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Herzog à Biden : la démocratie israélienne est « résiliente »

Le président évite de mentionner publiquement la refonte mais déclare en privé que le compromis est vital et que la crise interne complique les progrès vers une paix régionale

Le président Joe Biden et le président israélien Isaac Herzog répondant aux questions des journalistes lors de leur rencontre dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, à Washington, le 18 juillet 2023. (Crédit : AP Photo/Susan Walsh)
Le président Joe Biden et le président israélien Isaac Herzog répondant aux questions des journalistes lors de leur rencontre dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, à Washington, le 18 juillet 2023. (Crédit : AP Photo/Susan Walsh)

WASHINGTON – Le président Isaac Herzog a assuré au président américain Joe Biden lors d’une rencontre à la Maison Blanche mardi que la démocratie israélienne était « forte et résistante », alors que des dizaines de milliers de manifestants contre le projet de refonte judiciaire du gouvernement avaient entamé une « journée de résistance » dans leur pays.

Assis aux côtés de Biden dans le bureau ovale, Herzog a semblé faire référence aux manifestations. « Mon cœur et mon âme sont également en Israël, dans le débat houleux que nous traversons en tant que société. C’est un débat passionné, mais c’est aussi une vertu et un hommage à la grandeur de la démocratie israélienne. »

« Permettez-moi de le répéter et d’être clair comme de l’eau de roche : la démocratie israélienne est solide, forte et résistante », a ajouté Herzog au cours de sa brève intervention devant les journalistes.

« Nous chercherons toujours à trouver un consensus à l’amiable, et je suis également d’accord avec vous sur ce point. C’est ce que je m’efforce de faire, même en ce moment, afin de trouver des solutions et de sortir de cette crise comme il se doit », a déclaré le président israélien.

Après être intervenu à plusieurs reprises au cours des derniers mois pour mettre en garde le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu contre l’adoption de la version originale de son projet de réforme et pour lui demander de n’adopter que des réformes judiciaires faisant l’objet d’un consensus, Biden n’a fait aucune mention de cette question lors de ses commentaires devant la presse.

Le président américain a tenu des propos essentiellement positifs, soulignant son engagement envers l’État juif et les relations entre les États-Unis et Israël, avant de dresser une brève liste de ses réalisations au Moyen-Orient.

Des manifestants contre la réforme judiciaire bloquant une route et tenant une banderole sur laquelle est écrit « Libre dans notre pays », lors d’une manifestation contre la refonte judiciaire près de Yokneam, le 18 juillet 2023. (Crédit : Anat Hermony/Flash90)

Cependant, en privé, Biden a dit à Herzog qu’il était vital pour les leaders de la coalition et de l’opposition de trouver un compromis sur la réforme judiciaire, selon un fonctionnaire israélien qui a donné des détails aux journalistes sous le couvert de l’anonymat, après la réunion.

Herzog et Biden « ont noté la force des relations américano-israéliennes, fondées sur des valeurs démocratiques partagées, et ont discuté de la nécessité d’une approche consensuelle du paquet de réformes judiciaires », selon le communiqué de la Maison Blanche.

Biden a également déclaré à Herzog que tout le brouhaha et les manifestations de masse autour de la question compliquaient les efforts de l’administration pour atteindre une paix régionale, a déclaré le responsable israélien. Dans le passé, les fonctionnaires de Biden ont lié la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens aux efforts des États-Unis pour étendre les Accords d’Abraham, mais il semble que ce soit la première fois que Washington lie également la réforme judiciaire aux accords.

Herzog a répondu à Biden qu’il s’efforçait de trouver un terrain d’entente entre les parties et qu’il croyait aux négociations qu’il a défendues, mais qui sont actuellement suspendues, a déclaré le responsable israélien.

Herzog a déclaré à des journalistes à l’extérieur de la Maison Blanche après la réunion que la décision de Biden de poser des questions sur le remaniement au cours de leur réunion n’avait pas été prise pour « ennuyer » Israël, mais résultait plutôt de sa « profonde inquiétude » pour la démocratie du pays. L’affirmation de Herzog est apparue comme une riposte à certains alliés de Netanyahu, qui se sont emportés ou ont rejeté les critiques des États-Unis et d’autres alliés concernant la réforme en les qualifiant d’interventions inappropriées dans les affaires internes d’Israël.

Herzog a déclaré que les préoccupations de pays tels que les États-Unis devraient être « un autre facteur » que les dirigeants israéliens prennent en compte et une autre raison pour laquelle ils devraient essayer de reprendre les négociations en vue d’un compromis.

Ces négociations ont échoué le mois dernier et le gouvernement a depuis repris le processus législatif de la réforme, se préparant à adopter le premier texte de loi du paquet largement controversé la semaine prochaine et réanimant le mouvement de protestation.

Le président israélien Isaac Herzog s’adressant aux médias à l’extérieur de l’aile ouest de la Maison Blanche après avoir rencontré le président Joe Biden, à Washington, le 18 juillet 2023. (Crédit : AP Photo/Jacquelyn Martin)

Herzog a déclaré aux journalistes que Biden et lui avaient également discuté de la menace nucléaire iranienne, de l’élargissement des Accords d’Abraham et des « opérations menées par le [groupe terroriste chiite libanais du] Hezbollah », quelques jours après une série d’incidents de sécurité à la frontière nord d’Israël.

Selon le communiqué de la Maison Blanche, les deux hommes ont discuté du « renforcement de la coordination pour empêcher l’Iran de se doter d’une arme nucléaire et du partenariat de défense croissant entre l’Iran et la Russie ».

Avant cet entretien privé d’une heure, Joe Biden a souligné son amour « profond et durable » pour Israël, réitérant l’une de ses phrases préférées à propos de l’État juif : « S’il n’y avait pas d’Israël, nous devrions en inventer un ».

« L’engagement de l’Amérique envers Israël est ferme et inébranlable, et nous sommes également déterminés à faire en sorte que l’Iran ne se dote jamais d’une arme nucléaire », a poursuivi Biden. « Il s’agit d’une amitié que je crois tout simplement indéfectible, et nous travaillons ensemble pour apporter plus d’intégration et de stabilité au Moyen-Orient. »

« Il y a beaucoup de travail, nous avons encore beaucoup à faire, mais nous progressons », a-t-il déclaré, évoquant un accord maritime conclu en 2022 entre Israël et le Liban, que son administration avait négocié ; les décisions de l’Arabie saoudite et d’Oman d’ouvrir leur espace aérien aux survols israéliens à la suite de pressions américaines ; la convocation des groupes de travail du Forum du Néguev – le plus grand rassemblement de responsables israéliens et arabes depuis plus d’une décennie pour faire avancer les projets régionaux ; et l’organisation de deux sommets israélo-palestiniens en Jordanie et en Égypte au début de l’année.

Les États-Unis ont déclaré que Netanyahu avait accepté, lors d’un appel téléphonique lundi avec Biden, d’organiser un troisième sommet avec l’Autorité palestinienne (AP) dans un avenir proche.

Le responsable israélien a déclaré qu’au cours de la réunion privée, Biden avait souligné qu’Israël avait le droit de se défendre, mais qu’il avait également exprimé son inquiétude face aux récentes attaques de residents d’implantations contre des Palestiniens, qui sont restées largement impunies.

Le président Joe Biden rencontrant le président israélien Isaac Herzog dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 18 juillet 2023. (Crédit : AP Photo/Susan Walsh)

Selon le communiqué de la Maison Blanche, Biden « a réitéré son engagement à maintenir la voie d’une solution négociée à deux États pour le conflit israélo-palestinien, la meilleure voie vers une paix durable et juste, et à fournir aux Israéliens et aux Palestiniens des mesures égales de liberté, de prospérité et de sécurité ».

Il a également « souligné la nécessité de prendre des mesures supplémentaires pour améliorer la sécurité et la situation économique en Cisjordanie et prévenir les actes de terrorisme ».

Ils ont également discuté des efforts conjoints visant à intégrer Israël dans le programme américain d’exemption de visa (VWP), qui devraient aboutir dans les mois à venir à la suite des progrès récents, a déclaré le responsable israélien.

Les responsables américains ont insisté sur le fait que pour entrer dans le VWP, Israël devait s’engager à accorder des droits de voyage réciproques à tous les voyageurs américains, y compris ceux d’origine arabe et musulmane qui disent depuis longtemps qu’ils sont victimes de discrimination à l’aéroport Ben Gurion.

À LIRE : Malgré leurs expériences, certains Palestiniens espèrent qu’Israël obtiendra le VWP

S’appuyant sur la stratégie récemment lancée par les États-Unis pour lutter contre l’antisémitisme, les deux dirigeants ont convenu de la nécessité de continuer à travailler ensemble pour s’attaquer à ce fléau persistant, a indiqué la Maison Blanche dans son compte-rendu de la réunion.

Herzog a remercié le président américain dans le bureau ovale pour avoir favorisé l’intégration d’Israël dans la région, faisant ostensiblement référence aux efforts de l’Administration Biden pour négocier un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite. Ces dernières semaines, les responsables américains ont toutefois reconnu qu’un accord était devenu quasiment impossible en raison de la récente flambée de violence en Cisjordanie et de la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens.

Toutefois, les deux dirigeants ont discuté de la possibilité d’un accord avec l’Arabie saoudite au cours de leur rencontre, a déclaré le responsable israélien, qui a noté que Biden avait souligné que la conclusion d’un accord de normalisation était une priorité essentielle pour son administration.

La question palestinienne et la réforme du système judiciaire sont devenues des points de friction majeurs dans les relations entre Israël et les États-Unis depuis la mise en place du gouvernement radical de Netanyahu le 29 décembre.

Ce n’est que lundi que Biden a accepté de rencontrer Netanyahu dans le courant de l’année, après avoir refusé de l’inviter à la Maison Blanche et s’être prononcé à plusieurs reprises contre le remaniement du gouvernement et ses membres « extrémistes » qui soutiennent l’expansion illimitée des implantations en Cisjordanie.

La police se tenant devant des manifestants contre la réforme judiciaire, à Ramat Gan, le 18 juillet 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Herzog a fait référence à ces désaccords dans ses remarques aux côtés de Biden, mais a pris soin de les minimiser. « Je crois sincèrement que s’ils savaient à quel point notre coopération s’est développée ces dernières années et a atteint de nouveaux sommets, ils ne penseraient pas de cette manière. »

Le tête-à-tête entre Herzog et Biden dans le bureau ovale a duré 40 minutes, avant que leurs principaux collaborateurs ne les rejoignent pour une demi-heure supplémentaire, a indiqué le responsable israélien.

Après avoir quitté le bureau ovale, Herzog a rencontré plus tard dans l’après-midi le secrétaire d’État Antony Blinken.

Tôt mercredi matin, il rencontrera le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, avant de prononcer un discours devant une session conjointe du Congrès en l’honneur du 75e anniversaire d’Israël. Il rencontrera ensuite la vice-présidente Kamala Harris.

Le secrétaire d’État Antony Blinken prononçant son discours au Département d’État à Washington, le 17 juillet 2023. (Crédit : AP Photo/Manuel Balce Ceneta)

Il passera les journées de jeudi, vendredi et samedi à New York où il rencontrera le chef de l’ONU, Antonio Guterres, la gouverneure de l’État de New York, Kathy Hochul, le maire de New York, Eric Adams, et des dirigeants de la communauté juive, notamment lors d’une réception organisée par l’UJA-Fédération de New York.

Jusqu’à l’appel téléphonique de Biden avec Netanyahu, lundi, au cours duquel les deux dirigeants ont convenu de se rencontrer, certains membres de l’administration craignaient que l’attention des médias sur la rebuffade de Washington à l’égard du Premier ministre israélien n’éclipse la visite de Herzog, a déclaré une source familière de la question au Times of Israel.

Mais cette question étant réglée, Herzog a maintenant l’espace nécessaire pour établir son propre programme, a ajouté la source.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré lundi : « Cela ne signifie pas que nous sommes moins préoccupés par la réforme judiciaire ou par les extrémistes au sein du gouvernement israélien. Nous restons inquiets. »

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