Israël en guerre - Jour 530

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Grâce à des films d’animation, les soldats tombés au combat reprennent vie

Le projet annuel "A Face. A Day. A Memorial" de Beit Avi Chai utilise un support improbable pour créer des souvenirs vifs à partager des être chers

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Les symboles du deuil pour les victimes lors du Yom HaZikaron sont vifs et viscéraux : la sonnerie qui marque l’ouverture des cérémonies du soir et du matin, la vision des familles écroulées sur les tombes de leurs proches, les histoires, les films et les témoignagnes des familles de ceux qui sont tombés au combat sur tous les supports.

Depuis 6 ans, le centre culturel de Jérusalem, Beit Avi Chai produit A Face. The Day. A Memorial (litt. Un visage. Un jour. Une commémoration) sur un support inhabituel, associé au contenu pour enfant, une compilation de petits films d’animations sur les tombés au combat, réalisés par de jeunes développeurs.

« Nous voulions changer quelque chose dans la façon dont Israël se souvient », explique Yotvat Fireaizen Weil, qui a lancé et qui dirige le projet. « L’idée de fond est toujours sur la façon dont une personne a été tuée, sur leur héroïsme, sur la difficulté à se souvenir de qui ils étaient avant d’être tués. »

L’un des moyens de se souvenir des soldats tombés, ce sont ces documentaires, généralement réalisés par les familles et diffusés à la télévision durant les 24 heures que dure Yom HaZikaron.

Fireaizen Weil explique qu’elle sentait que ceux qui avaient perdu quelqu’un faisait face à l’impossible mission de préserver le souvenir de leur apparence, de leur voix, de leur contact.

Yotvat Fireaizen Weil, créatrice du projet des films d'animation à la mémoire des soldats tombés au combat, il y a 6 ans, au Beit Avi Chai. (Crédit : Limor Cohen Art)
Yotvat Fireaizen Weil, créatrice du projet des films d’animation à la mémoire des soldats tombés au combat, il y a 6 ans, au Beit Avi Chai. (Crédit : Limor Cohen Art)

« Notre ressenti au sujet de la personne, de ce qu’ils représentaient pour nous, disparaît à leur mort », analyse-t-elle. « Nous cherchons des nouveaux moyens d’expression. »

Quand Fireaizen Weil a commencé à parler d’animation, les gens étaient rebutés.

« Ils disaient : ‘Mais l’animation, c’est pour Disney et les bisounours, ici, on parle de mort et de tristesse. Comment les associer ?’ », se souvient-elle.

Elle a décidé d’avancer progressivement.

L’idée de réaliser des films d’animation courts, d’à peine quelques minutes, c’est de faire attention à des petits détails et à des moments personnels qui ont fait la personne que l’on commémore : un repas de famille, l’anniversaire de deux frères tués, des histoires intimes de familles, et des idiosyncrasies que seul le cercle rapproché connaissait.

La sélection de films de cette année inclut « Le cerf-volant de Papa », un film d’animation sur Amir Zohar, un réserviste appelé en 2000, au début de la première intifada. L’histoire est racontée du point de vue des enfants de Zohar et du chien, que la famille avait adopté durant leurs promenades. Les dessins, presque tous en noir et blanc, avec quelques touches de couleurs, sont tachés et flous, un moyen délicat de chérir des souvenirs.

« Nous nous sommes attachés à cette histoire et au point de vue des enfants et au chien, qui faisait partie de l’histoire », raconte Daniella Schnitzer, qui a réalisé ce film avec son associé Omer Sharon. « Nous nous sommes sentis proches du père et des voyages et de la musique israélienne, proche d’eux, de manière générale. »

Schnitzer et Sharon ont étudié l’animation à Bezalel, l’Académie d’Art et de Design et ont bien compris le projet Beit Avi Chai, qui offre une formidable opportunité aux jeunes animateurs.

Orly Zohar, la femme d’Amir, avait écrit un livre sur son mari, et Schnitzer et Sharon ont reçu un script basé sur ce livre. Ils ont également rencontré les enfants de Zohar et ont pu en apprendre davantage sur les détails qui ont rendu le film plus personnel.

« Vous êtes inspiré par tous les autres films, et par ce que vous aimez ou ce que vous aimez moins dans chacun d’eux », a déclaré Schnitzer. « Je les ai regardés de nombreuses fois, » a-t-elle ajouté.

Le projet d’animation est maintenant connu dans tout Israël, et les films sont présentés aux élèves du secondaire et aux groupes de jeunesse, comme une façon d’expliquer la guerre et la mort, a déclaré Fireaizen Weil.

« Il y a 25 000 soldats morts et c’est beaucoup », a-t-elle déclaré. « Cela signifie qu’il y a un nombre sans fin d’histoires à raconter, mais il est parfois très difficile pour les familles de revenir sur les souvenirs heureux car cela fait sentir la perte d’autant plus vivement. »

Le moment le plus difficile, dit-elle, c’est lorsque l’on montre le travail terminé à la famille.

« Peut-être qu’ils n’apprécieront pas », explique-t-elle. « Nous leur montrons leurs propres souvenirs. Mais ce qui est étonnant, c’est que cela fonctionne presque tout le temps, et cela leur redonne le goût de ce qu’ils ont connu autrefois. Pour certaines personnes, c’est comme si elles ont retrouvé leurs proches. »

Yair Harel, un autre animateur formé par Bezalel, a créé cette année « Still Waters, un film sur Keren Tendler, une pilote réserviste été tuée en 2006 dans la seconde guerre du Liban. Ce qu’il apprécie dans cette façon d’utiliser son art pour raconter une histoire, c’est qu’il y a davantage d’options que dans un film, et cela a permis de donner plus de puissance à l’histoire de Tendler.

« Vous pouvez faire des choses un peu plus imaginatives et qui ajoutent beaucoup à une histoire, surtout quand il s’agit de quelqu’un qui n’est plus des nôtres, » a-t-il déclaré.

Harel avait des liens avec Tendler. Il ne la connaissait pas personnellement, mais il avait également servi en tant que soldat en 2006 et a grandi à Rehovot, tout comme elle.

Elle était légèrement plus âgée que Harel, et il s’est rendu compte que ses parents ont créé un jardin d’enfants dans leur rue à son nom, à sa mémoire.

« C’est une histoire inhabituelle, une femme soldat », a déclaré Harel, qui a rencontré la famille et la petite amie de Tendler, afin de recueillir plus d’informations et de détails sur elle. « Cela soulève le débat actuel sur les femmes soldates en guerre, et je voulais contribuer à cela ».

Pour Fireaizen Weil, le projet est une occasion d’aider les familles en deuil et offre un moyen de revisiter les traditions et l’expression du deuil. Elle pense à ses propres jeunes enfants, et elle espère que la réalité d’Israël aura changé au moment où ils auront l’âge d’aller à l’armée. En attendant, elle poursuit son travail, un projet qui lui procure, à elle et à ses employés, un sentiment de privilège.

« Parfois, un film ressemble à l’histoire de quelqu’un d’autre et grâce à l’animation, cela peut être notre film à tous », dit-elle. « C’est aussi un projet d’art, qui donne aux jeunes animateurs une chance et qui donne à tout le monde la possibilité de se souvenir de ceux qui ne sont plus des nôtres. »

Beit Avi Chai diffuse chaque année les films en avant-première, à la veille de Yom HaZikaron. Les films sont également disponibles sur le site Beit Avi Chai et sur YouTube.

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