Hezbollah : l’accord permettra à l’Iran de soutenir la « résistance palestinienne »
Nasrallah défend l'attaque de janvier contre Tsahal ; l'accord de Lausanne renforcera la position régionale de l'Iran
L’accord-cadre sur le programme nucléaire entre l’Iran et les puissances mondiales donnera à Téhéran un rôle plus important dans la région, a déclaré lundi le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ajoutant que la République islamique serait mieux placée pour soutenir « la résistance palestinienne ».
Le chef du groupe terroriste a également défendu sa décision de frapper Israël depuis le territoire libanais – lors de l’attaque de représailles menée en janvier -, affirmant que cette décision a été prise pour signaler un changement dans les règles d’engagement.
« L’Iran deviendra plus riche, de plus en plus riche, et deviendra également plus influente », en vertu de l’accord conclu la semaine dernière, a affirmé Nasrallah dans une interview en direct accordée à la chaîne d’Etat de la Syrie, Al-Ikhbariya TV, selon une traduction du journal de Beyrouth le Daily Star. « Cela permettra également de renforcer la position de ses alliés. »
« Un Iran plus fort et plus riche, dans la prochaine phase, sera en mesure de soutenir ses alliés et surtout la résistance palestinienne, plus qu’à tout autre moment dans l’histoire », a-t-il ajouté.
Le groupe terroriste chiite Hezbollah est considéré comme un intermédiaire iranien. L’organisation a été accusée d’avoir mené des attaques terroristes contre des cibles israéliennes à travers le monde au cours de ces dernières décennies – comme l’attentat contre le centre juif AMIA en Argentine.
Jérusalem a fermement rejeté l’accord-cadre nucléaire signé entre Téhéran et le groupe P5+ 1 jeudi dernier, avertissant qu’il ouvrira le chemin de l’Iran vers la bombe et lui donnera un ticket pour poursuivre ses activités contre Israël, une perspective apparemment confirmée par les déclarations de Nasrallah.
« Il ne fait aucun doute qu’un accord aura des répercussions dans la région », analyse-t-il.
Toutefois, il a indiqué que l’accord rendrait moins probable l’éventualité d’une guerre régionale car Israël aurait moins de soutien pour mener à bien une action militaire contre les sites nucléaires de l’Iran.
Le Hezbollah a mené une guerre sanglante contre Israël en 2006, avec de nombreuses armes apparemment fournies par l’Iran via la Syrie.
Nasrallah a déclaré à la chaîne de télévision que le groupe ne pouvait pas se permettre de se lancer dans une autre guerre contre Israël sans l’aide des autres.
« Le Hezbollah n’est pas capable de mener une guerre contre Israël et libérer le peuple palestinien seul. Nous devons être réalistes, a-t-il admis. La guerre nous a été imposée. Nous préférons les guerres de résistance et les guerres classiques, mais pas à grande échelle ».
La frappe de janvier vise à « envoyer un message »
Nasrallah a justifié sa décision d’attaquer Israël à partir du territoire libanais par frappe israélienne, en janvier, contre une cellule du Hezbollah opérant depuis les hauteurs du Golan.
Le chef du groupe chiite libanais a fait remarquer que même s’il avait les moyens de riposter contre Israël depuis le territoire syrien, il a décidé d’attaquer directement le Liban, afin d’ « envoyer un message » à Israël.
« Israël est un ennemi qui manque de compassion dans son cœur. Nous voulions qu’il soit clair qu’une nouvelle situation est née où il n’y a plus de règles d’engagement », a déclaré Nasrallah, dans un discours traduit par Ynet.
« Nous avons choisi d’attaquer Israël à partir du Liban parce que nous voulions envoyer un message qui serait internalisé par nos ennemis et nos alliés. Frapper du Liban avait une signification stratégique importante. Si nous avions réagi à partir du territoire syrien, nous aurions eu moins de résultats, stratégiquement parlant », a-t-il poursuivi.
« Les nations qui méritent de vivre sont celles qui sont prêtes à sacrifier leurs propres [peuple] », explique-t-il.
Le 18 janvier, une frappe supposément israélienne a visé une cellule du Hezbollah qui avait l’intention de mener des attaques contre Israël à partir du territoire syrien. Le bombardement a tué le haut commandant du Hezbollah, Jihad Mughniyeh, un général iranien et plusieurs autres militants.
Deux semaines plus tard, le Hezbollah avait répondu en attaquant un convoi de Tsahal près de la frontière libanaise, tuant ainsi deux jeunes soldats.
Au sujet de la guerre civile syrienne, où le Hezbollah a ouvertement soutenu et fourni un soutien militaire au régime d’Assad, Nasrallah a informé que les tentatives d’évincer le gouvernement syrien avaient échoué et que le nombre des dépouilles du Hezbollah dans les campagnes militaires syriennes a été grandement exagéré par les médias.
« Les pertes que nous avons subies pendant la guerre en Syrie étaient celles auxquelles nous nous attendions. Le nombre de victimes publié par les médias a été gonflé », a déclaré Nasrallah.
« Le Hezbollah ne prend pas de décisions indépendantes dans la guerre [syrienne]. Les décisions militaires syriennes sont les décisions prises par la Syrie – nous fournissons juste du soutien. Leurs commandants militaires nous consultent mais finalement la décision leur revient », a-t-il conclu.