Hakim ElKaroui, président de l’AMIF, tire un parallèle entre blasphème et Shoah
Le président de l’Association musulmane pour l’Islam de France a été accusé par Francis Kalifat de "comparer le droit au blasphème avec la Shoah"
La semaine dernière, Hakim El Karoui, président de l’Association musulmane pour l’Islam de France (Amif), répondait aux questions du journal l’Opinion. Il a publié L’Islam, une religion française en 2018 et son dernier rapport pour l’Institut Montaigne sur les banlieues françaises devrait paraitre prochainement.
Dans l’interview, il est revenu sur le débat sur le blasphème, qui a démarré en France suite à la publication sur Instagram d’une vidéo d’une adolescente, Mila, dans laquelle elle insultait l’islam – vidéo qui lui a valu de nombreuses insultes, menaces et protection policière.
Sur le sujet du blasphème, Hakim El Karoui explique que « la souffrance sacrificielle de l’humanité a ainsi été sacralisée ». « Celui qui blasphémerait la Shoah aujourd’hui ne serait défendu par personne, sauf malheureusement par les pires antisémites qui existent et qu’il faut combattre, dit-il. Pourquoi ? Parce que la Shoah, c’est un crime contre l’humanité puisque c’est la négation de l’idée même d’humanité. Parce qu’il est faux de prétendre que nous sommes libérés du sacré, je pense qu’il faut être prudent, modéré et respectueux dès lors qu’on aborde ces questions. Evitons donc les débats hystériques sur ce sujet qui est complexe. »
Après sa prise de position, Francis Kalifat, président du CRIF, l’a interpellé sur Twitter. « Comparer le droit au blasphème avec la Shoah est incompréhensible. Critiquer une religion relève de la liberté d expression. Remettre en cause ou dénigrer la Shoah ne relève pas du sacré, c’est un délit (négationnisme). De grâce pas de confusion », a ainsi écrit le responsable communautaire.
Comparer le droit au blasphème avec la Shoah est incompréhensible @helkaroui. Critiquer une religion relève de la liberté d expression. Remettre en cause ou dénigrer la Shoah ne relève pas du sacré c’est un délit #negationisme De grace pas de confusion.
— Francis Kalifat (@FrancisKalifat) February 14, 2020
Hakim El Karoui a peu après répondu à son message. « Je m’excuse si je me suis mal exprimé, a-t-il écrit. Je ne compare pas la Shoah et une religion. Je dis qu’il y a toujours du sacré (non religieux) dans notre société et que la Shoah doit être pour nous de l’ordre du sacré. À aucun moment, je n’ai voulu faire d’équivalence entre insulter le sacré et nier un fait historique, cela n’a rien à voir. Je comprends que hors du contexte du raisonnement associer ‘blasphème’ et ‘Shoah’ puisse être mal interprété. Pour moi, le ‘sacré’, ce n’est pas le religieux, c’est ce qu’il y a de plus haut et de plus respectable. »
Hakim El Karoui est trésorier du Projet Aladin, association qui travaille notamment à rapprocher Juifs et musulmans et à faire connaître en terre d’islam l’histoire de la Shoah.
« La Shoah est un fait historique : c’est le génocide au cours duquel six millions de Juifs d’Europe ont été exterminés, peut-on lire sur le site du projet. Sa portée est universelle car ce sont les valeurs de dignité et de respect de l’homme que l’Allemagne nazie et ses complices européens ont ainsi voulu anéantir. Nier ce crime contre l’humanité est non seulement une offense à la mémoire des victimes, mais aussi une insulte à l’idée même de civilisation. Aussi nous pensons que l’enseignement de cette tragédie concerne tous ceux qui ont à cœur d’empêcher de nouveaux génocides. La même exigence de vérité nous invite à rappeler les actions des ‘Justes parmi les Nations’ en Europe et dans le monde arabo-musulman. »