Hitler a poussé à l’extrême des idées courantes au 20e siècle, selon Johann Chapoutot
Pour l'historien, "les nazis n’ont rien inventé. Ils ont puisé dans la culture dominante de l’Occident libéral"
L’historien Johann Chapoutot a déconstruit l’idéologie du nazisme en se servant de ce que les nazis disaient d’eux-même. Il a écouté leur discours, lu leur correspondance, étudier leur propagande et toute leur production intellectuelle.
Pour ce professeur d’histoire à l’Université Paris-Sorbonne, auteur de La loi du sang, la différence entre les nazis et le reste du monde européen est qu’ils ont appliqué, et par leur sens aigu de l’action, poussé à l’extrême des idées répandues dans le monde occidental.
Dans la revue Le vent se lève, il détaille les idées que renferme l’idéologie nazie : « le racisme, l’antisémitisme, l’eugénisme, le darwinisme social, le capitalisme version enfants dans les mines, le nationalisme, l’impérialisme, le militarisme ».
Et selon lui, en se penchant sur les idées en cours au début du 20e siècle, « on découvre que ces éléments sont d’une grande banalité dans l’Europe, et plus largement dans l’Occident de l’époque.
« Prenons la stérilisation des malades, par exemple ; ce n’est pas l’Allemagne nazie qui l’a inventée : on la pratiquait aux Etats-Unis, en Suisse, en Scandinavie. Mais cette stérilisation a atteint une échelle inégalée en Allemagne nazie : 400 000 personnes ont été stérilisées jusqu’en 1945, contre quelques dizaines de milliers auparavant ».
« Les nazis puisent largement dans la langue de leurs contemporains, explique Chapoutot, et c’est ce qui les rend fréquentables jusqu’au début de la guerre ».