« Heureux » du retour des otages, Smotrich reste opposé à la phase deux de l’accord
Le ministre a crié au "chantage émotionnel" lorsque le cousin d'un ex-otage a interrompu une réunion à la Knesset ; le chef du parti démocrate a reproché à la coalition de ne pas avoir fait libérer les otages plus tôt

Avant la réunion hebdomadaire de son parti HaTzionout HaDatit à la Knesset, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré lundi que même si « aucun Juif ne se désolait de voir nos frères et sœurs rentrer chez eux », il demeurait opposé à la prochaine étape de l’accord de cessez-le-feu avec le Hamas.
« Pour nous, le plus simple à faire – et ce qui nous aurait rapporté le plus de popularité – aurait été de nous joindre au chœur de cette vague d’émotion bien naturelle, juive et au-delà, et de soutenir l’accord », a déclaré Smotrich aux journalistes. Mais il a redit que sa responsabilité, en sa qualité de membre des autorités, exigeait qu’il s’« oppose à tourner le dos à des millions d’Israéliens et de Juifs du monde entier qui risqueraient alors de payer très cher la poursuite de l’accord ».
« Je suis critiqué en raison de ma position envers cet accord, qui me vaut notamment des déclarations douloureuses et dures de la part des proches d’otages. Mais je reste ferme dans mon opposition, par sens de mes responsabilités envers ce pays », a-t-il rappelé.
« L’histoire ne sera pas tendre avec les politiciens irresponsables et à courte vue qui prêtent ainsi le flanc à la propagande du Hamas depuis des mois déjà et tentent de pousser Israël à la reddition et à perdre la guerre. »
Au lieu de continuer avec cet accord, « nous ferions mieux de prendre toute cette colère, cette rage et ce désir de vengeance cumulés pour nous en prendre aux meurtriers du Hamas. Non pas pour faire ‘la même chose’, mais pour nous reprendre et nous battre autrement », a-t-il expliqué.
Smotrich a dit qu’Israël devait mettre un terme à « l’aide humanitaire au Hamas », « occuper de manière permanente le territoire » de Gaza et encourager les Palestiniens à quitter la bande de Gaza « en coopération avec le président Trump, qui a bien compris la racine du conflit et entrevu la seule et unique solution réaliste ».
Il a demandé au Premier ministre Benjamin Netanyahu de présenter en Conseil des ministres un projet de reprise des combats contre le Hamas à l’issue de la première phase de l’accord cessez-le-feu/otages entré en vigueur en janvier dernier.
« C’est le seul moyen réaliste de forcer le Hamas à se rendre, agiter le drapeau blanc et se sauver en libérant les otages jusqu’au dernier », a poursuivi Smotrich.
Au sujet de la Cisjordanie, Smotrich a indiqué que le Conseil des ministres avait, à la demande de son parti, fait de la lutte contre le terrorisme en Judée-Samarie un des objectifs de la guerre, en expliquant que cela avait pour but d’empêcher que se reproduise un autre 7 octobre dans cette région.
« Il faut que les résidents arabes de Judée-Samarie comprennent que s’ils continuent à commettre des actes terroristes, alors ils connaitront le même sort que celui des habitants de Gaza », a-t-il ajouté.
S’agissant de la conscription des ultra-orthodoxes, Smotrich a dit qu’il ne laisserait pas le vote du budget 2025 se faire prendre en otage « par une loi devant de toute évidence être évoquée séparément ». Les partis haredi ont en effet menacé de monnayer leur soutien au budget contre l’adoption préalable d’une loi d’exemption de leur communauté de toute forme de service militaire.
« Nous avons une responsabilité vis-à-vis de l’État et de l’économie, et je suis convaincu que nos partenaires le comprennent », a déclaré M. Smotrich, en invitant le grand public à consulter un document budgétaire publié par ses services.

Par ailleurs le ministre des Finances a fait savoir qu’il ne céderait pas au « chantage émotionnel », après qu’Eyal Calderon, le cousin de l’otage récemment libéré Ofer Calderon, a perturbé une conférence de presse à la Knesset.
Une photo de son cousin et de ses proches à la main, Calderon a accusé Smotrich d’avoir tout fait pour empêcher sa libération. Smotrich s’est opposé au cessez-le-feu avec le Hamas et a exigé qu’Israël reprenne les combats contre le groupe terroriste au lieu de passer à la prochaine étape de l’accord.
« Est-ce là l’image que vous ne vouliez pas voir ? », lui a-t-il demandé. « En quoi sommes-nous différents ? Si nous sacrifions nos frères, en quoi sommes-nous différents des nazis derrière la barrière [à Gaza] ? »
Smotrich lui a poliment répondu qu’il n’était pas d’accord et qu’il « ne sacrifierait pas 10 millions de Juifs en Israël ».
La victoire absolue consiste en la « destruction du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran », a expliqué Smotrich, alors que Calderon était escorté hors de la pièce. « Nous ne céderons pas au populisme. »
Finance Minister Smotrich declares that he will not give in to "emotional manipulation" after Eyal Kalderon, the cousin of recently released hostage Ofer Calderon, disrupts a press conference in the Knesset, accusing the minister of seeking to prevent his cousin's release pic.twitter.com/9n0NOMhUWH
— Sam Sokol (@SamuelSokol) February 10, 2025
Le gouvernement « a perdu son humanité », a pour sa part déploré le chef du parti des Démocrates, Yair Golan, en ajoutant qu’« un gouvernement qui ne voit pas ses citoyens, qui ne ressent pas leur douleur, ne fait pas tout ce qu’il faut pour leur venir en aide – n’est pas seulement un gouvernement qui se trompe. C’est un gouvernement qui a du sang sur les mains. »
Les témoignages d’ex-otages sur ce qu’ils ont enduré en captivité à Gaza sont « une mise en accusation » du gouvernement, a-t-il poursuivi, en reprenant des informations disant qu’ils avaient été « pendus par les pieds, constamment enchaînés, affamés, humiliés, sans accès à la lumière du jour, interdits de se tenir debout ou de bouger ».
« Mes amis, chaque jour de plus est, pour les otages encore là-bas, l’occasion d’un crime de plus. Chaque heure de retard est une condamnation à la torture voire à la mort. Ce gouvernement savait, du Premier au dernier des ministres. Ils savaient dans quelles conditions inhumaines les otages étaient détenus. Ils savaient, voyaient, entendaient – et ils ont décidé de leur tourner le dos. »
« Jamais le peuple d’Israël n’a été confronté à un gouvernement […] tellement cruel et anti-sioniste, tout sauf juif », a-t-il poursuivi en demandant aux milieux de l’industrie, des universités et des syndicats
d’« agir » afin de « faire comprendre ensemble que si l’accord échoue, alors le gouvernement tombera ».
