyeper et ceux de son mari sont restés en Ukraine et elle dit qu’ils se parlent plusieurs fois par jour.

Ludmilla, 23 ans, qui n’a pas décliné son patronyme est, elle aussi, arrivée il y a seulement deux jours, après un voyage de 48 heures en bus jusqu’à Budapest, et un vol de 2 heures et demie jusqu’à Tel Aviv. Son message : n’utilisez pas Yango, le service russe de covoiturage et de livraison populaire à Tel Aviv. « Si les gens utilisent Yango, ils soutiennent les meurtres en Ukraine », dit-elle.
Son amie, Liza Dubinska, 26 ans, qui a quitté Kiev pour s’installer en Israël il y a quelques années, a déclaré : « C’est vraiment difficile pour moi d’être ici, pas là-bas. C’est la guerre. C’est un génocide. C’est un meurtre ».
Elle a rejeté les affirmations du président russe Vladimir Poutine selon lesquelles il libère l’Ukraine des néo-nazis.
« La moitié de ma famille est originaire de Russie », a-t-elle déclaré. « Ma famille n’a pas besoin d’aide. »

Alex, né en Russie, est d’accord. « J’aime la Russie, mais ce qui se passe est terrible. Nous devons l’arrêter. »
Il a déclaré qu’aucun de ses parents, amis ou collègues russes en Israël ne s’est rangé du côté de Poutine. À la question de savoir pourquoi, il a répondu que c’était parce qu’ils ne regardaient pas la propagande de la télévision russe.

Itai et Omer faisaient partie des rares Israéliens présents au rassemblement, n’ayant pas de liens personnels directs avec l’Ukraine. Ils ont été remarqués par le costume de Pourim d’Itai, une boîte noire avec des barreaux comme une cellule de prison, qui portait l’inscription » PUT IN JAIL » (jeu de mot sur le nom du dirigeant russe et l’incarcération). Son père, Omer, a déclaré qu’ils étaient venus à la demande d’Itai pour protester contre ce qui se passe en Ukraine.
Quant au discours de Zelensky, Omer l’a trouvé « un peu agressif envers Israël ».

« Nous comprenons sa détresse et pensons aussi qu’Israël devrait faire plus pour l’Ukraine », a déclaré le père. « Mais la comparaison avec la Shoah était déplacée et a pu nuire à son discours. »
Pour Ludmilla, en revanche, la comparaison était clairement pertinente. Elle a décrit les Israéliens comme « des gens gentils qui comprennent ce à quoi nous sommes confrontés parce qu’il y a longtemps, ils ont vécu quelque chose comme ça avec Hitler. »